Transports en commun à Kinshasa: entre embouteillages, “demi-terrain” et surfacturation du prix de la course, une épreuve quotidienne pour les habitants



À Kinshasa, la question des transports en commun demeure un défi majeur pour ses habitants. Avec une population en constante croissance et des infrastructures souvent surchargées et mal entretenues, les déplacements quotidiens sont un véritable calvaire pour de nombreux Kinois. Les embouteillages monstres sont monnaie courante dans les grandes artères de la ville, transformant des trajets relativement courts en des épreuves prolongées et épuisantes.

Face à ces défis, de nombreux habitants de Kinshasa doivent jongler avec des horaires de travail perturbés, des retards et des conditions de voyage difficiles. Pour beaucoup, les trajets quotidiens sont devenus une source de stress et de frustration, impactant leur qualité de vie et leur productivité.

“ Les embouteillages à Kinshasa énervent parfois et peuvent causer de la tension artérielle, surtout que tout le monde est pressé et que personne ne veut respecter le code de la route. De fois, en arrivant au travail, il m’arrive de somnoler puisque je n’ai pas eu suffisamment le temps de dormir. Parfois encore dans les embouteillages, un chauffeur de taxi peut cogner ta voiture et cela crée encore des disputes sur la route. Il faut beaucoup d’énergie pour conduire à Kinshasa. En rentrant, les roulages qui sont censés aider à la circulation routière ne se retrouvent pas dans les endroits phares. Chacun se débrouille comme il veut. Je rentre fatigué, parfois je n’arrive pas à manger. C’est donc une routine qui est dangereuse pour certains parents car cela influe sur la santé physique et mentale ”, a affirmé avec tristesse, Thierry Kabemba, fonctionnaire de l’Etat.

Perdue quant à la solution à adopter, la population kinoise observe aussi une hausse des tarifs des courses, variant en fonction des lieux et des heures, et sans tenir compte du dernier réajustement de la circulaire tarifaire datant de mars 2023.

“ Auparavant, pour arriver en ville où je travaille, 6 000 Fc suffisaient pour mes frais de transport. Actuellement, je dépense au moins 12 000 Fc pour arriver à zando où je travaille. C’est triste parce que les chauffeurs de taxi augmentent le coût de transport selon leur propre consentement, sans tenir compte de passagers. De préférence, pour ne pas marcher à pied, je dois toujours prévoir 15 000 Fc de transport suite aux tarifs qui changent en fonction des heures et embouteillages ”, a déclaré avec mécontentement, Julie Kalubi, résidente à Mbudi dans la commune de Mont-Ngafula et vendeuse à Zando.

Cette situation complexe pousse de nombreux kinois à parcourir de longs trajets à pied aux heures de pointe, le matin aux environs de 7h, à midi entre 12h et 13h, et le soir entre 17h et 19h. Les routes réputées pour les embouteillages récurrents sont entre autres l’avenue Poids lourds à Gombe et Limete, l’avenue Nguma à Ngaliema, l’avenue de la Libération (ex 24 novembre), l’avenue du Tourisme (dit Nzela ya mayi), le boulevard Lumumba à Limete, également de De Bonhomme jusqu’à Kingasani.

Jephté Matungulu, passager du bus tronçon DGC/Zando, estime qu’il est crucial, dans le contexte congolais, de recourir à une tarification officielle pour les transports en commun pour éviter les conflits passagers et conducteurs.

“ Vivre à Kinshasa devient de plus en plus difficile. Le coût de transport augmente sans tenir compte de la loi, les infrastructures routières en mauvais état, les embouteillages qui se créent suite à l’incompréhension des conducteurs et à la légèreté des roulages sont des problèmes que nous vivons chaque jour. Parfois, je marche à pied de mon université jusqu’à 24 pour économiser le transport. Et je pense que les ajustements devraient être basés sur la circulaire officielle établissant la nouvelle grille tarifaire des transports en commun, ce qui est crucial dans le contexte congolais. Sans cela, des conflits entre chauffeurs et passagers, comme ceux observés actuellement, émergeront, avec chaque chauffeur fixant ses tarifs de façon indépendante ”, a-t-il fait savoir.

Les conducteurs expliquent pour leur part que c’est à cause de l’augmentation du prix du carburant à la pompe et les embouteillages monstres à Kinshasa qu’ils augmentent à leur tour les tarifs.

“ Nous augmentons souvent le coût de transport suite aux embouteillages qu’il y a le long de la route. Par exemple, vers 13h, le tronçon Zando/DGC s’élève à 2 500 Fc à cause des embouteillages vers l’arrêt Royal jusqu’à l’école Loupiots. Aussi, ces derniers temps, il y a pénurie de carburants, c’est un moyen pour nous de prévoir plus au cas où le prix du litre du carburant augmenterait ”, a déclaré un chauffeur de taxi-bus du tronçon DGC/Zando.

Dans un arrêté daté du 22 mars 2023, l’ex gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila avait dévoilé les tarifs des transports en commun et les trajets officiels à suivre à travers toute la ville. Les prix à payer par les passagers et les itinéraires officiels pour les bus, minibus, taxi-bus, bus "esprit de vie" et taxis collectifs avaient été rendus publics avec des directives appropriées. 

Par exemple, les tarifs pour des trajets comme celui du marché de la Liberté à Kingasani II (Pascal) et Kingasani ya suka à Kingakati ont été augmentés ont été fixés à 5 000 Fc, tandis que les tarifs jusqu'à Kinkole-commune ont été relevés à 1 000 Fc. De plus, les tarifs pour des trajets comme ceux du marché central Zando à Kingasani ya suka étaient fixés à 1 500 Fc, et ainsi de suite pour d'autres destinations spécifiques.

Il avait été également proscrit au conducteur d'opérer avec les portières et/ou le coffre ouverts, et d'autoriser les passagers à se tenir aux abords du véhicule. De plus, la pratique de sectionnement d'itinéraires, aussi connu sous les noms de “demi-terrain”, “abonnés”, “solola bien” ou “direct” avait été proscrite avec comme pénalité une amende allant de 50 $ à 100 $ à tout transporteur enfreignant les dispositions de ce règlement.

Cependant, depuis la fixation de ces tarifs en mars 2023, la donne n’est plus la même dans la vie quotidienne de la ville de KInshasa. Des routes se sont détériorées, le prix du carburant a augmenté, le taux du dollar aussi, la hausse des prix des denrées alimentaires sur le marché, etc.

Sublime Koyi, stagiaire UCC

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Ali Kalonga

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