Projet Inga 3 : La société civile sud-africaine demande à son gouvernement de se retirer



Le jeudi 17 février 2022 à Kinshasa, les organisations non gouvernementales "International Rivers et WoMin African Alliance" ont présenté à la presse le rapport d'une étude qu'elles ont menée sur des "coûts socio-économiques du barrage d'Inga 3 pour l'Afrique du Sud".

Selon les conclusions de cette étude, le projet Inga 3 coûterait à l'Afrique du Sud 10 milliards de rands (667 millions de dollars) par an, alors que d'autres "alternatives facilement disponibles", notamment les énergies solaire et éolienne coûteraient largement moins que ça. 

Ces organisations demandent ainsi aux autorités sud-africaines d'abandonner l'idée d'importer l'électricité de Inga 3 et de réfléchir sur des solutions locales moins coûteuses.

"Cela devrait être un signal d'alarme clair pour les autorités sud-africaines afin qu'elles abandonnent leurs plans peu judicieux d'importer de l'électricité d'Inga", a déclaré Siziwe Mota, venue expressément de Johannesburg. Elle est directrice Afrique à International Rivers.

Et d'ajouter : "L'Afrique du Sud doit se retirer du traité avec la République démocratique du Congo et embrasser les abondantes ressources solaires et éoliennes locales, au bénéfice de tous les Sud-africains".

Toujours selon cette étude, "Inga 3 ne créerait aucun nouvel emploi en Afrique du Sud, alors que des investissements comparables dans l'énergie solaire et éolienne permettraient de créer 8.096 emplois à temps plein pour les sud-africains". Ces organisations craignent que ce projet soit une charge supplémentaire pour les contribuables alors que la société publique Eskom a presque doublé le prix de l'électricité ces dernières années.

Inga 3 aura aussi des conséquences en RDC

D'après Mignonne Mbombo, coordonnatrice du programme de l'ONG Femmes solidaires (FESO), la réalisation du projet Inga 3 nécessitera le déplacement des milliers de personnes, dont la majorité sont des femmes. 

"Le réservoir d'Inga 3 menace également de déplacer environ 40.000 personnes, dont la majorité perdrait à la fois leurs terres et leurs moyens de substance. Ce projet aura beaucoup d'impacts négatifs que d'impacts positifs", a-t-elle déclaré au cours de cette présentation.

Suite à ces impacts négatifs tant sur la population sud-africaine que sur la population congolaise, la Coalition des organisations de la société civile pour le suivi des réformes et de l'action publique (CORAP) appelle le gouvernement congolais à investir dans les projets décentralisés et à petite échelle, car ils  éviteraient beaucoup de problèmes au pays, notamment les endettements et la destruction de l'environnement.

"Il est clair qu'Inga 3 est une mauvaise idée tant pour l'Afrique du Sud que pour la RDC à cause de ses impacts. La RDC doit investir dans des énergies propres, durables telles que l'abondant potentiel solaire et hydroélectrique à petite échelle dont dispose le pays", a déclaré Emmanuel Musuyu de CORAP.

C'est depuis 2013 que les gouvernements congolais et sud-africain avaient signé un traité de coopération pour le développement de Inga 3. Ce traité fait de l'Afrique du Sud principale cliente de l'électricité qui sera produite par Inga 3. Sur 4.500 megawatts prévus, la nation arc-en-ciel s'était portée candidate à acheter 2.500 mégawatts. Pour le reste, les miniers du Grand-Katanga récupéreront 1.000 megawatts et les 1.000 autres réservés pour la population congolaise.

Bienfait Luganywa

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Ali Kalonga

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