Festival Panafricain de Musique 11 : la rumba congolaise au centre des célébrations



La onzième édition du Festival Panafricain de Musique (Fespam) aura lieu du 15 au 22 juillet à Brazzaville. Au cœur des célébrations de cette année, après environ 10 ans d’hibernation, la rumba congolaise. La RDC et la République du Congo ont en partage ce patrimoine culturel devenu patrimoine immatériel de l’humanité, classé sur la liste représentative de l’UNESCO depuis décembre 2021.

Une délégation du Fespam est passée à Kinshasa dans le cadre des préparatifs car les deux pays doivent mettre la main à la pâte pour cette “première célébration grandeur nature de la rumba depuis son inscription en tant que patrimoine mondial”. Après une rencontre avec la ministre congolaise de la culture, le commissaire du Fespam a également rencontré la presse à laquelle il a expliqué le concept de cette édition de relance.

« Depuis que la rumba a été classée, il n’y a pas encore eu de célébration grandeur nature. C’est vrai qu’il y a des événements, des professionnels qui s’organisent tant bien que mal, mais c’est pour la première fois que toute l’intelligentsia africaine est convoquée pour venir débattre de la rumba congolaise », a mentionné Gervais Hugues Ondaye, commissaire général du Fespam.

Le thème choisi pour cette édition est « Rumba congolaise : envol de la base identitaire vers les vertices du patrimoine de l’humanité ». Pour les chercheurs, il permettra de revisiter l’histoire de la rumba congolaise depuis sa création jusqu’à sa consécration sur le plan mondial et de discuter de la stratégie de valorisation et d’appropriation de cette rumba. Ladite stratégie, déjà produite, prévoit l’inscription de la rumba congolaise au programme scolaire et universitaire, les aspects patrimoniaux, les infrastructures, le tourisme avec site touristique rumba. Et aussi la célébration.

« Je veux rendre hommage à des collègues du Congo Brazza et du Congo Kinshasa, qui ont fait un travail remarquable de recherche scientifique, historique et anthropologique sur la musique congolaise moderne comme cela n’a jamais été fait. Ce travail continue et le Fespam est en ce moment un thermomètre important. C’est peut-être l’après événement de l’inscription qui donnera le ton de ce que devrait être l’après inscription et de la feuille de route que nous avons établi à ce sujet-là », a dit le professeur Yoka Lye Mudaba, président du comité scientifique qui a porté la candidature de la rumba congolaise à l’UNESCO.

Valoriser la rumba à sa juste valeur

Vue comme étant en recul par rapport à d’autres styles de musique, notamment dans les deux Congo et auprès des jeunes, la rumba congolaise peut faire l’objet de quelques innovations dans les prochaines années. Cela pour parvenir à sa valorisation comme il se doit. Plusieurs solutions sont envisagées par les chercheurs du comité scientifique des deux Congo.

Entre autres, il y a la création des prix rumba : de la meilleure chanson et du meilleur orchestre. De sorte qu’il ramène l’énergie des jeunes de la musique urbaine à la rumba. Le commissaire du Fespam donne un exemple d’une mise de 100 000 $ par année pour la meilleure chanson et orchestre rumba, pour captiver les jeunes. Le Fespam sera donc cette occasion de replacer la rumba auprès des populations et de la décision politique des deux pays.

« La rumba ne nous appartient plus à nous seuls. Nous nous sommes bien préparés pour comprendre qu’elle est menacée. Je crains que d’ici quelques années, elle devienne patrimoine menacé. Nous subissons toutes les charges des musiques venues d’ailleurs et qui s’approprient de la conscience de la jeunesse des deux Congo. Les musiques urbaines prennent même le dessus sur la rumba. Je n’invite pas à la résistance mais une j’invente les politiques à une certaine créativité, à la distribution de rôle. C’est maintenant ou jamais », a insisté Gervais Hugues Ondaye.

Le lancement national de cette onzième édition du Fespam a été déjà fait à Sibiti, un autre lancement international a été fait à Paris, au siège de l’UNESCO. La cérémonie d’ouverture se fera au stade Massamba Débat devant des chefs d’Etat, le 15 juillet. A partir du 16, c’est le spectacle populaire déployé dans toute la ville de Brazzaville, partant de Kintele. Sept sites sont aménagés.

Ensuite, il y aura l’ouverture du symposium, et une croisière sur le fleuve Congo pour l’articulation rumba-fleuve, c’est une programmation particulière parce qu’elle concerne les chefs d’Etats. Il y aura un musaf, l’expression qui désigne l’offre et la demande musicale. C’est un marché de la musique panafricaine qui met en face les professionnels de l’écosystème musical et les créateurs.

« L’économie mondiale est en train de se culturaliser. Et l’un des maillots forts de cette économie, c’est l’industrie musicale. Les statistiques sont claires que l’industrie musicale crée plus d’emplois que certains secteurs classiques. Même l’automobile vient après. C’est une chance pour nous, au lendemain de l’inscription de la rumba, que nous soyons capable de la codifier mais aussi d’agir directement sur son rayonnement à travers différents espaces de diffusion au niveau de la sous-région et même du monde entier », a ajouté le commissaire du Fespam.

L’organisation du Festival tient à préciser que le Fespam n’est pas un festival de stars. Sa mission est de donner vie même aux musiques dormantes parce qu’aucune musique ne doit disparaître. Il y aura des artistes invités et des délégations pays. Seront invités à ce festival les créateurs, les distributeurs, les créateurs d’applications, les porteurs des startups et même ceux qui travaillent dans l’artisanat dans le domaine de la musique, notamment la fabrication des guitares et autres. Des stands sont prévus pour cela.

Le travail a été fait de sorte que le musaf, ceux qui viendront de l’autre côté de l’Atlantique, viennent échanger avec les congolais, notamment sur les problématiques de l’heure. Il s’agit de la diffusion en ligne des produits musicaux, la sécurisation, les droits d’auteurs et bien d’autres. Il y aura aussi une exposition d’instruments de musique traditionnelle.

Emmanuel Kuzamba

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Ali Kalonga

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