Kinshasa : devenu archaïque, le train urbain transporte des Kinois dans des conditions déplorables



C'est sans doute une réalité ignorée par la majeure partie de la population kinoise. Le train urbain existe bel et bien et ce, depuis 1898, année à laquelle le chemin de fer Kinshasa-Matadi, construit pendant 8 ans (1890 à 1898) a été mis en service. Mais ce secteur de transport, très avancé sous d'autres cieux, marque le pas en République Démocratique du Congo.

Il est 16 heures 25 minutes. La gare centrale, dernier arrêt du train urbain, situé à Gombe, dans la ville de Kinshasa, grouille de monde. Devant le portail où se bousculent les passagers, pour la plupart habitants des communes de Barumbu, Limete, Matete, Kisenso, Mont-Ngafula et du district de la Tshangu, une dizaine de receveurs barre la route menant vers l'enclos de la gare centrale, conditionnant son accès par l'achat d'un ticket.

Cet engin, qui se pointe à 8 heures en provenance de Kimwenza, dans la commune de Mont-Ngafula, compte aujourd'hui dix voitures, dont trois dites VIP, récemment jointes, ne sont accessibles que moyennant un ticket de 2000 francs congolais. À l'intérieur, personne n'est debout. Tout le monde est assis sur un siège peu ou prou confortable. Mais dans les sept autres, où le ticket revient à 1000 FC, la situation est chaotique. Les passagers y embarquent dans des conditions inhumaines. 

Plusieurs sièges délabrés, cassés à cause du surpoids du nombre de personnes qui s'y installent. Et comme les places assises ne correspondent pas à la marré humaine qui emprunte ce moyen de transport, en raison des embouteillages sur les artères de Kinshasa, une meute de passagers sont debout, tenant par leurs mains une barre suspendue au-dessus d'eux.

Ils vont dans une promiscuité insupportable. Collés les uns sur les autres, il n'y a pas moyen de bouger d'un talon. Les contrôleurs, qui veillent sur les fraudeurs, font des navettes, se faufilant entre les passagers qui sont dos-à-dos, sueur dégoulinant leurs visages. L'air, lui, semble pénétrer sur les arrêts, lorsqu'il y a débarcation.

Mais ce train urbain, qui faisait jadis Matadi-Kinshasa, n'y arrive plus. Il y a près de 3 ans après sa remise en fonction, cet engin ne s'arrêtait qu'à la gare de Kasangulu, territoire voisin de Kinshasa, situé dans la province du Kongo central, à cause de la dégradation du reste du chemin de fer. Cette même situation s'étant survenue près du site touristique Tshilombo (Mont-Ngafula), contraint désormais le train à ne s'arrêter qu'à la capitale, à la gare de Kimwenza, rendant impossible l'entrée des habitants du Kongo central à Kinshasa. 

D'autres lignes ferroviaires, dites de Masina et de Kintambo, tracées par les colons à Kinshasa, ne sont plus entretenues par l'autorité de l'État, et disparaissent progressivement par le fait qu'on construit dessus, ces rails volés et utilisés pour d'autres fins. C'est ainsi que plusieurs habitants des communes de Masina, Kimbanseke, Maluku et d'autres contrées de la Tshangu, qui travaillent dans le centre ville de Kinshasa, affluent ce train pour atténuer le coût de transport, au regard de la distance qu'ils parcourent.

À maintes reprises, lors des réunions de conseil des ministres, le président de la République instruisait sans cesse le gouvernement à réhabiliter la ligne ferroviaire Matadi-Kinshasa, qu'il considère comme impérative pour stimuler le développement économique. Sur terrain, rien n'est fait, la situation se détériore de plus en plus.

Samyr LUKOMBO

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Ali Kalonga

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