Experts de l’ONU tués au Kasaï : le journaliste Sosthène Kambidi a comparu comme renseignan



Reprise ce jeudi 30 septembre 2021 à la cour militaire du Kasaï Occidental à Kananga, des audiences sur le meurtre de deux experts des Nations Unies en 2017 au Kasaï Central. Le journaliste Sosthène Kambidi, correspondant de l’AFP et d’ACTUALITE.CD, arrêté depuis plus d'une semaine à Kinshasa, a comparu à l'audience de ce jour en tant que renseignant.

C’est peu après 11h00 que la jeep qui transportait Sosthène Kambidi conduit par l'auditeur militaire de garnison arrive à la cour militaire. Chaussé des baskets, pantalon jeans bleu et t-shirt de couleur blanche, bonne mine, imperturbable et serein, que Sosthene Kambidi prend place sur une chaise en plastique en attendant le début de l'audience.

C'est autour de midi et demi que l'audience reprend. Le ministère public sollicite l'audition de plusieurs personnes dont Sosthène Kambidi, Ben Israël Ntumba. Le ministère public, à travers une correspondance adressée à la cour militaire sollicitant la comparution de ces témoins, veut avoir des éclaircissements sur la détention de la première vidéo du meurtre des experts de l'ONU. S'agissant de Sosthène Kambidi, l'organe de la loi souhaite avoir des éclaircissements sur deux faits. Il s'agit de comprendre comment le journaliste détient toutes les informations sur le meurtre seulement après quelques heures et comment il est entré en possession de la vidéo.

« C'est pendant que nous étions en pleine instruction sur le meurtre de 4 congolais qui accompagnaient les experts, que nous sommes tombés sur des informations qui intéressent la cause ici présente. Nous tombons sur des gens qui sont cités comme des premières personnes ayant obtenu la première vidéo de meurtre et comment certains d'entre eux détenaient des informations justes un jour après le meurtre », se questionne l'auditeur supérieur, le général Jean Blaise Bwamunda.

Déposition de Sosthène

Prenant la parole pour sa déposition, Sosthène Kambidi a d'abord décliné son identité, puis s'en est suivi l'étape de l’audition des appels téléphoniques entre le journaliste et l'ancien gouverneur du Kasaï Central, Alex Kande enregistré le 13 mars 2017 à 10h.

« Je revenais d'une mission à Tshimbulu avec Sonia Rolley (journaliste de RFI) le 12 mars. Je suis allé chez moi pour me reposer, j'avais éteint le téléphone. Et autour de 23h, j'ai trouvé beaucoup d'appels manqués de Sonia, une seconde après, elle a rappelé et m'a informé qu'elle ne savait pas localiser ses deux amis (experts des Nations Unies). Elle m'a demandé d'appeler aussi, c'était sans succès. Et le matin, elle m'a appelé en toute urgence, quand je suis arrivé à son hôtel, elle m'a informé que les deux experts seraient entre les mains des miliciens. Nous nous sommes dépêchés à la Monusco pour vérifier, c'est à partir de là qu'un agent de UNPOL le dira par geste, nous dit qu'ils ont été décapités. Voilà qui m'avait poussé d'appeler le gouverneur de l'époque pour l'informer et avoir la version officielle avant de diffuser l'information », relate le journaliste Kambidi aisément.

Et d'ajouter :

« Au sujet de la vidéo, c'était un dimanche après le culte au mois d'avril à la deuxième quinzaine, un frère de l'église Maître Prosper Kamalu m'a révélé avoir eu la vidéo sur le meurtre de deux experts. Il m'a proposé de prendre cette vidéo et la diffuser, je lui ai dit qu'il fallait remettre la vidéo aux autorités. J'ai appelé le vice-gouverneur de l'époque Justin Milonga et le rendez-vous était pris pour le soir. Arrivant sur place, je trouve un confrère Israël Ntumba. Sur place, Maître Prosper Kamalu a expliqué qu'il détenait la vidéo du journaliste Israël Ntumba ».

Version rejetée par le ministère public

Le ministère public a vite rejeté cette version expliquant qu’il y a une contradiction entre la version des faits de Kambidi et de Ntumba, tous journalistes. La cour autorise par ailleurs la comparution du journaliste Ben Israël Ntumba. Dans sa déposition, ce deuxième journaliste ne reconnaît que la première personne qu'il avait vue et qui détenait la vidéo. C'était Roger Bushabu.

« C'était au cours d'une veillée de prière que j'ai trouvé Roger Bushabu en train de visualiser la vidéo avec Sosthène Kambidi et Prosper Kamalu », a-t-il indiqué.

Ainsi donc, le journaliste Kambidi sollicite et obtient la comparution de l'avocat Prosper Kamalu. Ce dernier comparaîtra le mardi 5 octobre. M. Kambidi reste en détention au cachot de l’auditorat militaire.

Joseph Mbuyi, à Kananga

 

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