Le procès Chebeya repoussée après le sommet de la Francophonie

Une audience cruciale du procès en appel des policiers accusés de l’assassinat, en 2010 à Kinshasa, du militant des droits de l’Homme Floribert Chebeya a été reportée après le sommet de la Francophonie auquel doit participer le mois prochain le président français François Hollande, a-t-on appris mardi 11 septembre auprès des parties civiles. L’audience prévue mardi « est reportée au 23 octobre 2012. Ce sont des manoeuvres dilatoires qui visent le déni de justice et la consécration de l’impunité en République démocratique du Congo », a déclaré à l’AFP Dolly Ibefo, directeur exécutif de la Voix des sans Voix, l’ONG qu’avait fondée Floribert Chebeya.

La Haute cour militaire devait notamment dire si elle autorisait la comparution du général John Numbi, le chef de la police suspendu de ses fonctions depuis l’affaire, et que les parties civiles considèrent comme le « suspect numéro 1″. Le report « cherche à protéger le général John Numbi pour qu’il ne soit pas inculpé », a commenté Dolly Ibefo, accusant les juges d’avoir repoussé à dessein l’audience à après le sommet de la Francophonie des 12-14 octobre.

Le président Hollande a annoncé fin août qu’il se rendrait au sommet de Kinshasa. Mais pour ne pas servir de caution au régime de Joseph Kabila, il a promis de rencontrer « l’opposition politique, les militants associatifs, la société civile. C’est le sens de la nouvelle politique africaine de la France: tout dire partout et faire en sorte que ce qui est dit soit fait », a-t-il assuré.

Le 9 juillet, il avait lui-même affirmé: « Les autorités de la RDC doivent démontrer leur réelle volonté de promouvoir la démocratie et l’Etat de droit ». (Ndlr : notamment traduire en justice les vrais coupables de l’assassinat de Chebeya et de Bazana). « Nous avons présenté de nouveaux éléments qui peuvent amener à la vérité mais le ministère public dit qu’on ne peut plus en ajouter d’autres. Il devrait diligenter des enquêtes supplémentaires mais il les empêche », a renchérit Dolly Ibefo.

justice

Floribert Chebeya, 47 ans, avait été retrouvé mort le 1er juin 2010 dans sa voiture en périphérie de Kinshasa, les poignets portant des traces de menottes, après s’être rendu la veille à un rendez-vous à l’inspection générale de la police, accompagné par son chauffeur.

En première instance, la justice a condamné à mort le principal suspect, le colonel Daniel Mukalay, numéro 2 des services spéciaux de la police, ainsi que trois policiers jugés par contumace car en fuite. Un autre a été condamné à la prison à perpétuité et trois ont été acquittés. Tous sont rejugés depuis le 19 juin. Mais les vrais coupables dont John Numbi et le commanditaire du crime, Joseph Kabila, sont toujours en liberté, selon les parties civiles.

CCN/APA



Se référant à l’étude de mes compatriotes José Gaby Tshikuka et Berthe Tshikuka, je partage leur conclusion qu’il n’existe pas des tutsi congolais contrairement à l’affirmation de la campagne médiatique.

Les réfugiés Rwandais arrivés au Congo dans les années 1959 et qui habitaient à Mulenge, une collectivité-chefferie de Bafulero du territoire d’Uvira au Sud-Kivu étaient appelés « Banyamulenge », littéralement « habitants de Mulenge », mais il ne s’agissait pas d’une ethnie congolaise. Aucun document, alors aucun, n’a pu révéler au cours des recherches bibliographiques que les Banyamulenge formaient un groupe ethnique du Congo.

Le recensement opéré peu après le Congrès de Berlin ne stipule pas la présence des Tutsi au Congo. La propagande du vocable, tutsi congolais, s’est intensifiée en 1994 au moment du génocide rwandais.

Les maîtres du Rwanda, c’est-à-dire la minorité tutsi (14 % de la population), ont un agenda caché qui consiste à opérer un déplacement de leur population vers le Kivu où le problème d’espace n’existe pas.

Il faut rappeler que le Rwanda avec une population évaluée à plus de onze millions d’habitants, a la taille de Mbanza-Ngungu. Avec une forte densité de population, 443,8 h/km², le Rwanda convoite le Kivu avec en prime la richesse du sol (pâturage) et du sous-sol (minerai et pétrole) de cette province.

tutsi

Mais pour accomplir ce dessein, il faut trouver un mécanisme approprié, acceptable et capable d’être justifié devant la communauté internationale et locale dans la région du Kivu et le Congo tout entier.

De  là, est né le concept "Banyamulenge ou Tutsis du Congo", pour promouvoir l’acquisition frauduleuse de la nationalité congolaise par les Tutsi ainsi que leur transfert systématique et massive vers la province du Kivu et dans le reste du Congo.

Ils profitent de la complicité médiatique internationale sur les ethnies d’Afrique pour faire le lobby de ce nouveau concept.

C’est ainsi que tout d’un coup, tous les Tutsis qui ont séjourné au Congo, même pendant 24 heures sont devenus Banyamulenge. C’est par ce même truchement que Bizimana Kahasha alias Bizima est devenu Congolais, alors qu’il est né au Rwanda, des parents Rwandais, et n’avait séjourné au Congo que pendant quelques 3 ans comme étudiant à la faculté de médecine de Lubumbashi avant de devenir Nyamulenge et ministre congolais.

L’objectif inavoué serait de créer un Tutsiland dans la région du Kivu, ensuite procéder à la conquête de toute la nation congolaise, comme première option. La seconde serait de procéder à la sécession et la proclamation d’un Etat Indépendant Tutsi dans la province du Kivu au cas où la conquête du reste du Congo devient impossible.

Actuellement, le Rwanda essaie par ses milices interposées (CNDP, M23) d’imposer la domination et la suprématie des Banyamulenge sur toutes les autres ethnies de la région des grands lacs. Ces étrangers (Banyamulenge) occupent des postes stratégique, politique et militaire, (notamment la présidence de la République, à l'époque de Joseph Kabila), et ont pris les Congolais en otage pour imposer l’hégémonie tutsi.

Le Congo fait donc face à une obsession expansionniste et hégémonique des Tutsi. L’heure est arrivée de comprendre qu’il n’y a pas de Tutsi congolais et de livrer la bataille de la récupération de notre pays car sans combat, il n’y a pas de victoire.

Ali Kalonga



Le chanteur de rumba congolaise Fally Ipupa est devenu mardi ambassadeur national du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) en République démocratique du Congo (RDC), a rapporté la radio onusienne Okapi. L’acte d’agrément d’une durée de deux ans renouvelables, signé par la star congolaise et le représentant de l’Unicef en RDC, est entré en vigueur mardi à l’occasion du début de la semaine mondiale de l’allaitement maternel.

Initiateur et promoteur d’une fondation qui porte son nom et dont l’objectif est de venir en aide aux démunis, Fally Ipupa a exprimé sa joie de travailler pour l’intérêt des enfants. « Ça fait plaisir, ça m’engage encore un peu plus. Avant, je le faisais sans être ambassadeur, mais je le faisais quand même avec beaucoup de bonne volonté », a-t-il déclaré selon Radio Okapi, parrainée par l’Onu.

« On a tous été enfant. Et en tant que parent, je pense qu’on est obligé de protéger les enfants, de leur venir en aide, de s’en occuper et de ramener un geste, un sourire », a affirmé Fally Ipupa.

Le musicien se dit déterminé à travailler sous la direction de l’Unicef en RDC. « Je pense qu’aujourd’hui, être artiste c’est bien, mais aider c’est encore plus cool. Donc, on aura toujours le temps. On essaie de faire les choses bien, bénévolement, pour aider. C’est important », a-t-il ajouté.

Ce chanteur de rumba congolaise est parfois accusé par des opposants de la diaspora d’être proche du pouvoir congolais et ses concerts à l’étranger sont parfois émaillés d’incidents.

source: lalibre



Durant quatre siècles d’échanges avec l’Europe, l’art africain a été instrumentalisé, catégorisé de façon simpliste, voire oublié : l’artiste congolais Sammy Baloji présente aux Beaux-Arts de Paris une œuvre qui « réactive la mémoire » et « se réapproprie » cette histoire. « C’est l’espace vide de l’Histoire qui m’intéresse. Je veux faire parler ces espaces oubliés », explique à l’AFP l’artiste de 41 ans, originaire de Lubumbashi (sud de la République démocratique du Congo), qui dit travailler sur « les généalogies ».

Sammy Baloji a gravé sur sept plaques de bronze (« Negative of luxury cloth ») les motifs des tissus et coussins que le roi du Kongo – un royaume de l’Afrique du Sud-Ouest – envoyait au XVIe siècle vers le Portugal et le Vatican comme cadeaux diplomatiques.

Sur ses tableaux aux couleurs vives et à l’énergie cinétique (« Wunderkammer, work in progress »), Sammy Baloji a repris les fils verticaux des métiers à tisser traditionnels.

« Le tissage est une des techniques que nous partageons tous, et même l’ordinateur fonctionne sur son système binaire », dit l’artiste.

Suspendues au-dessus de ses œuvres, quatre « tentures des Indes », des tapisseries du XVIIIe siècle de la Manufacture des Gobelins, représentent des personnes noires dans des univers fantasmés.

La recherche sur l’histoire oubliée, Sammy Baloji l’a faite dans des archives et auprès des musées. Au XVIe siècle, le Kongo était un riche royaume sur l’Atlantique, dont le territoire se partage aujourd’hui entre Congo-Brazzaville, République démocratique du Congo et Angola.

Les échanges entre son roi converti au christianisme, le Vatican et le Portugal, les allées et venues des marchands et des jésuites : ce relatif équilibre sombre avec le commerce triangulaire et la déportation vers l’Amérique des populations. Et les savoirs se perdent.

Pourquoi Sammy Baloji travaille-t-il le bronze ? C’est que l’extraction du cuivre – composant du bronze – l’a accompagné depuis sa naissance en 1978 à Lubumbashi, non loin de l’usine de la Gécamines, société qui administrait les mines depuis l’époque coloniale.

« Le cuivre, ça avait commencé avec la production de croix à destination de l’Europe », raconte-t-il.

Les Beaux-Arts ont ouvert leur plus belle salle à cet artiste qui s’impose sur la scène contemporaine pour sa création puissante soutenue par une réflexion sur la colonisation.

Cet ancien pensionnaire de la Villa Médicis à Rome, qui a participé à la Biennale de Venise et à la Documenta à Cassel, n’aime pas être catégorisé « artiste africain ». Il a exposé à Paris (récemment au Grand Palais), New York, Washington, Londres, Sydney et en RDC, creuset d’une création foisonnante.

Sammy Baloji a enquêté sur l’itinéraire des objets venus en Europe. Beaucoup, amenés par les jésuites, ont été exposés dans les cabinets de curiosité à la Renaissance, avant de perdre leur identité propre dans des musées d’histoire naturelle et des expositions universelles, explique-t-il.

A l’exposition de 1897 organisée à Bruxelles par le roi Léopold II, en pleine colonisation belge, « l’Art nouveau » va ainsi intégrer beaucoup de motifs Kongo.

« À un certain moment, l’homme noir va devenir un objet ethnographique. L’ethnographie, c’est la science coloniale. L’histoire de l’art se crée alors autour d’une vision eurocentrique », souligne-t-il.

C’est seulement dans les années 1920 que naîtra le concept d' »art nègre ».

Interrogé sur les restitutions, l’artiste, même s’il est favorable à l’idée, répugne à entrer dans un débat complexe. « En Afrique », note-t-il, « les musées fonctionnent d’après des scénographies héritées de l’Europe ».

L’exposition, dans le cadre de la « Saison Africa2020 », est aussi présentée avec le Festival d’Automne, qui devait avoir lieu de décembre à janvier et que le Covid a repoussé à juin-juillet.



Nicolas Bedos n’y va pas de main morte: le réalisateur reprend la franchise parodique à succès « OSS 117 » avec un nouvel opus, « Alerte rouge en Afrique noire », qui s’attaque par la caricature au racisme comme au politiquement correct.

Dans ce nouveau volet des aventures de l’agent secret français, en salles mercredi, le génie comique de Jean Dujardin, qui l’incarne, est intact. L’acteur oscarisé enfile pour la troisième fois le costume rétro de l’espion le moins doué du renseignement tricolore.

Au programme: cascades bouffonnes, parodies de scènes de James Bond et saillies racistes brut de décoffrage à prendre au troisième degré.

« J’aime être un agent secret, tourner en extérieur, faire mes petites cascades de cinéma. OSS, c’est ça: le fond et la forme », a confié à l’AFP Jean Dujardin, avant la présentation du film en clôture du 74e Festival de Cannes.

Dans « Alerte rouge en Afrique noire », 117 se voit confier une nouvelle mission, aider un dirigeant africain (le pays n’est pas précisé, peu importe aux yeux d’OSS et de ses supérieurs…) à mater une rébellion avant des élections présidentielles, bien entendu jouées d’avance.

Mais Hubert Bonisseur de la Bath, tiré à quatre épingles et qui en est toujours à saluer le petit personnel féminin d’une tape sur la fesse, prend un gros coup de vieux: on lui adjoint les services d’un jeune ambitieux, OSS 1001 (Pierre Niney).

Fatou N’Diaye est Zéphyrine la « méchante », femme du président et cheffe des rebelles, dans le lit de laquelle finira, évidemment, OSS 117.

– Sans filtre –

Douze ans après la sortie de « Rio ne répond plus », l’humour « OSS 117 » sonnera-t-il de la même façon, dans une société où les questions de racisme, d’héritage colonial et de remise en cause du patriarcat sont devenues centrales? Les deux précédents volets, signés Michel Hazanavicius, jouaient eux aussi avec l’exotisme et les clichés. « Alerte rouge en Afrique noire » attaque frontalement ces sujets qui fâchent.

C’est Nicolas Bedos, 42 ans, qui a pris les commandes pour cette adaptation au rythme enlevé. Humoriste, acteur et écrivain, avec « OSS 117 » il signe son troisième film après « La Belle époque » et « Monsieur & Madame Adelman ».

Engagé à gauche, le fils de Guy Bedos n’a pas peur des positions clivantes et a travaillé avec le même scénariste que pour les précédents opus. Le film se déroule dans la France de 1981, à la fin du mandat de Valéry Giscard d’Estaing, et manie un humour sans filtre avec Jean Dujardin en mâle blanc vieillissant, balourd et dépassé, qui s’embourbe dans le politiquement correct.

« Ce n’est pas le politiquement incorrect, qui sous-entend l’envie de bousculer, de choquer, de faire mal, auquel je tiens. C’est à la liberté de l’humour », a expliqué à l’AFP Nicolas Bedos: « On fait des films (…) pour les spectateurs, pas pour Twitter! ».

– Tintin au Congo –

#MeToo, « cancel culture », cet opus multiplie les clins d’oeil aux débats du moment, avec un héros qui révise ses fondamentaux dans l’avion, en relisant « Tintin au Congo ».

Prévenu par son supérieur avant de débarquer sur le continent du fait que « nos amis voient du racisme partout », l’espion en fait des tonnes dès son arrivée à l’hôtel, refusant ainsi qu’un groom noir lui porte ses valises en lançant: « Mais qu’est-ce que c’est que ces préjugés? ».

Le virilisme aussi en prend pour son grade, toujours en mode caricature appuyée, avec un OSS 117 macho et homophobe, réduit à l’impuissance sexuelle et dépassé par 1001, le personnage de Pierre Niney, métrosexuel en diable.

Evidemment, ce grand voyage sera l’occasion de leçons de vie pour le personnage de Dujardin, convaincu au départ que « les Africains sont joyeux, sympathiques, et dansent bien ».

« OSS 117″ trouvera-t-il son public? Les précédents volets du cousin français d' »Austin Powers », adapté d’une série littéraire signée Jean Bruce inaugurée dès 1949, ont placé la barre haute: les deux premiers épisodes ont réuni chacun à leur sortie plus de deux millions de spectateurs.



Impossible de terminer (ou commencer) l’année sans vous proposer une (dernière) petite danse. On l’appelle La Danse du Vilain mais on parie qu’elle vous plaira. Elle est au coeur du dernier roman d’un enfant du Congo : Fiston Mwanza Mujila, rendu célèbre par son Tram 83, paru en 2014.

Vous accepterez bien une dernière / première danse ? Nietzsche pensait qu’une journée sans danse était une journée perdue et Platon en soulignait la dimension éducative. Qui oserait contredire ces deux-là ? D’autant que la danse évoquée ici marie le jazz et la rumba, les beautés du Congo et de l’Angola dans le sillage de la fameuse Tshiamuena, « Madone des mines de Cafunfu » .

Entre trafic de pierres précieuses et boîtes de nuit frénétiques, entre Angola en pleine guerre civile et Zaïre au bord de l’explosion, Fiston Mwanza Mujila reprend son exploration de la débrouille déjà à l’oeuvre dans Tram 83. Toute la vitalité et le charme de son premier roman sont convoqués de plus belle pour cette nouvelle chorégraphie imaginée dans une ambiance de fin de règne (celle du président Mobutu), entre dictature et guerre civile, entre corruption et rébellion.

Son roman est bâti autour de la figure de Tshiamuena, dite la Madone des mineurs, une « sorcière » aux vies et aux pouvoirs multiples qui lui a été « inspirée » par sa grand-mère. Une « forte femme » qui tenait un bar dans un quartier populaire de Lubumbashi, dans la commune de Katuba. Enfant, il y a passé de longues heures, chaque été, à ranger les chaises et les caisses de bière en écoutant un flot ininterrompu de musique congolaise. Pas étonnant que le bar de son enfance se retrouve au coeur de ses deux romans à la gouaille incomparable. Pour compléter le tableau de son nouveau récit, l’auteur convoque une autre des idoles de sa jeunesse, le célèbre Papa Wemba, roi de la rumba congolaise…

A défaut d’être devenu musicien, Fiston Mwanza Mujila joue avec les mots comme avec les sons

Installé depuis une dizaine d’années à Graz, cité universitaire au sud-est de l’Autriche, Fiston Mwanza Mujila, 39 ans, est originaire de Lubumbashi, capitale minière de la République Démocratique du Congo (RDC), raison pour laquelle il comprend si bien le destin et les nombreux démêlés de l’Angola voisin.

« J’ai toujours voulu être saxophoniste mais cela n’a pas été possible parce que dans ma région, il n’y avait pas un seul café-jazz, pas d’école de musique, pas un seul saxophone… Alors je me suis retrouvé avec mes mots. Quand j’écris, je travaille avec les mots comme des notes, comme si c’était une partition » confiait-il à La Libre dès 2011.

« Ces pages ont été écrites souvent la nuit, bercées par le jazz sud-africain et la rumba zaïroise » écrit-il dans son nouveau roman. La rumba qui « participe de l’identité congolaise et unit le pays ».

Laissant de côté son rêve de devenir saxophoniste, Fiston Mwanza Mujila a opté pour la poésie mais la musique est restée au coeur de sa vie.
« Je suis un poète qui écrit des romans », dit-il. On ne s’étonnera pas qu’il joue à ce point avec les mots, les faisant rouler sur sa langue pour mieux les déverser ensuite à travers ses récits foisonnants.

Chantre des répétitions et des énumérations qui sonnent, il déclame d’ailleurs souvent sa prose en compagnie de musiciens. Aujourd’hui, ce jazz déjà très présent dans Tram 83, Fiston Mujila le convoque sur scène. En Autriche, il s’est produit avec un batteur et un saxophoniste. En Allemagne, il était récemment entouré de musiciens de jazz, refermant ainsi la boucle du son.

Tram 83 et La Danse du Vilain partagent son goût du récit burlesque et l’attention accordée au « petit monde » qui se croise dans les bistrots, réuni par l’amour de la musique, le sens de la débrouille et le goût de la fête.

Cette fois, Fiston Mwanza Mujila concentre toute son attention sur les gamins de rue, petit peuple qui règne sur la nuit, chauffé par la colle, chassé par la misère et la guerre. Un monde organisé, hiérarchisé, avec ses rituels et ses spécialités (vols, chantage, mendicité) d’où émergent des personnalités étonnantes: Molakisi, Sanza, Ngungi… Une humanité qu’il décrit avec tendresse et soin dans son nouveau roman luxuriant, publié aux Editions Métailié.

Karin Tshidimba



Le Congolais Blaise Ndala, 48 ans, qui vit au Cananda depuis 2007, publie son troisième roman en pleine effervescence sur le colonialisme belge.

C’est un livre qui tombe pile au bon moment. Alors que les nombreux meurtres aux Etats-Unis de citoyens noirs par des policiers blancs y ont suscité le mouvement « Black Lives Matter », en 2020, des activistes en Belgique ont surfé sur cette déferlante pour relancer leurs protestations contre Léopold II et la colonisation du Congo. C’est au milieu de cette effervescence que paraît le roman de Blaise Ndala, dont la pierre angulaire est le spectacle prévu par l’Exposition universelle de 1958, à Bruxelles, d’un « village congolais » animé par des personnes vivantes.

Ce spectacle, jugé aujourd’hui « dégradant » pour les Congolais de ce faux village, avait suscité des protestations à l’époque. Blaise Ndala le corse en supposant qu’une des jeunes femmes présentes s’y trouve après avoir été enlevée à Léopoldville par un Belge peu scrupuleux, à la suite d’amours interdites. Car l’héroïne est princesse kuba et, comme telle, ne pouvait priver son père du privilège d’établir une alliance avec l’ethnie des Lundas en la mariant à l’héritier de leur empereur.

Le pouvoir des chefs traditionnels

Cette intrigue permet à Blaise Ndala de revenir sur une des frustrations des indépendances africaines, au Congo comme dans d’autres pays: la souveraineté fut alors confiée à de nouveaux venus, bons élèves du colonisateur – appelés au Congo belge « les évolués » – au lieu d’être rendue à ceux qui en avaient été privés par la colonisation, les chefs traditionnels, ceux qui savaient comment on exerce le pouvoir. Les voici dépouillés à nouveau, cette fois au profit de « copies des blancs ».

Comme souvent, lorsque cette thèse est exposée, est passée sous silence la multiplicité de chefs dépouillés; entretemps, leurs royaumes et empires ont été agglomérés et aucun des anciens potentats ne saurait les gouverner tous, ni l’ensemble qu’ils sont devenus. Mais ce thème est l’occasion, pour Blaise Ndala, de rappeler, du ton ample de l’épopée, une notion qui semble aujourd’hui disparue au Congo alors qu’elle fit agir, se surpasser et se sacrifier ceux pour qui elle comptait: « L’honneur. Ce qui fait se tenir debout ».

Si le roi des Kubas avait reconnu la souveraineté du roi des Belges, il voulait « faire du royaume hérité de ses aïeux un îlot de fierté au cœur de la province du Kasaï. Continuer de se soumettre aux lois de l’administration coloniale sans renoncer à la dignité ». Il disait: « Le coq a deux genoux, certes, mais personne ne l’a jamais vu les plier à la manière du chien pour quémander une graine de maïs ».

Le rôle de Wendo Kolosoy

Le roman est plutôt bien écrit, malgré quelques anachronismes verbaux et un récit parfois filandreux. Il fait intervenir dans l’intrigue la principale vedette de la rumba congolaise des années 50, l’inoubliable chanteur Wendo Kolosoy, ce qui devrait contribuer au succès du livre.

Dans son désir de plaire au lecteur d’aujourd’hui, cependant, l’auteur va trop loin. Il place ainsi dans la bouche du roi kuba mourant un plaidoyer pour les migrants désireux de gagner l’Europe, totalement incongru dans le récit. Et transforme le fameux match de foot du 4 janvier 1959 entre deux équipes de Léopoldville, VClub et Mikado – il joua un rôle dans les émeutes de ce jour, qui décidèrent Bruxelles à octroyer l’indépendance à sa colonie – en confrontation entre « indigènes qui s’étaient présentés nu-pieds sur le gazon » et « une équipe blanche constituée de maîtres prêts à renvoyer l’adversaire à sa rumba quotidienne. Une rencontre qui vit la fourmi noire ne faire qu’une bouchée de l’éléphant blanc ». Nous voilà tombés au niveau du jeu vidéo. Comme si l’histoire du Congo n’était pas suffisamment extraordinaire.

« Dans le ventre du Congo »

de Blaise Ndala



Par Marie-France Cros. 

Edité à compte d’auteur, “Amsoria” est un premier roman d’une Congolaise de Belgique, Lilia Bongi. Elle le présente comme un roman mais, à vrai dire, durant la plus grande partie de l’oeuvre, le lecteur croit tenir en ses mains une autobiographie tant le récit sonne vrai. Celle d’une fillette congolaise, Lily, arrachée à 10 ans à sa famille de Kinshasa, pour être envoyée par un père distant poursuivre sa scolarité en Belgique avec un de ses frères. Elle y vivra chez des tuteurs flamands et catholiques d’abord, wallons et protestants ensuite, peu éduqués à chaque fois.

Notre coeur saigne pour la fillette, abandonnée à des inconnus, que l’auteure montre imbus de leur générosité, parfois racistes, souvent mesquins; devant faire seule son apprentissage dans  une société inconnue; affrontant sans soutien les moqueries de camarades de classe; ne mangeant pas toujours à sa faim.

Singulières absences d’amour

Le récit frappe surtout par l’absence d’amour dans le monde de l’enfant: chez le père, qui, au Congo déjà, finance nourriture et école des enfants mais ne s’en occupe pas, leur préférant ses occupations et ses maîtresses; entre le père et la mère, mariée contre son gré; chez ces deux parents qui conduisent Lily et son frère de 12 ans à l’aéroport de Kinshasa sans rien leur expliquer de leur voyage vers “Mputu” (l’Europe), ni même les embrasser. Chez Lily qui, retrouvant en Belgique une autre soeur et un autre frère, se rend compte alors seulement… qu’elle ne les avait plus vus depuis quelques mois. Chez le père encore, de passage en Belgique, qui ne voit Lily que quelques minutes en classe, lui parle à peine et ne l’embrasse pas, avant de partir vers ses affaires. Chez l’aîné de la fratrie, jeune adulte vivant à Bruxelles, qui ne viendra jamais voir les petits…

Dès que Lily quitte l’enfance, cependant, apparaissent les défauts du récit. C’est l’héroïne, alors, qui apparaît incapable d’affection – elle aura deux maris européens pour lesquels, à aucun moment, ne transparaît d’émotion – ou de se reconnaître un tort quelconque. L’absence de sentiments autres que la rancoeur chez Lily empêche alors de croire à la fin, très édifiante, du roman. Dommage.



Cinq stylistes nés en Afrique mais vivant en Italie ont ouvert mercredi la Fashion week féminine de Milan. Voici les parcours accidentés de ces créateurs qui tous revendiquent le label « made in Italy ».

– Fabiola Manirakiza, 50 ans, est née au Burundi, mais c’est au Zaïre (devenu République démocratique du Congo) qu’elle a appris à coudre, dans une école tenue par des soeurs italiennes.

Médecin de formation, elle a pu se nourrir de cette expérience quand elle a fondé en 2016 sa marque Frida Kiza en Italie, un hommage à l’artiste mexicaine Frida Kahlo.

Elle décrit son art comme « un mélange entre l’Afrique et l’Italie », comme ses foulards en soie à imprimés motif Massaïs qui s’inspirent de la peinture « Le printemps » de Botticelli.

– Claudia Gisèle Ntsama, 29 ans, née au Cameroun, avait décidé dès sa petite enfance de devenir styliste et de préférence en Italie, car « qui dit mode, dit Italie ».

Très déterminée, elle a appris l’italien pendant huit ans avant de débarquer dans son pays d’adoption en 2012.

Elle enchaîne des boulots de femme de ménage ou de contrôleuse à l’entrée de stades de football, puis décroche un diplôme de design à Bologne (nord), avant de « tomber amoureuse » du chanvre, « une des fibres les plus écologiques » et fonder sa propre marque.

– Mokodu Fall, 45 ans, originaire du Sénégal, caricaturiste, acteur puis artiste-peintre, est venu en Italie à l’âge de 22 ans « pour vivre une expérience de l’art de la culture ».

« Ma collection reflète surtout mes origines africaines », dit ce fils de diplomate qui partage sa vie entre Rome et Dunkerque dans le nord de la France.

« Ce sont des oeuvres d’art que je transpose sur des vêtements ».

– Joy Meribe, 43 ans, née au Nigeria, a quitté son pays car « les designers de mode n’y sont pas considérés comme prestigieux ».

« Je ne suis pas une styliste ethnique, je vis en Italie, j’ai fait des études en Italie et je produis en Italie », souligne Joy, qui a obtenu un master en business international avant de se lancer dans la mode.

Son inspiration? « Des femmes africaines fortes et intelligentes, comme mes grands-mères ».

– Karim Daoudi, né au Maroc il y a 27 ans, est arrivé à l’âge de 13 ans avec sa famille à San Mauro Pascoli dans le nord de l’Italie, « à la recherche d’un avenir meilleur ».

« A 17 ans, j’ai commencé à travailler dans un atelier de confection de chaussures pour de grandes marques », avant de remporter un concours de création de chaussures à Rome.

Sa collection, baptisée « Voyage dans la forêt », rassemble des chaussures dans des teintes vives qui lui rappellent le Maroc. Pour financer sa passion, il gagne sa vie comme postier.

source: lalibre.be



Son livre-album et son spectacle marient les auteurs et les influence musicales. L’artiste y réaffirme son amour du Congo et de la poésie comme « acte de résistance » et brandit l’art comme « miroir et ciment de notre humanité ». Un spectacle à voir sur France 5 à 22h50 et sur le net. (Vidéos)

Le jeune homme a fière allure avec son couvre-chef rouge, son épée et son drap bleu sur fond de paysage incendiaire que l’on aperçoit au loin. Face à ce visage serein et déterminé, Abd Al Malik se souvient avoir ressenti comme un flash, un appel impérieux. Quelle serait la vie de ce jeune intrépide s’il avait grandi en 2020 en banlieue ? Ce tableau, découvert au hasard d’une déambulation au musée d’Orsay à Paris, frappe son imaginaire et lui rappelle que « le combat pour la liberté, la reconnaissance et le fait d’être en paix avec soi-même et les autres est permanent. »

Face à ce personnage qui défie les siècles, l’auteur se met à réfléchir: comment parler de la place de chacun dans la société ? La culture et l’éducation « comme ciment d’une identité collective », voilà une thématique qui résonne en lui. Surtout lorsque comme lui, on a longtemps fait partie du « peuple de la périphérie ».

Un livre, un CD,
un spectacle

Puisant dans ses souvenirs d’enfance, dans ses racines congolaises et son amour de la poésie et de la littérature, l’artiste à la fois poète, écrivain, metteur en scène et rappeur compose un long texte dans lequel il redit son amour de sa terre d’accueil et son rejet des discriminations et de l’intolérance. Admiratif de la modernité de ce Jeune Noir à l’épée, Abd Al Malik se fait l’écho de la colère sourde qui se propage au même rythme que la misère dans les cités-dortoirs de France et d’ailleurs. Le texte bientôt devient chanson.

« Comment pourrais-je m’aimer si sans cesse je dois lutter ? On prône la paix, pas l’épée » scande-t-il en chœur avec ses complices les musiciens Matteo Falkone et Bilal.

Apres le livre-album coédité par Flammarion, Présence africaine et le musée d’Orsay, Abd Al Malik conçoit un spectacle avec la complicité du chorégraphe Salia Sanou. Sur scène, Malik se glisse dans la peau du jeune guerrier peint par Pierre Puvis de Chavannes en 1850. Quatre danseurs pantalon noir, torse et pieds nus, habitent la scène avec lui et se font les interprètes d’un mal être lancinant. La chorégraphie du Burkinabé met en lumière les zones de fracture et la ligne pas si claire d’une société souvent naufragée.

Artiste en France, ses racines au Congo font d’Abd Al Malik un « homme-pont »

Tour à tour, Abd Al Malik évoque son rapport avec Les Autres et la façon dont les mots l’ont sauvé, réminiscence de ce passé tourmenté à Strasbourg avant qu’il ne soit saisi par une autre passion chronophage, celle de la littérature et de la poésie. « Partout où l’homme souffre, il me voit dans ses rangs. Et dire que nous étions pharaons au bord du Nil » rappelle-t-il, dénonçant la « haine de soi » qui dérive d’un certain type d’enseignement.

Fidèle à son auteur, le spectacle mêle slam, danse, lecture et fait sonner les notes de jazz et de rumba, de rap et de salsa avec les mots de Brel, Renaud, Baudelaire, Édouard Glissant et Léo Ferré.

Être Français avec des racines poussées ailleurs lui a donné l’envie d’être un « homme-pont pour créer du lien entre les êtres. » Résonne ainsi Gibraltar, l’hymne qui l’a fait connaître à l’international en 2006 auquel répond aujourd’hui La Vida negra imaginée avec la chanteuse Wallen. Il y est question de migrations, de Virgil, de Black Orpheus, de l’Aquarius et de Lampedusa, et de ces naufrages qui entachent notre expérience d’être humain.

L’auteur de Qu’Allah bénisse la France (2004) y confesse dans un souffle: « J’ai mal à l’Europe. » Avant d’interroger: «peut-on dire que le monde a changé si ta couleur de peau te met encore en danger ?»

En texte, en musique ou en mouvements, le Jeune Noir a l’épée invite chacun à « faire un, à faire peuple ». Tandis que sur scène s’impriment les mouvements fluides des corps ondulants, l’artiste rappelle une évidence: « les deux pires ghettos sont la haine et la violence. »

Mis en images par Julien Faustino, le spectacle, enregistré à l’Opéra comique, est à voir ce vendredi à 22h50 sur France 5 et reste disponible en ligne jusqu’au 26/03 sur France 5 et jusqu’au 20/11 sur France.tv.

Karin Tshidimba

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Ali Kalonga

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