La loi des « Wewa »



Les   conducteurs des mototaxis sont communément appelés Wewa. Le 17 juillet, une dame conduisait tranquillement ses enfants à Aqua Splash, un parc aquatique dans la commune de Limete. Malheureusement, quand elle avait entamé sa manœuvre pour tourner vers le site, un Wewa est venu percuter rudement le flanc arrière droit de son véhicule. Le choc a été violent. Le motard fut éjecté à quelques mètres du point d’impact. Il était blessé et gisait groggy sur la route. Evidemment, il était en tort. Des images furent enregistrées par les caméras de surveillance et diffusées sur les réseaux sociaux.

Ces amis Wewa qui passaient par là, brûlèrent en représailles la voiture devant les yeux médusés des passants, de la dame et de ses enfants. Enfer et damnation !

Ce n’est pas la première fois qu’ils se comportent ainsi en groupe. On les dit protégés par les gens « d’en haut d’en haut ». On ne sait pas lesquels. Sapristi ! 

La raison du plus fort est toujours la meilleure. C’est écrit depuis 1668 dans la fable « Le loup et l’agneau » de Jean de La Fontaine.

Les Wewa transportent non seulement des passagers sains d’esprit mais aussi des malades, des cadavres et des colis. Saperlipopette !

Pour ceux qui ne le sauraient pas, « wewa » veut tout simplement dire « toi » en tshiluba. Vers 2007, constatant que l’accès en voiture ou en bus à certains quartiers périphériques était difficile, des jeunes introduisent le transport à moto. Cette activité sera petit à petit reprise en main par d’anciens creuseurs de diamant artisanal venant du Kasaï qui ont déboulé à Kinshasa ou ce qu’il en reste.

D’après mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la déglinguée, ces motards étaient principalement d’anciens creuseurs de diamant reconvertis à la suite d’une crise majeure provoquée par la faillite de la MIBA et par l’épuisement des gisements de diamant artisanal. L’exploitation du diamant n’étant plus rentable ils se sont donc lancés dans la moto.

Au départ, les Wewa étaient principalement Kasaïens. Ils proviennent aujourd’hui de tous les horizons. Il y aurait même parmi eux des vaillants policiers et militaires qui cherchent à arrondir les fins de mois et même des universitaires. Personne ne connait leur nombre exact faute de recensement.

Il y aurait, selon des estimations, près de dix mille mototaxis à Kinshasa. Au fil du temps, les Wewa sont considérés comme une association de malfaiteurs, à la base du désordre et de l’insécurité. On leur reproche de ne pas respecter le code de la route. Ils ne portent pas de casque ni leurs clients d’ailleurs.

Comme si cela ne suffisait pas, leurs motos n’ont pas de plaques d’immatriculation. Stupeur et tremblements !

Comme des virtuoses, ils slaloment entre les voitures et les piétons. Ils roulent à vive allure et souvent à contresens. Ils percutent des véhicules, des piétons et parfois ils se rentrent dedans. Ceci expliquant cela, les accidents sont légion. Il en de même des blessés et des morts.

Gare à tout celui qui est impliqué dans un accident avec eux. Il n’est pas rare de voir des motards pourchasser une voiture comme un essaim d’abeilles vengeresses bourdonnant de colère.

Les chances de les semer sont minces. Au bout du compte c’est un passage à tabac en règle ou l’incendie du véhicule incriminé.

Ils bastonnent aussi impunément des policiers trop stricts. Saperlipopette !

Rien d’étonnant dès lors que nos agents de l’ordre les craignent comme la peste. Toute action entraîne une réaction. C’est la troisième loi de Newton connue aussi sous le nom de principe des actions réciproques.

Les autorités de la ville (ah oui, il y en a !) ont décidé de sévir. Il a été décrété que désormais, tous les Wewa doivent se munir des plaques d’immatriculation et porter des casques ainsi que leurs passagers. Un contrôle sera effectué à partir du 20 août prochain.

Attendons de voir la suite avec beaucoup de patience. Les annonces sans lendemain sont monnaie courante ici.

On dit chez nous que mieux vaut marcher sans savoir où aller que rester assis sans rien faire.

GML

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Ali Kalonga

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