Le tribunal Militaire de Garnison de la Gombe, siégeant en audience foraine à la prison militaire de Ndolo a bouclé avec l'instruction de l'affaire coup d’état manqué et de l’attaque de la résidence de Vital Kamerhe, et a pris l'affaire en délibéré pour rendre son verdict le vendredi 13 septembre 2024. L'annonce a été faite mardi 3 septembre par le président du tribunal militaire Kinshasa/Gombe, le major magistrat Freddy Ewume aux termes des plaidoiries et répliques des parties.
Selon le magistrat Freddy Ewume, sa juridiction est " suffisamment" éclairée dans le cadre de cette affaire. Les avocats de la défense doivent déposer les notes écrites de leurs plaidoiries au greffe au plus tard le vendredi 6 septembre 2024 afin de leur permettre de mieux motiver leurs décisions.
"Nous sommes là depuis 3 mois, le tribunal a entendu les uns et les autres. Il prend tous les moyens présentés par les parties, en délibéré. Si les parties avaient déjà déposé leurs notes, on pouvait même se prononcer le jeudi prochain. Nous allons vous accorder jusqu'au vendredi 6 septembre 2024 pour déposer les notes de plaidoiries. Nous prononcerons les jugements le vendredi 13 septembre prochain. La remise est contradictoire à l'égard de toutes les parties ", a déclaré le major magistrat Freddy Ewume.
Dans leurs derniers mots, tous les prévenus ont plaidé non coupables et attendent du tribunal militaire leur acquittement. Pour le prévenu Jean-Jacques Wondo, ancien conseiller principal de l'AG de l'ANR chargé de la réforme, cette affaire est un test pour savoir si la justice congolaise a déjà trouvé une thérapie pour sa guérison.
"Une condamnation résulte de l'intime conviction du tribunal sur la culpabilité certaine et sans équivoque du prévenu. Aujourd'hui la justice congolaise est à la croisée du chemin alors qu'elle est qualifiée par plusieurs de grande malade, elle amorce en même temps le processus de sa réforme sous l'impulsion du Chef de l'État. Ce procès qui est médiatisé et suivi notamment sur le plan international constitue un indicateur pertinent de l'évaluation du degré de pathologie ou de l'état d'évolution de la thérapie de la justice congolaise. Je continue à clamer haut et fort devant Dieu et devant les hommes et devant votre auguste tribunal mon innocence, je réaffirme encore devant vous que je ne suis impliqué ni de près ni de loin à ces actes funestes, ignobles. Je confirme la plaidoirie telle que développée par mes avocats et je reste convaincu que vous direz le bon droit c'est-à-dire ordonner sans hésitation mon acquittement", a dit le Belgo-congolais, expert aux questions de défense et sécurité.
De son côté, le prévenu Ruphin Nkiela, congolais naturalisé Canadien attend aussi son acquittement afin de lui permettre d'investir dans son pays conformément à l'appel des autorités.
"Je vous remercie tous ici pour le travail abattu, sincèrement je suis innocent, vous nous avez appelé de venir au pays pour investir et aider le pays, moi Ruphin je suis là, acquittez moi parce que je suis innocent dans cette affaire et vous allez me juger par des actes", a-t-il fait savoir.
Même réaction du côté des prévenus de nationalité américaine. Marcel Malanga fils du chef de la bande Christian Malanga décédé, Taylor Thomson, Zalman Polun Benjamin attendent aussi du tribunal leur acquittement.
"Monsieur le Président, je voudrais que vous puissiez vous référer aux requêtes de tout ce que mes avocats ont dit devant vous ici pour mon acquittement", a plaidé Zalman Polun Benjamin.
Prenant la parole à son tour, le lieutenant Colonel Radjabu Bashiru Innocent a réitéré une fois de plus son réquisitoire. Il estime que les avocats de la défense n'ont pas pu ébranler son argumentaire.
"Au regard des faits articulés à charge des prévenus pour lesquels nous avions démontré la culpabilité des uns et des autres, c'est un procès pénal, considérant que le réquisitoire n'a pas été ébranlé, nous réitérons nos réquisitions et tous les moyens exposés et présentés devant votre auguste tribunal", a soutenu le lieutenant Colonel Radjabu Bashiru Innocent.
Lors de l'audience du lundi 27 août dernier, le ministère public avait requis la peine capitale contre 50 de 51 prévenus, auteurs du coup d’Etat étouffé du 19 mai dernier. Il avait demandé au tribunal de les condamner pour sept infractions : attentat, terrorisme, détention illégale et munitions de guerre, meurtre, association des malfaiteurs et financement du terrorisme.
Clément MUAMBA