RDC : La création du nouveau fond social pour la RDC à l’origine de la suspension de financements de projets dans plusieurs provinces du pays



La Banque mondiale a dû interrompre le financement de projets humanitaires et de développement au Congo d'une valeur totale de 1 milliard de dollars en raison de la dissolution par le président Tshisekedi du Fonds social pour la RDC et de la création d'un autre fonds du même nom. Des discussions sont en cours entre l’institution internationale et les autorités en vue de trouver des mesures transitoires, mais les conséquences se font déjà sentir sur le terrain.

Le 4 mai, le président Tshisekedi a dissout le fonds social pour la RDC par ordonnance et en a créé une autre en raison de "l'évolution du cadre juridique régissant les établissements publics" et des "impératifs de fonctionnement et d'efficacité", selon les textes lus ce jour-là à la radio et à la télévision nationales congolaises.

La présidence de la RDC et la Banque mondiale n'ont pas commenté les 91 millions de fonds injustifiés.  

“Une catastrophe pour les victimes”

En attendant, des dizaines de projets et d’activités, notamment de prévention des violences sexuelles comme ceux de la Fondation Panzi du Dr Denis Mukwege ont été impactés. "C'est une catastrophe pour les victimes", a déclaré le Dr Denis Mukwege, annonçant l'arrêt de son programme d'aide aux victimes de violences sexuelles dans la province du Tanganyika, où au moins 60 victimes par mois étaient orientées vers le programme de la  Fondation Panzi. Il affirme avoir été prévenu "quelques jours avant" que les dépenses engagées dans le cadre de son programme au Tanganyika ne seraient plus remboursées à partir de la fin du mois d'avril. "Les patients que vous avez opérés quelques jours avant, que leur dites-vous ?", a ajouté Mukwege. « On a complètement arrêté depuis fin avril. Récemment encore, Ocha m’avait demandé de prendre en charge des victimes de violences sexuelles, j’ai dû refuser car on ne peut plus se faire rembourser les fonds engagés », explique le docteur Silas Hasimi, coordinateur des activités de la Fondation Panzi dans la province du Tanganyika. 

D’autres institutions bénéficiaires ont confirmé à ACTUALITE.CD l’arrêt ou la suspension de certains programmes en attendant la fin des discussions entre le gouvernement congolais et la Banque Mondiale, faute de fonds ou de remboursements.

Un amateurisme au sommet de l’Etat?

"La situation du Fonds social de la République démocratique du Congo démontre l'amateurisme au sommet de l'Etat et les pratiques de mauvaise gouvernance qui caractérisent le régime actuel", a commenté Valery Madianga, directeur général du Centre de Recherches en Finances Publiques et Développement Local (Crefdl), une organisation congolaise spécialisée dans l'audit des finances publiques. "Il y a manifestement une volonté de dissimuler l'utilisation de 91 millions de dollars qui n'a pas été justifiée jusqu'à présent", a-t-il ajouté, rappelant qu'il s'agissait d'une structure gérée par la présidence de la République et que d'autres scandales avaient déjà entaché cette institution sous Félix Tshisekedi.

Quatre des principaux candidats de l'opposition aux élections présidentielles avaient écrit le 10 mai au directeur général du Fonds monétaire international, avec copie aux dirigeants de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement, pour demander un "audit des ressources allouées" par ces institutions internationales, justifiant cette demande par le manque d'impact de ces fonds pour la population congolaise.

Sonia Rolley

 

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