Focus sur le phénomène "make up" à Kinshasa



Des études menées par Business Wire ont attesté que le marché mondial des cosmétiques avait atteint 460 milliards de dollars américains en 2014. Les experts ont prévu que le marché mondial des produits de beauté continuera à augmenter de 3,8 % par an au cours des cinq prochaines années. Selon le rapport de Modor Intelligence, la taille du marché cosmétique en Afrique devrait passer de 3,55 milliards USD en 2023 à 4,95 milliards USD d'ici 2028.

Etre plus belle, avoir un teint radieux, arborer des teintes qui se rapproche du naturel ou opter pour des teintes plus "flashy", le marché du make up qui ne cesse de croître et se diversifier propose plusieurs possibilités.

L'avènement du numérique a également favorisé l'implosion de ce secteur. Il suffit de voir le nombre de tutoriels ou autres vidéos de formation ou conseil en maquillage pour se rendre compte de l'ampleur que prend le phénomène.

À Kinshasa, le make up (maquillage), pour beaucoup de femmes et jeunes filles, fait partie de la routine.

"Je me maquille parce que ça me rend belle. J'ai recours aux ongles artificiels pour avoir des mains plus présentables", confie Ruth Marina Kalonji, étudiante en troisième graduat sciences biomédicales à l'Université de Kinshasa.

Le maquillage est devenu une passion pour certaines femmes

"Le make-up est une passion pour moi". Ça me rend jolie et me met en confiance. Je me sens plus qu'épanouie chaque fois que je le fais", explique Judith Mbuyi, étudiante en dernière année de licence en sciences informatiques. 

Si certaines femmes se sentent moins belles sans maquillage, pour d'autres ce n'est pas le cas.

"Le make-up me rend jolie, c'est sûr, mais je l'ai toujours pris pour une distraction. Parfois, je préfère garder mon visage naturel et je me trouve aussi sublime comme ça", a déclaré Naomie Kabita, étudiante à l'ISTM/Kinshasa.   "Moi, je le fais souvent occasionnellement. Je me trouve plus attrayante, plus belle qu'avant, lorsque je me maquille, mais par moment, j'aime bien garder ma peau naturelle, parce que même sans maquillage, je suis jolie", confie Bénédicte Mianda, commerçante et mère de 2 enfants.

Ces pratiques anodines en apparence peuvent, à la longue, devenir problématiques pour l'épiderme.

"De nombreux produits de maquillage empêchent l'épiderme de respirer. C'est le cas du fond de teint qui peut finir par irriter la peau et provoquer des poussées d'acné. La barrière cutanée, en absorbant le maquillage, se déshydrate et devient inconfortable" explique René ODIMBA, dermatologue aux Cliniques Universitaires de Kinshasa.

Il ajoute que l'utilisation prolongée des produits de maquillage peut avoir des conséquences désastreuses.

"Plus on le fait souvent, plus il fait vieillir la peau. Il peut exposer à certaines maladies comme le diabète, la stérilité, l'hypertension, le cancer de la peau et d'autres infections à porte d'entrée cutanée qui peuvent conduire jusqu'à la mort."

L'expert affirme que les produits de maquillage sont utilisés en fonction de l'âge, du sexe, du type de peau et de l'objectif à atteindre. Le fond de teint est recommandé pour les personnes après la cinquantaine, ou les personnes ayant des imperfections au visage pour améliorer leur apparence. Chez les adolescents, ou des personnes en dehors de ces deux catégories, ce produit n'est pas recommandé pour la peau, sauf sur prescription médicale. 

Du point de vue sociologique, cette pratique favorise une crise identitaire qui joue sur la personnalité et la psychologie des femmes.

"Le make-up impacte négativement l'identité des femmes, qui à la longue deviennent dépendantes, et ne s'assument plus. Il arrive que des femmes connues avec maquillage soient méconnaissables sans make-up. Ce qui affecte sérieusement les relations inter-personnelles dans nos sociétés. Dans les cas extrêmes, pour des femmes qui n'arrivent pas à s'accepter sans maquillage, il est recommandé de chercher une aide psychologique", souligne Laurainne TSHILEMBA, assistante à la faculté des sciences politiques et administratives, Département de Sociologie, de l'université de Kinshasa.

Ce phénomène englobe l'ensemble des articles utilisés pour rendre son visage plus joli. Parmi ces articles, il y a le fond de teint, qui est la base du make-up, les tubes de mascara, les rouges à lèvres, la poudre de soleil, des pinceaux en kit, des faux cils, le ring-late, etc…

Nancy Clémence Tshimueneka

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