Dans la tête de Tshisekedi avant le Congrès



Tout le monde sait que le Président sortant, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, devra prononcer son discours sur l'état de la Nation, ce mardi 14 novembre, devant les deux Chambres du Parlement réunies en Congrès. Cela fait d'ailleurs partie de ses obligations constitutionnelles, dernier alinéa de l'article 77 de la Loi fondamentale. Tout le monde sait également que c'est le dernier Grand Oral du fils Tshisekedi, dans le cadre de ce mandat finissant. Mais personne ne sait ce qui se passe dans la tête du candidat Président de la République à sa propre succession, à quelques heures de son Grand Oral, ni ce qu'il va dire au chapitre des élections. À moins, en tout cas, d'être doté du don d'ubiquité. Seul Tshisekedi, devant son Dieu, sait ce qui se passe dans sa tête, et ce qu'il va dire dans quelques heures. Compte tenu de l'insécurité et des menaces d'occupation qui pèsent sur Goma, pour tout basculer, les observateurs sont loin de penser que ce qui se passe dans la tête du successeur de Joseph Kabila, soit à l'encontre de son serment et des engagements pris, pour défendre l'unité et la cohésion du Congo de Lumumba, ainsi que l'intégrité de son territoire national.

Un discours très attendu

Le discours que va prononcer le Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, ce mardi 14 novembre 2023, sur l'état de la Nation, dans la salle des Congrès du Palais du Peuple, devant les deux Chambres du Parlement réunies en Congrès, est très attendu. Non parce qu'il s'agit du tout dernier de son mandat finissant, revêtant le caractère d'un discours-bilan, mais plutôt parce que l'opinion s'impatiente d'écouter ce que le Président sortant va dire au sujet des élections.

Car, jusqu'à présent, les incertitudes demeurent et le doute plane sur la tenue des scrutins à la date prévue, conformément au chronogramme électoral de la CENI -Commission électorale nationale indépendante-. Des incertitudes accentuées, avec les rumeurs qui circulent sur les réseaux sociaux, doublées de la récente déclaration de Corneille Nangaa, ancien président de la CENI, divulguée sur la toile, soutenant bec et ongles l'assertion selon laquelle les élections n'auront pas lieu le 20 décembre 2023.

 Le suspense persiste

Que Denis Kadima, actuel président de la Centrale électorale, ait, au terme du cadre de concertations CENI-candidats Président de la République, confirmé, ce lundi, la tenue des joutes électorales à la date prévue, rien en tout cas ne rassure. Surtout quand on sait que le même Denis Kadima a, par la même occasion, fait savoir à ses hôtes que pendant l'enrôlement des électeurs, la CENI a perdu trente trois (33) agents et policiers, dont certains victimes des groupes armés.

N'est-ce pas une manière indirecte pour le président de la CENI, de présenter aux candidats Président comment la contrainte sécuritaire risquerait d'hypothéquer les élections ? Pour certains analystes avisés, Denis Kadima a dit, sans le dire ouvertement, qu'il n'y a pas moyen d'organiser les scrutins cette année, au regard notamment de l'insécurité récurrente et grandissante qu'il brandit comme prétexte. Si non, soutiennent ces analystes, le président de la Centrale électorale n'aurait, à ce stade, évoqué le cas d'insécurité.

 Au bord de l'implosion

C'est dans un contexte particulier que le fils Tshisekedi va s'adresser à la Nation via le Congrès. Un contexte dans lequel le pays est menacé de déchirement de toutes parts. Au bord de l'implosion. Avec, en toile de fond, les menaces du M23 de conquérir la ville de Goma et la cité de Sake, dans le Nord Kivu, pour contraindre Kinshasa aux négociations. Des pans entiers des territoires de Rutshuru et Masisi sont déjà sous le contrôle du Rwanda, sous couvert des terroristes du M23. Beni et Butembo ne sont pas en reste.

Pas seulement au Nord Kivu. Le regain des tensions et de l'insécurité est observé aussi dans la province de l'Ituri, où ce sont notamment les ADF et la CODECO qui sèment terreur et désolation parmi les paisibles citoyens.

La guérilla commencée à Kouamouth, dans le Maï Ndombe, entre les Teke et les Yaka, a fini par embraser toutes les provinces voisines. Même la ville province de Kinshasa n'est pas épargnée.

À Tshopo, dans le chef-lieu Kisangani et ses environs, une guérilla prend corps. Bref, toutes les provinces sont touchées, secouées et paralysées par le fléau de l'insécurité, au point que, si l'on n'y prend garde, le pays risque d'être balkanisé.

 À FATSHI de fixer

Il est, certes, vrai que le Grand Oral de Tshisekedi, le tout dernier de son mandat finissant, aura le caractère d'un discours-bilan pour son quinquennat. Le candidat Président de la République à sa propre succession aura l'occasion de parler de toutes ses réalisations dans les différents domaines de la vie nationale.

Mais les Congolais ne l'attendent, avec impatience, que dans le volet électoral de son discours.

En clair, ils entendent être fixés par le Garant du bon fonctionnement des Institutions lui-même, sur la question de l'organisation effective des élections à la date prévue.

Y aura-t-il élections ou non le 20 décembre 2023 ? Est-ce que le Chef de l'État, dans son Grand Oral, devra-t-il abonder dans le même sens que le président de la CENI ? Est-ce bénéfique ou non pour le Congo ex-Zaïre d'aller aux élections, sans notamment les territoires de Rutshuru et Masisi ? N'y aurait-il pas menace de balkanisation, via un référendum d'autodétermination, en cas d'élections sans Rutshuru et Masisi ? Autant de questions pendantes, du reste non exhaustives.

En attendant son Grand Oral très attendu, seul Tshisekedi connaît ce qui se passe dans sa tête, et ce qu'il va dire au sujet des élections.

Seulement, même si on n'est pas doté du don d'ubiquité, ce qui se passe dans la tête du fils Tshisekedi et qu'il dira dans son Grand Oral, au sujet des élections, n'ira jamais à l'encontre de son serment ni des engagements pris, dans le sens de privilégier l'unité et la cohésion du Congo de Lumumba, ainsi que l'intégrité de son territoire national.

Bijou NDJODJI BATEKO 

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