Biennale de Venise 2024 : Les artistes congolais plaident pour un « monde sans exclusion »



La 60e édition de la Biennale de Venise, en Italie, a ouvert ses portes le samedi 20 avril. La  République démocratique du Congo y est représentée par les artistes du Cercle d'art des travailleurs de plantation congolaise (CATPC). Venus tous de Lusanga, une localité de la province de Kwilu, les Pays-Bas ont mis à la disposition de ces artistes leur pavillon. Ils vont y exposer du 20 avril au 24 novembre 2024.

Lors de la cérémonie d’ouverture de ce pavillon au public, le vice-président du CATPC Ced’art Tamasala, s’est félicité pour la prise de conscience collective qui est en train de se réveiller. Ainsi, il a appelé à un monde plus équitable, un monde sans exclusion, un monde sans travaux forcés, comme c’était à Lusanga lors que la multinationale anglo-néerlandaise Unilever y exploitait l’huile de palme à l’époque coloniale.
 
« Maintenant que la conscience collective universelle se met à se réveiller, le temps est venu de partager le sacré, la vie que nous avons tous en commun, et de nous remettre à envisager un monde meilleur, plus équitable sans exclusion d'un seul humain sur toute la planète, en considérant l'apport de tout un chacun peu importe l'endroit que nous contribuons sur la planète, et ainsi inclure tout le monde pour permettre aux générations futures, nos chers enfants et petits enfants demain de cohabiter ensemble en harmonie et de continuer à partager ce que nous avons toujours eu de plus précieux, le sacré qui n'est autre que le souffle de vie sans laquelle rien ne peut être possible », a dit l’artiste.

Il a par ailleurs remercié ceux qui ont rendu possible cette exposition, en particulier les Pays-Bas à travers le Fonds Mondriaan.

« Au nom de toute notre communauté à Lusanga avec qui nous partageons ces instants de fête, qui serions un blasphème s'ils étaient célébrés sans nous, et profitons de l'occasion pour remercier tous ceux qui ont contribué de près ou de loin pour que cet événement planétaire soit conclut en beauté comme c'est le cas pour cette biennale unique dont nous félicitons les organisateurs pour le courage manifesté en invitant des communautés semblables ou vivant une situation similaire à la nôtre », a ajouté Ced’art Tamasala.

Pour sa part, la directrice générale en charge de la culture et médias au ministère de l’Éducation, culture et sciences du royaume des Pays-Bas, Barbera Wolfensberger, a félicité les artistes du CATPC pour l’exposition, car elle va leur permettre d’avoir les moyens de racheter des terres dégradées à Lusanga pour les restaurer au moyen de l’agroforesterie.

« L'art peut aider à renouer avec le passé. C'est le cas avec le prêt de la sculpture ancestrale Balot. Cette œuvre est exposée pendant la Biennale : physiquement dans le White Cube à Lusanga et numériquement ici à Venise. Le retour de cette sculpture ouvre le dialogue sur le passé et son impact sur le présent. En même temps, vous construisez l'avenir grâce au succès de votre propre art, qui vous permet d’acheter de nouvelles terres et de restaurer l'écosystème local », a-t-elle dit.

Cette exposition dans le pavillon néerlandais est retransmise en direct à White Cube, un musée construit à Lusanga par le CATPC. Dans ce musée, la sculpture ancestrale Balot y est exposée depuis mars dernier. Propriété du musée des Beaux-Arts de Virginie (Virginia Museum of Fine Arts), aux Etats-Unis, cette statue Pende avait quitté le territoire de Gungu, en RDC, en 1973 après avoir été rachetée par un collectionneur d’arts. Ce dernier la revendra à son tour au musée américain.

Bienfait Luganywa

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