Restitution des objets culturels de la RDC par la Belgique : « Notre légitimité serait en question si nous ne faisons pas une ouverture sur cette question » (Bart Ouvry)



Dans le dossier de la restitution des objets culturels de la RDC en provenance de la Belgique, il y a à mettre à l’actif de l’ancienne puissance coloniale, une volonté ces dernières années de pouvoir évoluer sur la question. Même si les tractations sont toujours en cours, le processus prenant du temps, les officiels belges qui en ont l’opportunité, ne tarissent pas d’initiatives pour évoquer et discuter de la question, notamment lors de leurs visites en RDC.

En juin 2022, le Roi des belges a effectué une visite officielle en RDC. Dans ses discours, il n’a pas manqué de placer la restitution des objets culturels qui est une question historique assez présente dans les relations diplomatiques entre les deux pays. De la parole à l’acte, le roi Philippe  a procédé, lors de ce même passage en RDC, à la remise d’un masque de l’ethnie Suku dénommé “Kakuungu”. Ce masque est hébergé au sein du musée national de la RDC pour symboliser la collaboration en matière de “reconstitution” du patrimoine culturel congolais.

Bien avant, en novembre 2021, Thomas Dermine, Secrétaire d’Etat chargé de la recherche scientifique de la Belgique était en visite à Kinshasa pour présenter une approche sur la restitution des biens culturels congolais spoliés par la Belgique durant la période de l’Etat indépendant du Congo et celle de la colonisation. Cette approche, présentée en juillet 2021, a été saluée par le gouvernement belge, et a fait l’objet d’une traduction dans un texte législatif qui a été voté au parlement belge.

Pour Bart Ouvry, toutes ces démarches relèvent de la légitimité. Si cela n’est pas fait, “notre légitimité serait en question”, estime le Directeur Général du Musée Royal d’Afrique Centrale. 

« Notre légitimité serait en question si nous ne faisons pas une ouverture sur cette question. C’est très présent dans la société, c’est présent dans la société belge aussi, il y a un débat là dessus mais nous voulons jouer d’une manière loyale, d’une manière franche, notre rôle en tant que musée et nous le faisons aujourd’hui avec la recherche non seulement à Tervuren mais aussi ici sur le terrain avec de l’histoire orale où l’on questionne les communautés sur leur lien avec ces objets. Nous, on est engagé, c’est une question de légitimité de notre institution », a expliqué Bart Ouvry à ACTUALITÉ.CD

Vingt-six pièces du trésor royal d’Abomey, pillées en 1892, ont été rendues par la France au Bénin. Un premier geste qui pourrait en appeler d’autres et interroge l’ensemble des collections européennes. La politique belge en la matière, explique Bart Ouvry est plus globale et holistique avec une loi sur toutes les objets obtenus pendant la période coloniale et avant, l’approche prendra plus de temps mais “a ses mérites”.

« La loi belge est très claire, ce sera la commission mixte de formuler des avis, la position belge est claire : la question de la restitution portera sur les objets volés, obtenus par la violence. Et s’il y a intérêt pour d’autres objets, on pourra toujours prévoir des prêts à long terme. Déjà, le musée fait des prêts à long terme avec des institutions partout au monde y compris aux États-Unis. Je crois qu’il ne faut pas réduire la question seulement à la restitution, le but c’est de faire ce que beaucoup de mes collègues congolais parlent de reconstitution, permettre à la population d’avoir ce lien avec ces objets », ajoute Bart Ouvry.

Pour rappel, en mars 2022, le Premier ministre, Sama Lukonde, a officiellement remis à la ministre de la culture, arts et patrimoine, le répertoire et la cassette des échantillons des biens culturels de la RDC détenus par la Belgique. Le chef du gouvernement congolais les avait reçus en février auprès de son homologue belge, Alexandre de Croo. Ces documents répertorient 84 000 objets culturels congolais ayant rejoint la Belgique pendant la colonisation.

Environ 1 500 objets sont pour le moins reconnus comme ayant été acquis de manière illégale à l’époque coloniale. Ils sont donc éligibles à la restitution. Ces objets ont quitté la RDC pour la Belgique, notamment par voie de pillages, de prises d’otage ou de profanations. Cependant, pour que cette restitution soit effective, il faudra un accord bilatéral entre les gouvernements belges et congolais. Ce qui n’est pas encore fait.

L’État fédéral a octroyé un budget étalé sur quatre ans de 3,3 millions d’euros pour ce vaste projet scientifique de recherche de provenance, renseigne la Radio Télévision Belge Francophone (RTBF).

Lumière Ipoli, stagiaire UCC

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