Ce 2 janvier 2025, les Congolais, particulièrement les habitants de la province du Nord-Kivu, se souviennent avec émotion de Mamadou Mustafa Ndala, colonel des FARDC -Forces armées de la République démocratique du Congo-, assassiné il y a onze ans, jour pour jour. Sa mort, le 2 janvier 2014, à Ngadi, dans une embuscade restée au cœur des controverses, continue de hanter les esprits et de symboliser le prix de la lutte pour la souveraineté de l’Est de la RDC.
Né le 8 décembre 1978 à Ibambi, dans la Province Orientale, Mamadou Ndala s’était distingué comme un officier brillant, formé par des instructeurs belges, angolais, américains et chinois. Commandant du 42ᵉ bataillon des commandos des Unités de Réaction Rapide, il avait gagné la reconnaissance nationale, en menant des offensives victorieuses contre les rebelles du M23, redonnant espoir à une population exsangue.
Le 2 janvier 2014, alors qu’il se rendait vers Eringeti, à bord de son véhicule, le colonel et son escorte tombèrent dans une embuscade, à une dizaine de kilomètres de Beni. Une roquette de RPG-7 détruisit son véhicule, causant la mort du héros national et de trois de ses gardes du corps. Cette tragédie, imputée initialement aux rebelles ougandais d’ADF, soulève encore des interrogations. Des témoins évoquent des assaillants vêtus d’uniformes des FARDC, relançant l’hypothèse d’un assassinat orchestré de l’intérieur.
Militaire charismatique, Mamadou Ndala avait su conquérir le cœur des Congolais par ses victoires décisives contre le M23. En 2013, lors des batailles de Kibati et de Bunagana, ses troupes infligèrent des défaites cuisantes aux rebelles, mettant fin à leur règne de terreur. Ces succès furent salués par la MONUSCO et les Nations unies, mais suscitèrent également des tensions politiques et des jalousies dans les rangs des FARDC.
La mort du colonel souligna les failles internes de l’Armée congolaise. Des enquêtes non concluantes, des rumeurs de trahison, et l’implication supposée de factions proches de Kigali et Kampala mirent en lumière les divisions au sein des Forces Armées. Cette ambiguïté continue d’alimenter un sentiment d’injustice parmi la population congolaise.
Au-delà de ses exploits militaires, Mamadou Ndala incarnait un modèle de leadership. Élevé dans une famille musulmane à Isiro, il s’était illustré dès son jeune âge comme un élève brillant et un footballeur talentueux. Il avait su transformer ces qualités en un courage et une détermination qui lui valurent la confiance de ses troupes et le respect de ses concitoyens.
Le rappel envisagé de Mamadou Ndala à Kinshasa, en 2013, avait provoqué des manifestations à Goma, où les habitants dénonçaient une manœuvre politique visant à entraver ses opérations. Cette pratique, consistant à neutraliser les officiers compétents par des affectations administratives, demeure une critique récurrente envers le Gouvernement congolais.
Aujourd’hui, le camp Kokolo de Kinshasa, où il repose en paix, est un lieu de recueillement pour ceux qui voient en lui un symbole de résistance et de patriotisme. Promu général de brigade à titre posthume, il laissa derrière lui une épouse, trois enfants, et un héritage militaire indélébile.
Onze ans après sa disparition, les Congolais continuent de réclamer la vérité sur les circonstances de sa mort. Son assassinat reste une plaie ouverte, illustrant les luttes de pouvoir et les alliances troubles qui minent la stabilité du pays.
Mamadou Ndala n’est pas seulement une figure du passé. Il demeure un phare pour les générations actuelles, un rappel des sacrifices nécessaires pour bâtir une nation forte et unie.
Gloire Balolage