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Le CSAC alerte sur le déséquilibre dans l’accès aux médias



Le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication -CSAC- a publié, vendredi 20 juin à Kinshasa, son rapport de monitoring sur le respect du pluralisme politique dans les bulletins d’information des médias audiovisuels de la RD-Congo dans lequel il révèle un déséquilibre total, car 91% du temps de parole est accordé à un seul camp politique. «Le pluralisme politique, pierre angulaire de toute démocratie, repose sur la reconnaissance et la coexistence de diverses opinions, idéologies et forces politiques dans l’espace public. Il implique un accès équitable aux médias pour l’ensemble des acteurs politiques, permettant ainsi aux citoyens de se forger une opinion éclairée. Ce rapport présente les résultats de l’analyse des contenus médiatiques, met en évidence les déséquilibres constatés et propose des mesures correctives pour renforcer l’équilibre du pluralisme politique dans les médias congolais», a déclaré Christian Bosembe, président du CSAC.

Il a fait savoir que le monitoring dudit pluralisme politique, effectué par le Centre de monitoring du CSAC, concerne un échantillon d’émissions diffusées par les médias audiovisuels RD-congolais sur la période du 5 au 17 décembre 2024. Les émissions visées sont les éditions principales des journaux télévisés -JT- et parlés -JP-, diffusées soit dans la plage horaire de 12h à 13h, soit de 19h à 20h, dans sept médias audiovisuels, dont deux du secteur public, à savoir: RTNC 1 et RTNC 1 Radio, et cinq du secteur privé, notamment Antenne A TV, RTG@, Télé 50, Digital Congo FM et Top Congo FM.

Selon Christian Bosembe, ce monitoring a été réalisé sur un échantillon représentatif de médias audiovisuels, sélectionnés sur la base de critères tels que la diversité de l’offre médiatique, l’importance de l’audience et de l’influence sur l’opinion publique, la couverture nationale ainsi que la diffusion de contenus à caractère politique. Le président de cette institution d’appui à la démocratie a indiqué que les analystes du Centre de monitoring des médias du Congo -CMMC- ont examiné le temps d’antenne et le temps de parole accordés aux différents acteurs politiques, la diversité des invités et des intervenants, le ton et l’orientation des discours ainsi que l’équilibre dans le traitement des informations politiques.

«Dans leur ensemble, les journaux parlés ou télévisés des sept médias inclus dans l’échantillon ont consacré aux acteurs politiques 69 076 secondes, correspondant à 19 heures et 4 minutes de temps d’antenne. Environ un tiers de cette couverture -6h 44 min 52 sec- est occupé par le temps de parole, c’est-à-dire le temps accordé aux différents acteurs politiques pour s’exprimer directement à l’antenne. Le reste du temps, c’est la narration des journalistes ou autres commentateurs sur ces mêmes acteurs», révèle ledit rapport. Et de préciser: «le volume de couverture chez les différents JT/JP n’est pas homogène… On remarque que c’est Télé 50 qui a accordé la plus grande couverture aux acteurs politiques, mais c’est Top Congo FM qui a privilégié leur accès direct à l’antenne».

Tendances générales

À en croire le président du CSAC, les résultats ont été quantifiés et comparés afin d’évaluer l’équilibre et le déséquilibre du pluralisme politique dans chaque média. «Les analyses effectuées révèlent un déséquilibre significatif dans la représentation des courants politiques dans les médias étudiés», a-t-il fait savoir. Il a évoqué une forte prédominance de certaines sensibilités politiques au détriment d’autres, compromettant ainsi le débat démocratique; un déséquilibre particulièrement marqué dans les médias publics, qui devraient pourtant garantir un accès équitable à tous les acteurs politiques; un manque de diversité des sources d’information, avec une tendance à privilégier certains discours au détriment d’autres; et enfin, l’absence d’une ligne éditoriale équilibrée dans certains médias privés qui favorisent parfois excessivement un camp politique spécifique.

Mesures correctives

Pour le CSAC, ces constats soulignent la nécessité d’une meilleure régulation et d’une responsabilisation accrue des gestionnaires de médias publics et privés, car les médias jouent un rôle essentiel dans la consolidation de la démocratie. C’est pourquoi, pour remédier aux déséquilibres constatés, l’organe régulateur des médias RD-congolais a préconisé des mesures correctives, notamment l’imposition de quotas de temps de parole pour garantir un équilibre dans la représentation des courants politiques sur les médias publics et ceux bénéficiant d’une concession de l’État; l’encadrement et le renforcement des obligations légales des médias en matière de pluralisme politique, avec des sanctions en cas de non-respect; le renforcement du suivi du CSAC, avec un monitoring permanent du pluralisme politique et la publication régulière de rapports détaillés; et l’organisation d’un dialogue entre les médias, les acteurs politiques et la Société civile pour discuter des meilleures pratiques à adopter en matière de couverture médiatique équilibrée.

«Ces recommandations visent à garantir un accès équitable aux médias pour toutes les forces politiques afin de renforcer la crédibilité et la neutralité du paysage médiatique RD-congolais», a souligné Bosembe. Comptant 28 pages, ce rapport a été élaboré dans le cadre de la mission de régulation du CSAC.

Octave MUKENDI

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