La problématique du génie musical de feu le guitariste Franco Luambo Makiadi, figure emblématique de la République démocratique du Congo, a été au centre d’un colloque d’échange et de partage d’expériences entre jeunes et experts culturels, ouvert mardi à Brazzaville, a appris l’ACP de source associative.
« Nous allons échanger pendant quatre jours sur la musique, à travers la rumba, notre passeport vers des dimensions supérieures et des contrées lointaines. Lors de cette première journée, j’ai abordé la question du génie musical de Franco Luambo Makiadi, qui, pour moi, a toujours été, sans discussion possible, un grand maître », a déclaré Eddy Ngombé Mwéné, président de l’Union des producteurs de musique du Congo.
Il a ajouté : « Franco n’était pas seulement un musicien de génie : il était un fin sociologue, un peintre lucide de notre société, capable de mettre en musique nos travers, nos silences et nos vérités quotidiennes. À travers ses textes, il a archivé l’âme congolaise avec une précision presque anthropologique, sans jugement mais sans complaisance ».
Selon lui, Franco Luambo Makiadi demeure un artiste intemporel et intergénérationnel.
« Le seul musicien de rumba qui, à lui seul, a imposé sa voix, sa guitare, son orchestre et ses compositions à la postérité », a-t-il affirmé.
Toujours Ok, un chef-d’œuvre intemporel
Eddy Ngombé a rappelé aux participants quelques œuvres légendaires de Franco Luambo, notamment “Toujours Ok”, sortie dans les années 1980.
« Dans cet album, il dialogue avec un monument vivant : Sam Mangwana. Diminué par la maladie, Franco n’a laissé transparaître aucune défaillance : la voix est maîtrisée, la guitare étincelante, portée par un phrasé unique qui défie le temps et la douleur. Sam Mangwana, lui, connaît intimement la rumba congolaise et la sublime. Cette chanson, de nature déclarative, résonne comme une mise au point adressée aux spectateurs de la vie, à ceux qui médissent et calomnient. Le swahili y enlace le lingala dans une étreinte musicale rare », a-t-il expliqué.
Il a poursuivi : « Sam Mangwana chante et s’harmonise avec son aîné dans une danse consciente, grave et lumineuse à la fois, sachant que le temps se resserre et que l’histoire s’écrit déjà au passé. Le 12 octobre 1989 s’avance comme une frontière silencieuse entre la chair et l’éternité ».
Pour conclure, l’opérateur culturel a souligné : « Franco a refermé le chef-d’œuvre par un solo de guitare incandescent, ponctué de ses invectives pédagogiques : ultime leçon d’un maître pleinement conscient de ce qu’il lègue à l’humanité ».
Décédé à Namur, en Belgique, le 12 octobre 1989 à l’âge de 51 ans, Franco Luambo Makiadi fait partie de ces musiciens dont l’héritage musical intemporel traverse les générations.
ACP/C.L./CC