Kinshasa a été le théâtre d’une tentative de coup d’État spectaculaire impliquant des assaillants armés qui ont attaqué la résidence de Vital Kamerhe et pénétré brièvement au Palais de la Nation. Un témoignage exclusif recueilli par POLITICO.CD révèle la confusion et la panique qui ont régné parmi les forces de sécurité lors de cet incident, mettant en lumière des défaillances préoccupantes dans la protection des institutions de la RDC.
Dans les premières heures de la matinée, une tentative de coup d’État s’est déroulée au Palais de la Nation, le Bureau officiel du Président de la République Démocratique du Congo. Un membre de la Garde Républicaine, ayant requis l’anonymat, a confié à POLITICO.CD le récit des événements chaotiques qui ont marqué cette journée fatidique.
Selon le témoignage parvenu à POLITICO.CD, tout a commencé vers 4h20 du matin. La garde en poste au Palais de la Nation a aperçu trois ou quatre véhicules, dont une jeep de la police en tête, approcher des barrières. Pensant qu’il s’agissait de véhicules autorisés, les gardes ont ouvert les barrières et la grande porte intérieure de l’enclos.
« Les véhicules se sont engouffrés dans le parking central, s’arrêtant près de l’entrée de la rotonde, » raconte la source. « Quelques coups de feu ont été tirés en l’air, et il est rapidement devenu clair que nous avions laissé entrer des forces hostiles. »
Pris de panique en réalisant l’ampleur de leur erreur, les gardes ont abandonné leurs postes et ont pris la fuite en direction de l’hôtel Pullman, espérant rejoindre une autre unité de la Garde Républicaine qui protégeait le Président Félix Tshisekedi. Ce dernier avait passé la soirée au Grand Hôtel pour l’anniversaire de son neveu et garde du corps, Tabu Eboma. Malheureusement, ils sont arrivés trop tard; le Président Tshisekedi avait déjà quitté les lieux vers 4h30 avec son escorte.
Des renforts ont été appelés depuis le Camp Tshatshi, comprenant des unités d’artillerie qui ont initialement pris position en face du Palais de Justice. Ils ont commencé à lancer des projectiles, dont l’un aurait traversé le fleuve Congo. La confusion était accentuée par le fait que les gardes en fuite et les renforts étaient principalement composés de nouvelles recrues provenant d’une seule province, affrontant leur premier véritable combat.
« Ils étaient des amateurs, pratiquement des civils, » a déclaré la source. « Même les renforts étaient inexpérimentés, et par peur, ils ont commencé à tirer des mortiers vers le Palais de la Nation.«
L’unité de renfort, incluant l’agent qui a témoigné auprès de POLITICO.CD, est arrivée vers 6h30 du matin. Ils ont évalué la situation et établi un plan d’attaque pour déloger les assaillants. À la grande surprise de l’agent, la majorité des assaillants, environ une quarantaine d’hommes, n’étaient pas armés, et leur chef se comportait comme s’il était invincible.
« Leur chef se comportait comme si rien ne pouvait lui arriver, » a souligné la source. « Il a été abattu par un de mes collègues, une balle dans le ventre. Ce n’est qu’à ce moment-là que le reste du groupe a réalisé le danger et a pris la fuite vers le fleuve. Nous les avons poursuivis et neutralisés.«
L’attaque s’inscrit dans une série d’événements troublants pour la République Démocratique du Congo. Benjamin Zalman-Polun, un entrepreneur américain, et Christian Malanga, un opposant politique congolais, sont parmi les figures clés impliquées dans cette tentative de coup d’État. Les motivations et les commanditaires de cette opération restent flous, bien que des spéculations pointent vers des intérêts miniers et des alliances internationales douteuses.
L’ambassadrice des États-Unis en RDC, Lucy Tamlyn, a exprimé sa préoccupation face à l’implication de citoyens américains dans cette tentative de coup d’État. « Je suis choquée par les événements de ce matin et très préoccupée par les rapports faisant état de citoyens américains prétendument impliqués. Soyez assurés que nous coopérerons avec les autorités de la RDC dans toute la mesure du possible alors qu’elles enquêtent sur ces actes criminels et tiennent pour responsables tout citoyen américain impliqué dans des actes criminels.«
Le témoignage de l’agent de la Garde Républicaine, recueilli par POLITICO.CD, ont été corroborés par plusieurs sources au sein des Services de sécurité, notant cependant « certaines incohérences ». « Il y a des petites choses qui ne sont pas vraies. D’autant plus qu’il y avait deux groupes d’assaillants, dont un était déjà derrière le Palais de la Nation dans les marecages. Mais le reste est fidèle aux événements« , nous explique un haut gradé qui a requis l’anonymat.
Cette tentative de coup d’État a plongé Kinshasa et le reste du pays dans l’inquiétude, tandis que le gouvernement cherche à renforcer ses défenses pour éviter qu’une telle brèche ne se reproduise.
politico.cd/CC