RDC- phénomène argent facile : décryptage avec le sociologue Gauthier Musenge



Depuis plusieurs jours, le débat autour de l'argent qui serait gagné "facilement" par des jeunes influenceurs d'origine africaine suscite le débat. Comment faut-il comprendre ce phénomène ? Que faudrait-il pour y mettre fin ? Tentatives de réponses avec Gauthier Musenge Mwanza, professeur à l'université catholique du Congo. 

« Nous suivons tous ces faits sur les réseaux sociaux. Des révélations démontrent que des jeunes femmes sont utilisées comme des animaux, sont tenues à faire des rapports sexuels en groupe (…) Les informations en ligne renseignent également qu’il existe des courtiers qui facilitent le contact entre les auteurs de ces actes et les femmes au niveau de leurs pays d’origine. Aussi, une fois sur place, à Dubaï pour certains cas, les passeports leur sont confisqués », dit le Professeur Gauthier Musenge.  

Hypothèse de racisme

Pourquoi user des excréments humains ? Pourquoi confisquer les passeports ? Pourquoi soumettre les femmes aux comportements d’animaux ? En ce qui concerne ces trois points, le sociologue a évoqué notamment deux hypothèses à prendre en compte. Il s’agit du racisme et d’actions occultes.  

« Les arabes sont de nombreuses fois accusés d'actes racistes envers les africains (…) Et dans la plupart de ces vidéos, on peut voir en majorité, des personnes noires être soumises à ces pratiques. Les auteurs de ces actes les feront donc dans le but d’humilier l’homme noir, de le rendre bête », dit Gauthier Musenge. 

Et de poursuivre, « dans une autre hypothèse, sur le plan spirituel cette fois, les excréments humains sont notamment des déchets alimentaires. Mais, dans ce contexte, des hommes acceptent de faire manger cela aux femmes. Ce qui pousse à croire que ces hommes peuvent être d’une religion spécifique qui les oblige à procéder à ces pratiques pour se débarrasser d’une charge physique. On ne sait pas sur le plan spirituel, ce qui est transféré à la personne. On peut croire que les conséquences pourront se manifester avec le temps. Elles ne seront peut-être pas physiques mais il y aura des conséquences ». 

La convoitise indexée

« Il faut aussi savoir que les réseaux sociaux montrent la belle vie, les beaux milieux. Les filles qui ont des niveaux de vie médiocres, se laissent séduire. Sans se rendre comptent, elles se mettent en position de nécessiteux. Elles sautent sur l’occasion qui se présente à elles pour s’enrichir, profiter également de la belle vie et pouvoir l’afficher sur les réseaux sociaux. La plupart des victimes peuvent provenir des familles en situation de pauvreté», explique-t-il.

Et pour mettre fin à ces pratiques, le sociologue espère que la communauté internationale va réagir pour donner des injonctions aux Emirats Arabes Unis.

« Il y a des Etats qui ont des représentations là-bas, il faut des mesures. Il faut que des enquêtes soient menées, que des sanctions sévères soient imposées à l’égard des courtiers et des auteurs de ces actes. Il faut également que les motifs de voyages soient clairement définis. Sinon, les maladies pourront se répandre dans nos villes sans savoir d’où elles viennent alors que les causes sont là », a-t-il conclu.

Prisca Lokale

 

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