RDC : ces culturels qui nous ont quittés en 2022



La RDC a perdu quelques figures de la culture en 2022. Au plus grand regret des mélomanes, des littéraires, des culturels. ACTUALITE.CD vous donne quelques noms de ces culturels qui ont rejoint l’au-delà, l’année dernière. Quoi qu’il en soit, l’artiste ne meurt jamais, dit-on.

Elisabeth Tshala Muana Muidikayi

Artiste chanteuse congolaise, aussi connue sous le nom de « Mamu national », elle a tiré sa révérence dans la matinée du samedi 10 décembre 2022. Star de la musique typique de la tribu Luba, sa célébrité a pris corps pour avoir modernisé et donné ses lettres de noblesse au folklore du peuple luba dans un style “Mutuashi” qui a élevé sa carrière au firmament.

Elle a été inhumée le 23 décembre à Kinshasa. Les hommages publics ont été  rendus à l’esplanade du Palais du peuple, avant de se rendre à la place des artistes pour poser une plaquette en son nom et diriger la dépouille dans sa dernière demeure au Nécropole « Entre Terre et Ciel ».

Verckys Kimuangana

Né le 19 mai 1944 à Kisantu, il est mort le 13 octobre 2022 à Kinshasa, à 78 ans. Il était un musicien saxophoniste, compositeur, chef d'orchestre, producteur de disques et chef d'entreprise musicale. Il est l'un des pionniers de la rumba congolaise moderne et ancien président de l'Union des musiciens congolais.

Dans les années 1970, il a commencé à déployer son talent de fin businessman avec notamment l’orchestre Bella-Bella des frères Soki. Mais bien plus, dans les années 1980 lorsqu’il monte le mythique Langa Langa Stars composé alors d’Evoloko Joker, Bozi Boziana et Djo Mali Boteku, dissidents de Zaïko Langa Langa, ainsi que de Dindo Yongo.

Pendant ses obsèques, le lundi 19 novembre 2022, au Palais du peuple, la ministre de la culture, arts et patrimoine, Catherine Kathungu, a annoncé que l’instrument de musique qu’utilisait l’illustre disparu, le saxophone, doit rejoindre le Musée national de la RDC (MNRDC). Il sera conservé pour être visité parmi les instruments de musique présents dans ce musée. Ce sera effectif après discussion avec la famille biologique de l’artiste décédé.

Bienvenu Sene Mongaba

La culture congolaise a perdu un des siens dans la soirée du lundi 31 janvier 2022. Le professeur Bienvenu Sene Mongaba est décédé des suites d’une crise cardiaque. Il était détenteur d’une thèse écrite entièrement en Lingala en 2013. Mais il est plus connu pour avoir écrit des ouvrages, des manuels scolaires, traduit des documents dans les langues nationales et congolaises.

Il était à la tête des éditions Mabiki, une maison qui met un accent particulier dans l’édition des ouvrages en langues congolaises. Il était également le numéro un d’une école dans la commune de Kimbanseke, dans la partie Est de Kinshasa, qui donne des enseignements bilingues, en Lingala et en français. 

Le professeur Sene Mongoba a traduit en lingala, le tableau périodique des éléments chimiques. Il a écrit des livres de chimie d’école secondaire en Lingala et des livres de Mathématiques d’école primaire en Lingala. Utiliser les langues congolaises dans la construction de la pensée, dans l’enseignement, dans la transmission des connaissances, dans les institutions de l’Etat, était sa plus grande préoccupation depuis des années.

Harris Kasongo

Décédé des suites d’une crise dans la matinée du 19 mars 2022, il est l’initiateur du mouvement littéraire « Les Révoltés de la Plume », qui est né à Kinshasa dans la commune de Bandalungwa vers les années 2004. Ce mouvement littéraire a donné l'opportunité à beaucoup de jeunes, de cette époque-là, de pouvoir avancer afin de réaliser leurs rêves.

Le structure organise continuellement des ateliers littéraires et des conférences. Prônant une auto-prise en charge, Les Révoltés de la Plume organisent également ses activités à l’intérieur du pays notamment à Muanda au Kongo Central.

Philippe Masegabio

Docteur en lettres et philosophie, il a fait partie de la nouvelle vague d’écrivains qui s’annonçait au début des années 70 à travers des forums, salons et cercles littéraires. Il fut le premier président de l’Union des écrivains congolais (UECO). Aussi, fut-il, « le premier à rassembler des œuvres poétiques de ses compatriotes contemporains dans une Anthologie dénommée +Le Zaïre écrit en 1952 ».

Il est auteur de plusieurs ouvrages dont  « Fais-moi passer le lac des caïmans », « Somme première », « Le jour de l’Eternel ». Il a été lauréat du 2ème Prix de poésie Sébastien Ngonso pour son ouvrage « Somme première » en 1967.

L’année suivante (1968), il été proclamé 1er prix du concours de poésie organisé par le Goethe Institut et la Faculté des lettres de l’Université de Lovanium de Kinshasa avec « Le temps des noces ».

« Il a été un des poètes les plus inspirés et le critique d’art le plus pointilleux. En plus, il a eu une sorte d’effigie officielle qui pour moi, est le symbole d’éternité, comme on dit l’artiste ne meurt jamais », a dit le professeur Yoka Lye Mudaba qui l’a connu personnellement.

Mosegabio a occupé plusieurs fonctions politiques comme ministre et vice-ministre de la culture, ministre et vice-ministre de l’enseignement secondaire, ministre de la communication et médias ou encore député national. Dans sa carrière politique, il a notamment demandé l’installation du ministère de la culture au Palais du peuple, ce qui n’a pas abouti.

Dans la mini rentrée littéraire de Kinshasa, organisée le 3 et le 4 novembre 2022 à la bibliothèque Wallonie-Bruxelles, un hommage a été rendu à quatre (4) auteurs congolais décédés en 2022. C’était Philippe Masegabio, Bienvenue Sene Mongaba, Haris Kasongo et Mukash Kalel. Un portrait regroupant les images de tous les quatre a été dévoilé pour l’occasion. Il demeure sur le mur de la bibliothèque du Centre Wallonie-Bruxelles.

Kalala Omutunde

Décédé à 55 ans, le 13 novembre 2022, des suites d’une crise cardiaque, l’auteur, égyptologue, chercheur en histoire, spécialiste des sciences et mathématiques africaines et des humanités classiques africaines, chargé de mission à l'UNESCO, Jean-Philippe Kalala Omotunde a été inhumé en Guadeloupe, le lundi 28 novembre 2022.

Il était également professeur d’Université, Kamit, Africain Caribéen, cofondateur de l'institut AfricaMaat à Paris, fondateur de l'institut Anyjart en Guadeloupe, spécialiste des Humanités Classiques Africaines, Diopien, conférencier, écrivain et fervent défenseur de la cause Noire. Il a consacré sa vie à défaire les mensonges de l’histoire telle que racontée par les colons au sujet des peuples noirs.  

Kalala Omutunde est auteur des ouvrages tels que « L’origine negro-africaine du savoir grec » en 2000, « La traite négrière européenne : vérité et mensonges » en 2003, « Discours afrocentriste sur l’aliénation culturelle » en 2006, « Histoire de l’esclavage : critique du discours eurocentriste » en 2008, L'Afrique noire : initiatrice des législateurs de l'antiquité, Anyjart, 2018 ; et bien d’autres.

Emmanuel Kuzamba

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