Le film « Une machine à tuer » du réalisateur Richard Thumitho, a été présenté, pour la première fois, vendredi 10 décembre dernier dans la salle de spectacle du Palais du peuple. Une projection a été faite dans la soirée, et a connu la participation d’un public particulièrement jeune.
Le film documentaire de 56 minutes est un cri d’alarme et un interrogatoire sur les causes, les conséquences et l’intérêt de l’insécurité perpétuelle dans la partie Nord-Est de la RDC depuis plus de 20 ans.
C’est une alerte sur les enjeux de conflits qui se passent précisément à Beni ville et territoire ainsi que dans la province de l’Ituri. C’est aussi pour montrer l’effort de différents protagonistes qui se livrent à la bataille de force pour le retour de la paix. L’un des protagonistes cités est Mamadou Ndala, décédé au front le 2 janvier 2014.
Le réalisateur qui a vécu la guerre à l’Est de la RDC à un moment de sa vie, aux débuts des années 2010, considère son film comme sa contribution dans la lutte pour la paix dans cette partie du pays.
« Il faut que chacun fasse sa part. Chacun fait ce qu’il peut, moi, en tant que cinéaste, c’est ma façon de raconter l’histoire de ce qui se passe. J’ai amené ici les voix de ceux qui ne peuvent pas arriver à Kinshasa, mais malheureusement les décideurs n’ont pas participé à la projection. Quand tout va finir, nous allons parler du développement de l’Est du pays. Selon moi, la solution pour l’Est, c’est l’état de siège », a dit Richard Thumitho après la projection.
Tout au long de ce film documentaire, la parole est donnée à différentes couches de la population pour faire entendre leurs voix. Des victimes dont certaines en larmes, des artistes, des militants, des pygmées, le maire de la ville de Beni, des médecins, des avocats, un auditeur militaire, tous ignorent les vraies raisons de cette insécurité incessante. Pour le maire de la ville de Beni, si les causes de ces massacres étaient connues, la solution serait trouvée. Certaines victimes à qui on a amputé bras ou jambes, estiment désespérément que même des militaires qui prétendent les sécuriser font partie des ADF dans la nuit.
L’avenir de la jeunesse actuelle, une des préoccupations du film
Dans cette partie du pays en proie à des massacres contre nature que certains ont qualifié de terrorisme dans le film, la jeunesse n’est pas épargnée dans la liste des victimes, et le documentaire ne l’a pas caché. Cette insécurité qui a fait de nombreux déplacés ne permet pas aux enfants en âge scolaire de se rendre à l’école. Ils sont, en plus, en proie à des maladies, certaines adolescentes croupissent dans la prostitution. Dans ce documentaire est inclus des témoignages choquants de jeunes filles obligées de se prostituer mais d’avorter en cas de grossesse.
« Une mélodie de plus a chanté. Personne ne peut dire qu’elle ne connaît pas cette situation, elle chante chaque jour mais toujours sans résultat. Ce qu’il faut maintenant, c’est se mettre en action. Nous continuerons à interpeller jusqu’à ce que ça devienne une menace. Ce qui est réel est que tout ce qui concerne la population ne concerne pas les décideurs mais quand il s’agit de leurs intérêts, ils sont si vite dans les actions. Toutes ces guerres à l’Est, c’est pour les minerais, pour seulement la population est attaquée mais pas les zones minières ? », s’interroge Henock Kiyombo, un cinéaste rencontré dans la salle.
D’autres projections du même film auront lieu dans les jours avenirs. Il en reste 2 pour la ville de Kinshasa, à Limete 7ème rue et à l’Université de Kinshasa avant de se rendre à Goma, Beni, Butembo et Bunia. Le film pourra être projeté en février en Belgique, il est également sélectionné dans 4 festivals, en Allemagne, Suisse, en Inde et en Bangladesh.
Emmanuel Kuzamba