La semaine passée, le Congo-Kinshasa a vécu au rythme de la pénurie des carburants. Selon mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la déglinguée, des stations-services ont commencé à fermer, au début de septembre, faute de produits pétroliers. Stupeur et tremblements !
À la suite de la frénésie qui s’est emparée de la population, le gouvernement annonça que les stocks de carburants étaient certes au plus bas, mais une solution serait trouvée à la mi-septembre. Aussitôt, il y eut ruée sur les stations-services. Une cohue indescriptible et du rififi s’en suivirent.
Le 5 septembre, SEP Congo (Services des entreprises pétrolières congolaises) annonça urbi et orbi que les stocks étaient à zéro. Enfer et damnation !
Le pays était en panne sèche. Après les coupures d’eau et d’électricité, voilà qu’un autre fléau s’abattait sur la population. Un trio infernal en perspective. Le malheur des uns faisant toujours le bonheur des autres, le litre d’essence se négociait au marché parallèle à trois fois son prix normal. Saperlipopette !
La pénurie de carburants provient d’un retard de paiements des sociétés de distribution pétrolière par le gouvernement. Celles-ci affirment que l’Etat leur doit plus de 200 millions dollars depuis fin 2021.
C’est un manque à gagner résultant de la différence entre les prix réels et les prix pratiqués à la pompe imposés par le gouvernement.
Pour des raisons d’impératif social, l’Etat avait demandé de ne pas répercuter les hausses de prix enregistrées sur les marchés mondiaux. Ces subventions sont estimées à 400 millions de dollars par an. Une somme colossale.
Comme le gouvernement n’a pas respecté ses engagements, les sociétés pétrolières se sont retrouvées avec une trésorerie à sec. Elles ne savaient plus importer des carburants et renouveler leurs stocks.
D’après mon ami qui sait tout, le prix à la pompe résulte de la combinaison des paramètres rémunérant les sociétés pétrolières et la parafiscalité. Les sociétés pétrolières font face à des charges importantes de personnel et d’équipement. Elles ont opéré d’importants investissements en infrastructures de distribution.
Ce sont des sociétés commerciales qui poursuivent le profit. Ce n’est pas la première fois qu’il y a des bisbilles entre le gouvernement et les sociétés pétrolières.
En mai 1992, Nguz A Karl I Bond, alors Premier ministre, avait réquisitionné les stocks de carburants dans le but de geler les prix à la pompe.
En 2000, Mzee Laurent Kabila fit de même en plafonnant les prix. De ce fait, la pénurie des carburants fut engendrée et non pas créée.
Il fallait parfois dormir dans sa voiture à la station pour être sûr d’être en bonne place pour être servi.
La subvention des prix coûte beaucoup d’argent au trésor et ne règle rien. Il faut revenir à la vérité des prix.
Comme si cela ne suffisait pas, il y a l’affaire des salaires des parlementaires. Martin Fayulu, parlementaire depuis plusieurs années, a affirmé que les représentants du peuple touchaient 21.000 dollars yankee par mois. Sapristi !
Si un crocodile sort d’une rivière et vous dit qu’il y a plein de poissons dedans, vous n'avez aucune raison de ne pas le croire.
Selon mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la déglinguée, cette annonce a créé des troubles dans un pays où plus de 80% de la population vivent avec moins de 30 dollars par mois.
Un député national a eu à faire face à une association momentanée entre sa mère et sa femme. D’ordinaire elles ne s’entendent pas. Mais par l’odeur de l'argent alléchées, elles s’en prirent à lui pour qu’il leur dise où il dissimule son butin.
Son train de vie, l’aide au clan familial et l’argent de ménage ne reflétaient pas les 21.000 dollars.
En vérité, le salaire d’un député national avoisine les 7.000 dollars auxquels il faut ajouter diverses primes piquées dans les frais de fonctionnement qui peuvent atteindre 5.000 dollars. C’est toujours énorme.
On dit chez nous que si tu regardes une image très laide, vérifies que ce ne soit pas ton reflet.
GML