Les inénarrables pasteurs des églises de réveil qui sont passés maîtres dans l'art de soulager les poches des vivants et de sauver les âmes des morts ne finissent pas de nous étonner. Quelques pasteurs, bishops, archbishops, prophètes, évêques, évangélistes, apôtres et autres se sont déchaînés. Enfer et damnation ! On ne citera pas de noms ici.
D’après mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la déglinguée, chaque jour apporte son lot de surprises. On trouve sur les réseaux sociaux des sextapes impliquant les hommes de Dieu avec des filles et même des femmes mariées. Une vraie débauche de la sexualité !
Certains s’illustrent par de faux témoignages, de faux miracles ou des prophéties montées de toute pièce. Les voies du Seigneur sont décidément impénétrables !
Par l’odeur des dîmes alléchées, un prophète tint à peu près ce langage : les batetela sont des gens intelligents et forts. Mais ils ont un défaut, ce sont des sauvages. Stupeur et tremblements !
Il y en a même qui disposent des écrans prophétiques ! Il y eut des basculeurs, qui faisaient tomber par terre ceux qu’ils touchaient. Ceci expliquant cela, mon ami qui sait tout fut un jour abordé par un quidam qui se dit prophète. Il lui raconta qu’il avait un message prophétique. Dieu avait demandé de le rencontrer pour qu’il lui donne 100 dollars. Saperlipopette !
Mon ami lui répondit qu’il ne savait pas que Dieu le connaissait personnellement. Le pasteur répliqua que Dieu savait même le nombre de ses cheveux. Mon ami fut interloqué d’autant qu’il est chauve comme une calebasse ! Bref, passons !
Les sectes religieuses pullulent dans notre pays convoité par tous les pays voisins et la Chine. La crise multiforme s’est traduite par un relent de spiritualité. Les pasteurs trouvèrent là un moyen d’exploiter la misère. Réalisant que les fétiches ne sont plus d’un grand secours face aux difficultés engendrées et non créées par le Maréchal Mobutu, beaucoup de citoyens se sont tournés vers les sectes religieuses.
D’après mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la déglinguée, les églises de réveil ont l’avantage, contrairement à l’église catholique et aux courants traditionnels des églises protestantes, de promettre un bonheur indicible sur terre et non au paradis après la mort. Ainsi, elles drainent des foules immenses de chrétiens décidés à décrocher leur bonheur, hic et nunc.
Dans cet élan de religiosité, tout le monde est content. Les pasteurs, parce qu’ils s’enrichissent grâce aux dîmes versées par les adeptes. Les fidèles, parce qu'ils ont l’espérance d’une vie meilleure. Ils trouvent là une nouvelle famille, une communauté de chrétiens.
Juché sur une estrade, le pasteur se sert dans ses prêches des histoires empruntées à la vie de tous les jours. Chacun y retrouve ses souvenirs et souvent ses malheurs. Ceux qui écoutent les sermons éclatent parfois en pleurs. Ils se disent touchés par la grâce divine. Certains fidèles tendent alors les bras vers le ciel, implorant le pardon divin. Ils pleurent sur leurs misères qui proviennent de leurs péchés. Ils pleurent aussi de joie quand l’orateur les assure que Jahvé va les purifier et les sauver.
La réponse à tout problème se trouve dans la Bible. Il suffit de la lire tous les jours et de prier. Il faut évidemment verser une dîme à Dieu par le canal du pasteur qui est son représentant sur terre. Alléluia !
Pas étonnant dès lors que malin comme un cancrelat, le pasteur devienne vite dodu, ventru, lippu, joufflu, fessu, chevelu et poilu. Pas surprenant que ce métier suscite de nombreuses vocations et draine des aventuriers.
D’après mon ami qui sait tout, le cancrelat est la bestiole la plus coriace sur terre. Même décapité, un cafard peut survivre sept à neuf jours. Enfer et damnation !
Il se prélasse dans nos cuisines, dans les frigos, dans les fours à micro-ondes etc. Il aime l’obscurité. Les radiations ne l’importunent pas. Il peut donc rester vivant après une guerre nucléaire. Honni soit qui mal y pense.
On dit chez nous que qui veut souffrir, traîne son sexe dans la fourmilière.
GML