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Johnny Clegg, "le Zoulou blanc" et chantre anti-apartheid, a tiré sa révérence



Musicien engagé, Johnny Clegg incarnait avec ses chansons, mélange inédit de rythmes zoulou et de pop occidentale, la résistance à l'apartheid puis la réconciliation.

Le "Zoulou blanc" sud-africain s'est éteint mardi à l'âge de 66 ans.

Longtemps victime de la censure en Afrique du Sud, il a connu le succès à l'étranger avant d'accéder au statut de star dans son pays.

Pendant les pires heures du régime raciste, ses chansons ont été interdites. Pour contourner la censure, il a été contraint de se produire - avec son groupe Juluka, formé avec le musicien zoulou Sipho Mchunu - dans les universités, les églises, les foyers de migrants et chez des particuliers.

"Nous devions faire preuve de mille et une astuces pour contourner la myriade de lois qui empêchaient tout rapprochement interracial", racontait-il à l'AFP en 2017.

Malgré tout, l'intraitable police de l'apartheid a interdit certains de ses concerts et le chanteur a été à plusieurs reprises arrêté, accusé de violer les lois sur la ségrégation raciale.

Le gouvernement raciste blanc ne pouvait pas non plus tolérer qu'un des siens puise son inspiration dans l'Histoire et la culture zoulou.

A l'étranger pourtant, et notamment en France, Johnny Clegg a rapidement trouvé un public.

"Les gens étaient très intrigués par notre musique", expliquait le chanteur et danseur, adepte de concerts très physiques.

Une musique révolutionnaire où les rythmes zoulou endiablés cohabitent avec guitare, clavier électrique et accordéon.

'Choc'

En 1982, la sortie de son album "Scatterlings of Africa" le propulse en tête des hit-parades en Grande-Bretagne et en France.

Cinq ans plus tard, il s'affirme comme un artiste "politique" avec le titre "Asimbonanga" ("Nous ne l'avons pas vu", en langue zoulou), tube planétaire dédié à Nelson Mandela, le héros de la lutte anti-apartheid alors emprisonné à Robben Island (Afrique du Sud).

La seule évocation du chef du Congrès national africain (ANC) est alors strictement interdite. Le régime de Pretoria bannit le titre.

Quelques années après la fin de l'apartheid, l'auteur et le héros de cette chanson, désormais libre, s'étaient retrouvés sur scène à Francfort (Allemagne) pour un concert aussi magique qu'inattendu.

Alors que Johnny Clegg chantait "Asimbonanga", le public s'était levé comme un seul homme.

"J'ai aperçu du coin de l'oeil quelqu'un derrière moi qui était en train de monter sur la scène, en dansant (...). C'était Mandela ! Ça a été un choc. Je ne savais même pas qu'il était là", avait raconté Johnny Clegg à l'hebdomadaire français Le Nouvel Observateur.

A la fin de la chanson, Mandela avait lancé de sa voix posée, au micro : "C'est la musique et la danse qui me mettent en paix avec le monde."

'Né deux fois'

Né en 1953 au Royaume-Uni d'un père britannique et d'une mère zimbabwéenne, chanteuse de jazz de cabaret, Johnny Clegg débarque à l'âge de 7 ans dans une Afrique du Sud où la minorité blanche règne en maître absolue sur la majorité noire.

Initié aux cultures locales par son beau-père journaliste, Johnny Clegg assure que son refus de l'apartheid n'a rien de politique.

"Je n'étais pas motivé politiquement mais culturellement. J'aime la musique et la danse", expliquait-il simplement.

Les yeux ouverts dans un pays borgne, il se glisse dès 15 ans dans les foyers de travailleurs noirs, au mépris des interdits. Là, il découvre les danses et les mélodies zoulou et s'invite secrètement pour danser avec les troupes traditionnelles.

Quand l'apartheid tombe définitivement en 1994, "c'est comme si nous étions tous nés une seconde fois", confiera-t-il.

Quelques années plus tard, l'enthousiasme cédera la place aux doutes. "La lutte était plus simple autrefois. On vivait ici dans un tunnel, coupés du reste du monde, on se définissait +contre+, menant une bataille qui masquait toutes les autres."

"Aujourd'hui (...) on est aux prises avec tout une série d'enjeux et de conflits liés à la pauvreté, la construction d'une nation, le sida, la mondialisation", ajoutait le musicien.

Après une nouvelle rémission d'un cancer du pancréas diagnostiqué en 2015, il se lance deux ans plus tard dans une tournée mondiale d'adieu dont il réussira à honorer toutes les dates, les dernières en 2018.

"J'ai eu une carrière gratifiante à bien des égards (...) en réussissant à rassembler des gens grâce à des chansons, surtout à un moment où cela semblait complètement impossible", se félicitait le musicien qui a vendu plus de 5 millions d'albums.

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A Propos

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Ali Kalonga

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