Ils ne sont que quinze joueurs dans l’histoire de la NBA à avoir réussi un « five-by-five », cette prouesse statistique qui fait état d’au moins 5 points, 5 rebonds, 5 passes décisives, 5 contres et 5 interceptions au cours de la même rencontre. Propriété d’une caste de joueurs polyvalents (Hakeem Olajuwon, David Robinson, Nicolas Batum, Anthony Davis…), le « five-by-five » a récemment vu s’ajouter à la liste de ses lauréats, le nom de Victor Wembanyama. Le 23 février, l’intérieur français a compilé 27 points, 10 rebonds, 8 passes décisives, 5 contres et 5 interceptions dans une défaite contre les Lakers. Un récital individuel grâce auquel « Wemby » s’est vu, une fois encore, attribuer tous les superlatifs.
Dans une vidéo du média First Team, l’ailier français Nicolas Batum - lui-même auteur d’un « five-by-five » en 2012 - n’a pas dissimulé son emballement. « En 75 ans de NBA, il n’y a que quinze joueurs qui l’ont fait, et lui [Victor Wembanyama, ndlr] il va peut-être le faire trois fois en une saison !, hallucine le vétéran, d’habitude tempéré. On en reparle dans dix ans, mais ça ne m’étonnerait qu’il en ait fait une vingtaine. Je suis très sérieux, ça ne serait pas étonnant. De la même façon que [Russell] Westbrook a banalisé le triple-double [réussir des statistiques à deux chiffres dans trois catégories, ndlr], je pense qu’à long terme Victor va peut-être banaliser le five-by-five tellement il sera imposant et fort. »
Un emballement auquel Victor Wembanyama a répondu, la nuit dernière, en conférence de presse. « J’espère qu’il [Nicolas Batum] a raison, mais c’est sûr que c’est atteignable, bien sûr. » Comme souvent en conférence de presse, le prodige des San Antonio Spurs n’a pas appuyé sur la pédale de frein. C’aurait presque été un excès de prudence tant à 20 ans sa production statistique atteint des sommets. Victor Wembanyama est le 1er joueur de NBA aux contres (3,4 de moyenne par match), le 12eme aux rebonds (10,2) et aux interceptions (1,3), le 36eme aux points (20,9) et le 81eme aux passes (3,4). Une première pour un rookie qui compose avec le 98eme temps de jeu de toute la ligue : 28,7 minutes par soir.
Pas impossible donc, qu’à terme (ou bien avant), Victor Wembanyama banalise le « five-by-five » et s’approprie de nouveaux horizons statistiques en NBA. Et s’il faut approfondir au-delà des chiffres purs, son impact vogue déjà dans la bonne direction. Le natif du Chesnay (Yvelines) est le joueur du cinq de départ des Spurs avec le plus haut « plus/minus ». Cette statistique - peu connue du grand public, mais ô combien révélatrice - montre le différentiel de points lorsque le joueur est sur le terrain.
Cette saison, le plus/minus de Victor Wembanyama est de -141. Il peut sembler bas (forcément, les Spurs sont derniers de NBA) mais est relativement haut, comparé à ceux de ses coéquipiers : - 224 pour Devin Vassel, -310 pour Malaki Branham et -324 pour Jeremy Sochan.
Au fur et à mesure des garanties que donnera le corps de Wembanyama (55 matchs joués sur 61 possibles cette saison), l’entraîneur des Spurs, Gregg Popovich, baissera sa jauge de sûreté et accordera davantage de temps de jeu au Français. Dès lors, il sera difficile de fixer une limite à sa production statistique, car dans l’histoire, Wembanyama est celui qui dispose du plus faible temps de jeu (28,7 minutes) parmi les joueurs ayant déjà cumulé 20 points, 10 rebonds, 3 passes décisives et 3 contres de moyenne sur une saison. Les deux autres ? Kareem Abdul-Jabbar et David Robinson, qui avaient respectivement 29 et 30 ans, ainsi qu’une grosse poignée de minutes en plus (36,8 minutes).
Arthur Baudin