Déclarée le 29 mars dernier vainqueure de la première édition du Grand Prix congolais du livre dans la catégorie fiction, Lilia Bongi s’est confiée à la presse. Elle nous parle de son ressenti, l’importance attachée à ce prix, du résumé de son ouvrage intitulé « Amsoria » ou encore de son prochain projet dans la littérature.
Née au Congo Belge, elle vit actuellement en Belgique où elle a vécu la majeure partie de sa vie. Elle dit avoir une ouverture culturelle à trois réalités différentes entre le Congo, la Belgique et l’Union Européenne. Ce qui lui permet de viser un public universel. “Amsoria” est son premier roman inspiré de sa propre vie.
Quel ressenti aviez-vous lorsque vous avez appris que votre premier roman était primé ?
Lilia Bongi : De la joie et de la frustration. De la joie car je suis heureuse d’avoir remporté ce prix qui est le premier de son genre au niveau national. De la frustration car je n’ai pas pu être présente pour vivre sur le lieu au moment de l’annonce.
Quelle importance attachez-vous à ce prix ?
Je n’en reviens pas d’avoir remporté ce prix décerné par mon pays d’origine et de sang. La récompense est double. Non seulement mon écriture est reconnue mais j’ai le sentiment que par ce prix, on récompense aussi le parcours de vie singulier qui a fait de moi la femme qui a gagné le premier prix. J’espère que ce prix donnera lieu auprès des jeunes à des vocations d’écriture ou à tout le moins à un goût pour la lecture. J’espère aussi que les gens seront curieux de découvrir mon univers et de lire mon livre.
Vous retracez les grands évènements de la fin du 20ème siècle. Pourquoi 20 ans après ?
Le roman n’a pas vocation à être un livre d’histoire. En outre, mon envie d’écrire n’est pas arrivée du jour au lendemain. Elle se préparait certainement déjà depuis longtemps, sans que je m’en rende vraiment compte. Le recul et le parcours de vie ont permis au projet de mûrir pour m'apparaître une évidence au moment où mon agenda s’est libéré des contraintes professionnelles. C’est alors que j’ai pris conscience que j’avais à ma petite échelle, un témoin parfois privilégié, parfois pas d’une histoire qui me dépasse.
Ce sont les événements qui parsèment mon récit au moment où mes personnages les vivent que je mets en lumière par crainte que personne ne les mentionne jamais. Mon intention n'était et n’est nullement de me substituer aux historiens ou autres spécialistes dont le métier est de raconter les faits dans leurs précisions objectives mais de faire part d’un ressenti, d’une page de l’histoire de manière purement subjective.
À quel public le livre Amsoria est-il spécialement destiné ?
La version initiale, soumise à mes proches, approchait les 600 pages. Je me perdais dans des détails. Lorsqu’il a été décidé de transformer l’histoire en roman, j’ai réduit le volume pour en faire le roman qui contient aujourd’hui 333 pages. Quant au lecteur, je ne pense pas qu’il faille viser un public type. Mon ouverture culturelle à trois réalités différentes (le Congo, la Belgique et l’Union européenne) est d’une cohérence singulière qui définit aussi mon propos. Cette particularité fait ma force et me définit sans doute aujourd’hui, ce qui me fait dire que mon livre est destiné à un public universel. Vous avez pris la plume pour vos enfants comme nous avons pu le lire dans votre note biographique.
De quoi ont-ils bénéficié dans le livre Amsoria ?
Mes enfants me sont reconnaissants car contrairement au « grand public », ils ont bénéficié d’une version non romancée de l’histoire, de leur histoire regorgeant de détails intéressants pour eux qui auraient sans doute été rébarbatifs et vides d’intérêt pour mes lecteurs. Aussi, depuis et grâce à ce livre nous écrivons ensemble une nouvelle page de notre histoire familiale que le prix vient couronner. Ils se sont fortement investis dans le projet et je ne les remercierai jamais assez. Mon fils s’est chargé de faits historiques, tandis que ma fille m’a prodigué des conseils juridiques et aidé pour l’édition du livre que j’ai publié en autoédition. Cette dernière est d’ailleurs très investie dans la promotion d’Amsoria. C’est elle qui a découvert l’existence du Grand Prix Congolais du livre et m’a obligé à y participer. “Amsoria” est donc avant tout une affaire familiale !
Pourquoi avez-vous préféré une auto édition pour ce premier livre ?
Par souci d’indépendance et de liberté totale. Pas un instant je n’ai regretté ce choix. Le prix que l’on vient de me décerner confirme que j’ai bien fait.
Quelles critiques avez-vous déjà reçues depuis la parution du livre en 2020 ?
J’avoue que de manière générale, les retours sont excellents, ce qui me fait vraiment plaisir. Certaines personnes ont cependant tendance à me parler d’Amsoria comme étant une autobiographie pure et simple alors qu’il s’agit bel et bien d’un roman.
En RDC, comment faire pour se procurer du livre ?
Tous les points de vente du livre sont sur mon site internet www.amsoria.com. Vous pouvez le trouver en version papier et ebook sur Amazon et Kobo. A Kinshasa, vous pouvez vous le procurer au Grand Hôtel Pullman ou encore Book Express, 227 avenue Nyangwe c/Lingwala, Kinshasa). Par ailleurs, d’autres points de vente et moyen de distribution sont en cours de négociation. Mon site sera actualisé en temps voulu.
C’est quoi le contenu du prochain livre ? Le conte rentre dans la même logique que votre premier livre ?
Mon prochain livre est un conte de fées. De facto pas dans la même logique que mon roman. C’est un conte qui s’adresse à la jeunesse, que je veux emprunt du lyrisme, de l’onirisme et de la beauté des contes congolais, tels que ma mère me les racontait. C’est un conte que je voudrais présenter aux écoles et lire ensemble avec les élèves.
Propos recueillis par Emmanuel Kuzamba