A l’occasion de la journée mondiale de la photographie, célébrée le 19 août, le département de photographie de l’académie des beaux-arts a réuni artistes, étudiants, passionnés et d’autres catégories de personnes autour de la photographie. Une conférence débat a eu lieu avant l’exposition photos autour du thème “sur les traces du passé”.
Quatre (4) orateurs sont intervenus sur la photographie, sa production, sa préservation et sa promotion. Maître Lema Kusa, premier intervenant et dont le père fut un des précurseurs de la photographie en RDC, est revenu sur son expérience avec la photographie, qui date des années avant l’arrivée de nouvelles technologies et l’évolution de l’informatique. Il a ramené l’appareil dit “Agrandisseur” utilisé pour le traitement des photos dans les studios.
Constantin Kuhanuka, considéré comme un doyen du domaine de la photographie en RDC, a donné des éléments pour la production photo partant de son expérience de 38 ans de travail au Sénat.
« La photo nous accompagne de notre naissance jusqu’à notre mort. Quand nous sommes joyeux, on utilise la photo ; pour le baptême, c’est la photo ; le mariage, c’est toujours le photographe qui est à côté de vous », a-t-il affirmé.
Et d’ajouter :
« Dans la photographie, il faut être patient et persévérant. Quand vous persévérez, vous aurez un résultat. Quand le président Kasa-Vubu est mort, mon père avait un négatif de lui habillé en costume blanc. Nous avons cette photo à des milliers d’exemplaires, cela nous a permis d’acheter une parcelle ».
Il a également soulevé la difficulté de la photographie à l’ancienne face à l’évolution technologique. Le marché n’est plus le même et l’adaptation est un impératif. Ce qu’il réussit à faire pour continuer dans cette discipline.
Le photographe et archiviste Baudouin Bikoko est intervenu sur la préservation des archives photographiques. Préserver, c’est garder pour notre mémoire, dans un pays comme la RDC, pas de photos, pas d’histoire, affirme-t-il.
La photographie qu’il dit être la discipline artistique la plus populaire au monde, a connu un bouleversement si pas une mutation avec l’arrivée des smartphones, fabriqués par des milliards en 2017. Cependant, il tient sur la différence entre les utilisateurs d’un téléphone avec un appareil photo intégré et les photographes professionnels.
« Les utilisateurs des smartphones ne sont pas des photographes. Un professionnel, même avec un téléphone, fait des photos pour les autres. Il les fait pour les montrer. Si le photographe professionnel disparaît, l’image disparaît », a déclaré Baudouin Bikoko.
Pour clore les interventions, le chef de département de photographie de l’académie des beaux-arts, Arsène Mpiana, a parlé de la promotion des œuvres photographiques. Plus jeunes que les trois premiers intervenants, il s’est essentiellement appesanti sur les réseaux sociaux comme moyen principal et efficace actuellement.
« Que ce soit un petit ou un grand événement, je fais de mon mieux pour bien communiquer. C’est important. Je fais cette conférence aujourd’hui et demain, on va m’appeler pour d’autres piges, parce que je vais communiquer avec cela. Je sais me positionner et me faire un nom », a-t-il.
Arsène Mpiana est photo journaliste. Il travaille avec des médias internationaux comme pigiste et expose quelques-unes de ses œuvres photographiques dans des festivals. La dernière en date, à la biennale Yango, à Kinshasa. Le tout, parce que, dit-il, il sait vendre à travers les réseaux sociaux qu’il qualifie de vitrines pour les artistes, qui plus est artistes visuels.
Le réseau social qu’il a conseillé aux artistes visuels est Instagram qui reste encore professionnel. Il peut servir de portfolio, ajoute-t-il. Dans le contenu, il recommande de l’orienter par rapport au public cible. Ce qui n’est pas pareil pour une photojournaliste, un photographe archiviste ou photographe professionnel ou encore shooter.
Quant aux droits d’auteur, la question fait encore couler encre et salive étant donné que les photographes s’en plaignent. Certaines de leurs œuvres sont utilisées sans demande au préalable et sans mentionner l’auteur, parfois dans des magazines ou à la télévision.
Depuis peu, les photographes se réunissent en cette journée mondiale de la photographie pour réfléchir sur leur métier. L’année dernière, un partage d’expérience a eu lieu dans un autre cadre, s’accentuant sur le fait que la photographie ne se résume pas en des photos événementielles ou en des “photos shooting” mais il s’agit de tout un art comme la peinture et le dessin.
Les conférences-débat et l’exposition se poursuivent ce samedi à l’académie des beaux-arts. Dans la première salle d’exposition, les œuvres photographiques, dont la plupart sont les œuvres de Jean Depara, sont à visiter toute la journée. Des photos en noir et blanc qui ramène à une autre époque à Kinshasa.
Emmanuel Kuzamba