La hausse des prix de certains produits sur les marchés à travers l'ensemble du territoire national ne concerne pas seulement les denrées alimentaires de première nécessité. La pâtisserie notamment les pains n’est pas en reste. A Kinshasa, par exemple, il se constate depuis près d'un mois, la disparition de la miche de pain communément appelée « Kanga journée », vendue à 200 FC et fabriquée à la boulangerie Pain victoire.
Cette baguette de pain vendue autrefois à 200 FC, est passée à 300 FC. Celle qui coûtait 300 FC se vend aujourd’hui à 500 FC. Et dans la matinée de ce week-end, la baguette de 500 FC est passée à 750 FC.
Quelques vendeuses approchées par ACTUALITE.CD ne sont pas restées indifférentes par rapport à cette réalité.
« Le gouvernement ne fait aucun cas de la population. Il souhaite la souffrance de la population (…). J'ai refusé d'ailleurs de prendre ce pain de 750 FC. Parce qu’à combien dois-je le revendre ? Comment allons-nous vivre ? Tous les articles connaissent la hausse des prix au quotidien sur le marché. Le ministre de l'économie ne fait aucun cas de nous. Il faut que les autorités fassent le suivi dans toutes les boulangeries », a déclaré cette vendeuse, la quarantaine révolue, qui a étalé ses pains aux environs de la boulangerie pain victoire sur l’avenue Kabinda dans la commune de Lingwala.
A en croire les vendeuses, la principale raison qui a favorisé cette hausse des prix des pains demeure un mystère jusqu'à présent.
« Nous ignorons jusque-là la raison ni la cause de cette hausse des prix. Et nous sommes contraintes de l'accepter parce que c'est notre moyen de vivre alors nous n'avons pas le choix », a-t-elle ajouté.
Bien plus, les vendeuses des pains de ladite boulangerie expliquent qu'à chaque commande des pains effectuée, il y a des bénéfices qu'elles appellent “commission” et dont la responsabilité revient à l'entreprise. Celle-ci, dans ses attributions, a le devoir de les garder jusqu'à la fin du mois pour payer chacune selon les commandes faites pendant le mois. Curieusement, font remarquer ces vendeuses, il se constate que cette commission n'a pas été majorée en dépit de la hausse des prix de ces pains.
« Il fallait qu'ils augmentent aussi notre commission mais ils ne l'ont pas fait. Depuis que le taux de dollars était à 95 ... la commission reste la même tandis qu'ils ont augmenté les prix des pains. Si tu passes la commande d'une bague de pain à 6000 FC, on te gardera une commission de 1560 FC à récupérer à la fin du mois », explique une autre vendeuse, la vingtaine révolue.
Elles appellent le gouvernement à s’impliquer dans la situation pour que des solutions idoines soient trouvées. « Si nous arrêtons de vendre les pains, de qui allons-nous vivre ? C'est ça notre moyen de vivre », font-elles savoir.
Du côté de la population, on ne cache pas sa frustration.
« Nous ne voyons plus de différence entre la miche de pain vendue hier à 200 FC et qui est maintenant vendue à 300 FC. Cette miche n'a fait que changer de prix tout en gardant la même dimension. Nous ne savons plus manger à notre faim. Et que dire de ce parent qui n'a que 1000 FC pour offrir 5 baguettes de pain à ses enfants alors que le prix est revu à la hausse ? Tout ceci perturbe le calcul (...). L'Etat congolais devrait y penser et agir »,
Rappelons qu’à son avènement à Kinshasa, ce pain fabriqué par la méga-boulangerie industrielle Pain Victoire a été surnommé par les Kinois "Kanga journée" en raison de sa consistance à l’époque. Par cette appellation, les Kinois expliquaient qu’une seule baguette pouvait suffire pour rassasier son consommateur durant toute la journée. Fort malheureusement, cela n'est plus le cas actuellement.
Ghislaine KANDA