Quelles sont les pistes de solution pour que la République démocratique du Congo tire profit de sa collaboration présentée comme « gagnant-gagnant » avec la Turquie ?
Pour relever ce défi, le Groupe d’étude sur le Congo et Ebuteli, son partenaire de recherche en RDC, préconise que le Gouvernement congolais puisse recourir aux négociateurs des cabinets privés ayant fait leurs preuves en vue de limiter la corruption des acteurs étatiques dans les négociations.
« Ainsi, pour éviter les erreurs du passé, le bon choix des négociateurs est indispensable. D’autant que le monopole de la présidence de la République dans ce type de négociations a montré ses limites. Il s’agit en effet de l’une des institutions où beaucoup de scandales financiers sont décriés. La même critique vaut également pour les ministères impliqués dans les négociations. L’État congolais a donc intérêt à recourir également aux négociateurs des cabinets privés ayant fait leurs preuves dans ce domaine. Cette option permettrait de limiter la corruption des acteurs étatiques dans les négociations », ont indiqué GEC et Ebuteli.
Étant donné que les termes des accords signés entre Kinshasa et Ankara demeurent encore inconnus, ces centres de recherche martèlent sur la nécessité de privilégier la transparence.
« Depuis la signature de ces accords fin février, rien n’a filtré sur le contenu des accords, les conditions qui les entourent, les échéances de leur mise en œuvre. Il est pourtant important que les citoyens en soient pleinement informés. Le débat au Parlement autour de leurs éventuelles ratifications doit permettre à tout le monde de tirer ses conclusions sur le caractère gagnant-gagnant, ou non, de cette nouvelle coopération avec la Turquie », ont-ils affirmé.
À ce sujet, GEC et Ebuteli invitent l'État congolais de veiller par ailleurs à la sélection des sociétés turques crédibles et compétitives pour opérer en RDC en fonction de l’expérience, les garanties financières et la transparence.
« Il doit s’agir des sociétés qui publient régulièrement leurs états financiers de synthèse audités par un cabinet privé indépendant. On ne doit pas non plus perdre de vue que la RDC a intérêt à assainir la gestion de ses entreprises publiques. Certaines d’entre elles seront impliquées dans différents projets promis par la Turquie. De ce point de vue, la privatisation de leur gestion pourrait les mettre à l’abri des pressions que subissent les membres des comités de gestion désignés sur base des arrangements politiques », ont-ils insisté.
Pour ces centres de recherche, les tractations en cours entre la RDC et la Turquie doivent enfin déboucher aussi sur le choix judicieux des entrepreneurs nationaux et des sociétés privées congolaises capables d’entretenir des bonnes relations d’affaires avec les investisseurs turcs pour prévenir la corruption, le détournement ou le blanchiment des capitaux.
Lors de son séjour fin février à Kinshasa, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a paraphé avec son homologue congolais, Félix Tshisekedi, 7 accords de coopération dans plusieurs domaines, notamment la sécurité, la santé, les infrastructures et les transports.
Merveil Molo