Le film documentaire congolais intitulé “Libende Boyz” a été projeté en avant-première mondiale ce mercredi 13 avril à Nyon en Suisse, au Festival Vision du réel. Cette projection marque également la sortie de ce film de 46 minutes consacré à l’histoire des rappeurs de la ville de Beni, au Nord-Kivu, qui rêve de la paix en cette partie de la RDC en proie à des tragédies depuis plusieurs années.
Le film a connu aussi des projections scolaires en début de semaine dans la même ville, devant 250 à 300 élèves, tous réagissant de diverses manières face à une réalité qui leur est, pour beaucoup, étrangère. Le film revêt un caractère universel, nous a fait savoir la réalisatrice. L’histoire peut parler à un jeune qui se trouve à Nyon, à Canberra, n’importe où, ajoute-t-elle.
L’actualité qui a dominé ces derniers jours dans la partie Est du pays est celle de la résurgence de la rébellion M23. Elle a pris le contrôle d’une dizaine de villages au Nord-Kivu en plein état de siège avant d’annoncer un cessez-le-feu unilatéral et le retrait de certaines de zones conquises en vue de donner la chance au dialogue avec le gouvernement congolais. Le premier ministre, Sama Lukonde et sa suite ont séjourné dans cette province pour l’évaluation de l’état de siège qui dure depuis près d’un an.
C’est dans un contexte similaire depuis 2014 que les rappeurs appelés “Libende Boyz” travaillent. Ils produisent des chansons dans lesquelles ils parlent de leur vie de tous les jours qui n’est pas faite seulement de moments de tristesse, en donnant l’espoir que la paix reviendra.
Un film sur la vie quotidienne
Wendy Bashi qui a écrit ce film documentaire, est journaliste. Elle vit en Europe et travaille pour un média allemand. Dans cet état des choses, il lui est arrivé de traiter des sujets sur la sécurité Est congolaise à distance en utilisant des dépêches. Éloignée de la vraie réalité, elle a dû se rendre sur place pour la palper. Elle est tombée sur des artistes qui l'ont marquée.
« J’ai eu envie d’aller voir, par moi-même, ce qui se passe sur le terrain, mais surtout, j’ai eu envie de raconter autre chose que du factuel. J’ai eu envie de me rapprocher le plus possible des gens pour raconter leur vécu, leur quotidien dans cette partie du monde où des gens vivent des exactions, des violations de droit de l’homme au quotidien », a-t-elle raconté à la presse.
Tourné en RDC avec une post production en Belgique, le film est aussi la découverte d’une population ouverte et hospitalière, prête à faire entendre, à travers les médias, sa voix dans le monde. Les témoignages et réactions sont celles de ceux qui vivent au quotidien ce que beaucoup n’apprennent que dans la presse.
Emmanuel Kuzamba