C’était un carton plein à l’ouverture de la septième édition du festival du film européen. Jeudi 18 mai, à l’Institut Français de Kinshasa, les chaises étaient pleinement occupées par le public, y compris les marchepieds. Jeunes et vieux emplis d’enthousiasme de voir, ou revoir pour beaucoup, le film « La vie est belle », ce long métrage de près d’une heure trente. Les actions de Kourou (personnage incarné par Papa Wemba), Emoro ou de Kabibi n’ont pas manqué de faire crier ou applaudir le public.
La fameuse chanson “travaillez prenez de la peine, c’est le fond qui manque le moins, na beta libanga po ete nzwa mosolo, na motoki na yo nde ozwi lifuta” est très bien connue et chantée pendant la projection. Une passion, un exemple, une inspiration, un véritable chef-d’œuvre qui ne cesse de traverser les générations. La version du film qui a été projetée est une copie techniquement restaurée.
Les couleurs d’origine, le mixage d’origine et les sons ont été retrouvés et retravailler. Le réalisateur du film, Mweze Ngagura, présent dans la salle, a été joyeusement applaudi. Dans sa prise de parole, il a regretté les décès de plusieurs acteurs qui ont participé au film, pour lesquels une minute de silence a été observée.
« Pour moi, c’est un film triste quand je regarde la liste des morts qu’il y a depuis le tournage, jusqu’à ce jour. Je vous ai entendu chanter toutes les chansons du films, anticiper applaudissements sur certaines actions ; ça montre que nous étions ensemble, et que nous sommes toujours ensemble », a dit Mweze Ngagura.
La dernière fois que le film a été présenté avec le public à Kinshasa remonte d’un temps immémorial dont le réalisateur ne se souvient plus. Ce film, photocopie d’une époque, a coûté au réalisateur quelques heures d’insomnie et beaucoup de travail, et 45 millions de francs belge pour la production, comme l’a souligné Mweze Ngagura.
Côté public, l’émotion est grande, pareille que la première fois d’avoir regardé le film, pour ce qui est de Tshoper Kabambi, cinéaste et initiateur du Festival International de Cinéma de Kinshasa (Fickin).
« C’est la même émotion que j’ai dégagée quand j’ai regardé La vie est belle pour la première fois. Ça reste l’un de meilleurs films que j’ai jamais vu de toute ma vie. Je suis enseignant aussi, je me base par moment sur ce film pour enseigner le cinéma. C’est vraiment un très beau film, et savoir que c’est un congolais qui a fait ce film est une fierté pour moi », a-t-il confié.
Et d’ajouter :
« Ce qui est particulier dans ce film, c’est sa simplicité. Le traitement du scénario, les acteurs, les maisons, les rues, les mouvements de la caméra, les ellipses, la technique, tout est tellement naturel. C’est simple qu’on a pas cherché à impressionner »
De son côté, Jackson Lohanga, artiste danseur et quelques fois acteur dans des films, propose plutôt que des films aussi important soit projeté dans des lieux publics de Kinshasa pour donner un coup de pouce au cinéma congolais.
« Je suis très ému de voir ce film. Ça nous fait plaisir que de voir ces acteurs qui ont joué dans ce film. Mais je pense que ce genre de film doit être projeté dans des endroits publics, pas seulement à l’Institut Français. Si c’était en grand public, ça allait être encore mieux. Ça donnera de l’importance au cinéma congolais. Le terrain est vide, il faut faire pleuvoir quelque. Ça fera en sorte que les cinéastes qui viendront après puissent gagner le marché au Congo », dit-il à ACTUALITÉ.CD
Le festival du européen est organisé, depuis près de 10 ans, par le pôle-Eunic RDC, coordonné par l’Institut Français de Kinshasa. Cette année, un peu plus d’une semaine a été consacrée pour plus de 20 projections gratuites de plus de 30 films dans tout Kinshasa. Elles ont eu lieu, aussi bien à la halle de Gombe, que dans des centres culturels locaux et écoles, tels que le complexe scolaire les Okapis, la bibliothèque Totagnga, l’espace Jazz connexion, le centre culturel Aw’art, Ndako ya la vie est belle, le terminus, ciné club Bimpa production, etc.
Emmanuel Kuzamba