Si c’était un ballon d’essai, Joseph Kabila en a désormais la preuve irréfutable : les Congolais ne veulent pas de son retour dans la scène politique active, surtout pas à la tête du pays.
Au cours de l’émission « Appels sur l’actualité » diffusée par Radio France Internationale (RFI), mardi 20 juin 2023, tous les intervenants se sont clairement exprimés contre son comeback.
Après près de trois ans de silence où il a passé le plus clair de son temps entre ses fermes privées de Kinshasa et du Grand Katanga, l’ancien chef de l’État a pris la parole devant les quelques barons de sa famille politique, Front commun pour le Congo(FCC) qui lui sont restés fidèles.
Après avoir critiqué la gestion du pays par son successeur Félix Tshisekedi, il a nié avoir pris sa retraite politique et annoncé qu’il s’adressera très prochainement à la population congolaise.
Malheureusement pour celui qui a dirigé la RDC de 2001 à janvier 2019, le peuple congolais n’attend de lui que des excuses aux nombreuses familles victimes des atrocités et des violations des droits de l’homme commises sous son règne et pas autre chose.
C’est en tout cas ce que la quasi-totalité des intervenants à l’émission précitée ont souhaité.
« Il est libre, conformément à l’article 23 de la Constitution, d’exprimer ses opinions, ses pensées, mais attendre qu’il revienne, pour nous dire quoi ? Parce qu’il a oublié qu’il y a deux dynamiques qui l’ont chassé du pouvoir : la dynamique interne où il a pratiquement nagé dans la mégestion, brassage, mixage, infiltration et fragilisation de notre armée… aujourd’hui l’âge moyen du militaire congolais c’est 50 ans. Est-ce qu’un militaire de 50 ans peut se battre ? Et, la dynamique externe avec notamment de sanctions de l’Union européenne, du trésor américain qui ont visé ses proches.
Il va nous dire quoi ? Quand il va revenir, je m’attends à ce qu’il nous demande pardon, nous qui avons perdu de parents, qui avons été victimes, qu’il demande pardon à la famille de Rossy Mukendi, Kapangala, Floribert Chebeya, de Fidèle Bazana qui n’a jamais été enterré et d’autres victimes. Aussi longtemps qu’il ne demandera pas pardon à la population congolaise, on ne sera pas à l’écoute de ce qu’il dira », a déclaré un Congolais dont la mère a été tuée lors du conflit de la milice Kamwina Nsapu dans le Kasaï sous Kabila.
Au moins comme député ou sénateur
Un autre intervenant a soutenu que s’il y a des congolais qui attendraient le retour de Joseph Kabila dans la scène politique, ce sont forcément des privilégiés de son régime, qui en ont bénéficié au détriment du reste de la population.
Bien plus, la petite frange des Congolais qui se disent favorables au retour de l’ancien président de la République préfèrent le voir briguer un siège aux législatives nationales ou devenir actif en tant que sénateur.
« Kabila et son clan n’ont pas intérêt à forcer une porte qui est bien verrouillée. J’aimerais bien voir Kabila comme député national ou sénateur actif pour apporter son expérience. Il peut bien être ministre », a précisé un intervenant.
Un autre a enchaîné que les gens de son clan, le FCC, le poussent à la faute et qu’il doit éviter de tomber à leur piège.
« Kabila ne peut pas s’ hasarder à présenter sa candidature car, ça ne va pas passer. La Cour constitutionnelle a déjà tranché là-dessus. La Constitution a déjà tranché. Deux mandats, pas plus. Kabila peut bien revenir aux législatives. Mais comme président de la République, son temps est déjà révolu », a martelé cet auditeur de RFI.
Par ailleurs, les plus avisés de congolais sont convaincus que si le fermier national parvient à faire un comeback à la tête du pays, ce sera pour assener le coup de grâce à la RDC.
« Dix-huit ans durant, il a mis le pays à genoux. La corruption était le mode de gestion. Il a détruit le tissu socio-économique du pays. Il a détruit la justice et l’armée », a rappelé un auditeur de Kinshasa.
A noter que l’avenir de Joseph Kabila est scellé par l’article 70 de la constitution, qui stipule que : « Le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. A la fin de son mandat, le Président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau Président élu. »