Il y a exactement 63 ans que la République Démocratique du Congo est indépendante. En date du 30 juin 2023, la célébration a été faite par tout le pays, à travers différentes activités, dans cette journée de surcroît, chômée et payée. Du côté culturel, l’artiste Rodrigo Gukwikila a invité le public à s’interroger sur le fruit de cette indépendance acquise au prix du sacrifice suprême de certaines figures. Ce qu’il qualifie de “Mbuma ya Kimpwanza” (en lingala).
Tout le monde a eu accès à cette exposition tant elle s’est passée dans un lieu public et en plein air. Entre connaisseurs et habitués de l’art, et ceux qui se prêtaient à l’exercice pour la première fois, tous étaient appelés à s’interroger sur l’indépendance. Peinture sur toile, sur étoffe, sur acrylique de Rodrigo ainsi que des dessins des élèves ont rempli les murs de l’école Les Hortensias, dans la commune de Kintambo.
« Mbuma ya Kimpwanza est une pensée artistique. Un fruit de l'esprit, un exercice artistique qui prend cet événement majeure de l'histoire du pays comme un processus menant vers un résultat, un aboutissement, d'où « mbuma », fruit en français, veut ici dire « résultat ». II constitue un acte qui permet la pénétration, la plus intime, des réalités de la vie sociétale congolaise sans gants, afin de traiter des problématiques de divers ordres. Une sorte de bilan, à peine voilé, de l'indépendance acquise il y a 60 ans. En même temps, il s'agit de parler de la notion de transmission des connaissances, historiques et générales, via la pratique artistique », peut lire dans la description de l’exposition.
Rodri Gukwikila dit être animé par le souci de vivre son art dans sa société, trouver une alternative au manque de galerie. Habitant de Kintambo, il veut éduquer ses proches à l’art et toute la société. Afin de ramener l’art dans l’environnement et l’environnement dans l’art. Il avait déjà fait une exposition avec un concept similaire dénommé “Tambusa mur” (faire circuler le mur”.
« Le mot à dire pour cette exposition, c’est la détermination. Peu importe le problème. On a des difficultés avec les espaces, on reste déterminé. On peut nous adapter à notre société, organiser des espaces pour faire notre travail », a indiqué l’artiste.
L’initiative est portée par la plateforme “Bilanga Mobile” de Rodrigo. Ancien professeur de dessin, il garde à l’esprit le vœu d’enseigner, pas que les élèves mais toute la société d’où il s’inspire, prend des éléments puis réalise ses œuvres.
« Nous avons l’habitude de voir ces genres de choses dans des endroits dédiés. Ce n’est pas la première initiative de voir s’organiser de tels événements dans la cité. Nous, en tant que critique d’art, nous les encourageons de plus en plus sur notre scène. Nous encourageons d’autres artistes ou opérateurs culturels à se lancer dans ce genre d’initiatives », a dit Jean Kamba, critique d’art, rencontré sur place.
Côté de l’école qui a autorisé l’initiative sur son bâtiment, on se réjouit de cette autre manière de former.
« De par cette exposition, nous nous sommes rendus compte que c’est la formation qui est exposée ici. Cette exposition contribue au développement de notre jeunesse. Nous encourageons d’aller plus loin et de faire mieux que ce qui est ici aujourd’hui », a fait savoir Jude Munganga, proviseur chef d’établissement de l’école Les Hortensias.
Emmanuel Kuzamba
