Mercredi dernier, la ville de Goma a été témoin d'une violence effrénée qui a coûté la vie à 43 personnes et blessé 56 autres. La cause de cette agitation : une manifestation contre la MONUSCO orchestrée par la secte mystico-religieuse « La Foi Naturelle Judaïque Messianique vers les Nations ».
Le gouverneur du Nord-Kivu, Constant Ndima Kongba, s'est exprimé sur ACTUALITE.CD, relatant les événements tragiques : « Depuis la matinée d'hier, je parcours la ville. Ce que j'ai vu, conjointement avec le médecin, et consigné à la morgue du Camp Katindo à l'hôpital militaire, c'était 6 morts initialement. Toutefois, le bilan s'est rapidement aggravé. »
Le groupe à l'origine des troubles est apparu il y a quelques mois seulement, explique le gouverneur. Sous la houlette d'un certain Ephraim Bisimwa, qui se proclame prophète et originaire du Sud-Kivu, cette secte a déjà paralysé la ville à plusieurs reprises. La tension est montée d'un cran cette semaine lorsqu'ils ont formulé des revendications radicales, notamment le départ de la MONUSCO, l'éviction des Occidentaux et de leurs ONG, et le retrait des forces de l'EAC.
Selon le gouverneur, les forces de l'ordre étaient sur leurs gardes : « Nous surveillions leurs mouvements depuis longtemps. Cette fois, ils se sont rassemblés, plus déterminés que jamais. » Tout a basculé lorsque la police, dans une tentative de contenir la foule, a vu l'un de ses membres capturé, emmené et tragiquement tué par la secte.
La situation a dégénéré lorsque des coups de feu ont retenti, ajoute Constant Ndima. « La manifestation, que nous avions espéré pacifique, a viré au cauchemar », ajoute le gouverneur. Face à la dégradation rapide de la situation, l'armée a été contrainte d'intervenir, suspectant une menace encore plus grande.
La nature violente et imprévisible de cette secte a été soulignée par le maire de Goma, qui avait en amont interdit cette marche. Ces événements tragiques mettent en lumière la nécessité d'une vigilance accrue face à des groupes extrémistes pouvant mettre en danger la sécurité publique.
La situation à Goma reste tendue, et les forces de l'ordre restent en alerte maximale pour prévenir tout autre débordement.
Selon Thomas Fessy, chercheur principal sur la RD Congo à Human Rights Watch, les forces militaires congolaises auraient usé de manière "brutale et illégale" de la force pour empêcher cette manifestation, renforçant un comportement observé depuis deux ans où l'état de siège dans la province du Nord-Kivu sert de prétexte pour réprimer brutalement les libertés fondamentales. L'organisation appelle les autorités à permettre aux familles d'accéder aux victimes et exige la suspension, l'enquête et la mise en jugement public et équitable des hauts responsables militaires impliqués.
actualite.cd/CC