Se dirige-t-on vers une révolution au sein de l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS/ TSHISEKEDI)? La question mérite d'être posée au regard de la démarche entreprise par un des cadres du parti en l'occurrence l'ancien ministre de la santé publique et député national Eteni Longondo.
Après sa correspondance adressée à Augustin Kabuya, secrétaire général du parti, l'élu d'Ikela dans la province de la Tshuapa a une nouvelle fois exprimé son mécontentement de la manière dont le parti présidentiel est géré.
Dans un message vidéo, il a dénoncé les dysfonctionnements internes du parti et appelle à une restructuration urgente.
Dans le même message, le député national Eteni Longondo a annoncé la tenue dans les prochains jours d'un méga meeting à la place Sainte Thérèse à N'Djili (Kinshasa). Il sera question au cours de cette activité de signer un mémo dénonçant la gestion actuelle du parti et appelé à sa restructuration urgente en vue de faire face aux prochaines échéances électorales prévues en 2028.
« Nous devons nous préparer pour 2028 et puis voir comment nous allons accompagner le chef de l'État Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo en cette période où le pays fait face à la guerre dans l'Est. En ce jour, je viens vous annoncer que je vais organiser un point de presse incessamment pour lancer un message aux membres de l'UDPS sur comment nous devons réorganiser notre parti politique et après nous allons organiser une grande activité à la place Sainte Thérèse, nous allons inviter tous les membres de l'UDPS, je sais que 95% des membres de l'UDPS sont frustrés de la manière dont le parti est géré actuellement. Nous allons nous retrouver en famille à la place Sainte Thérèse pour discuter de la marche de notre parti », a lancé Eteni Longondo, député national et cadre de l'UDPS/Tshisekedi.
Et de poursuivre :
« Il sera question ce jour-là d'écrire un mémo nous tous et chacun va poser sa signature et son nom, nous allons également envoyer ce mémo au niveau de nos fédérations à l'intérieur du pays pour signer eux tous y compris nos représentations à l'étranger en France, États-Unis d'Amérique, Afrique du Sud, Canada,eux aussi vont signer le mémo. Je vous demande de ne pas avoir peur tous les membres de la ligue des jeunes, ligue des femmes, force du Progrès, parlementaire debout tous les mouvements associatifs venez nombreux ce jour-là, 5 ans ne sont pas beaucoup, nous devons commencer notre réorganisation maintenant, je vous demande de ne pas avoir peur ».
En réaction, Augustin Kabuya a invité les militants du parti à ne pas se laisser distraire par cette démarche. Il estime que son collègue député et camarade du parti est manipulé et ne mesure pas l'ampleur de la gravité de sa démarche.
« Je vous demande tous d'être disciplinés, ne faites pas la honte du Chef de l'État Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, je vais vous dire ceci ne faites pas passer votre temps à suivre ce dossier, c'est un innocent à qui on a fait porter une arme mais il ne connaît pas l'objectif de cette arme, c'est un innocent. Même son entourage, j'ai toutes les informations, il n'est pas auteur de cette correspondance là mais on lui a demandé de signer et il a signé même dans son entourage, on lui reproche de cette attitude. Vous vous rappelez que je vous avais déjà dit qu'il y aura des moments où nous allons passer des zones de turbulences, n'attristons pas le Chef de l'État puisque le chef de l'État est très concentré sur la situation sécuritaire dans l'Est de la République Démocratique du Congo, son excellence Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo n'a pas le temps d'écouter que dans son propre parti il y a du désordre. Pourquoi je vous dis qu'il est innocent ? Les auteurs de cette lettre se connaissent, je suis au courant de tout ça et ça ne va pas s'arrêter ici, même au mois de septembre lors de la rentrée parlementaire, ils vont manipuler les autres pour la fronde », a déclaré Augustin Kabuya dans sa brève intervention lors de la manifestation des fédéraux de l'UDPS.
Pour l'élu de la circonscription électorale de Mont Amba Augustin Kabuya, la démarche de Eteni Longondo va dans le sens de déstabiliser la majorité parlementaire du Président Félix Tshisekedi qui doit se concentrer sur des questions prioritaires du pays.
"Le point où on parle de la restructuration du parti, il y a déjà une commission mise en place en train de faire son travail, ils doivent chercher d'autres arguments, ce que plusieurs personnes me reprochent c'est quoi ? Ils disent que Augustin Kabuya ne veut pas des coops ( combines), ils veulent me voir entrer dans le monde de coopération aussi longtemps que je ne suis pas avec eux dans ça ils ne seront pas d'accord avec moi. La démarche mise en place est celle-ci on veut à tout prix déstabiliser la majorité du Chef de l'État Félix-Antoine Tshisekedi, c'est ça la démarche", a prévenu Augustin Kabuya.
Bien avant, dans une correspondance adressée au secrétaire général du parti, Augustin Kabuya, Eteni Longondo avait épinglé une série de problèmes qui minent la formation politique d'Étienne Tshisekedi Wa Mulumba. Ces problèmes, à la base des «inquiétudes» dans le chef de «plusieurs membres du parti», ont été détaillés à l’attention de Augustin Kabuya dont la copie a été réservée à Félix Tshisekedi, «autorité de référence», et à Marthe Kasalu, veuve d’Étienne Tshisekedi et mère de l'actuel Chef de l'État en sa qualité de «co-fondatrice» de l’UDPS.
Parmi les griefs, il avait évoqué notamment l’institutionnalisation d’un système de gestion personnalisée du parti, l'absence de planification et d’anticipation au sein de l’UDPS, l'absence d’accompagnement opérationnel des structures de base ainsi que le clientélisme, les guéguerres de positionnement entre les membres du parti et la faible mobilisation des ressources pour le bon fonctionnement du parti.
Clément MUAMBA