Des centaines de jeunes de Beni, dans la province du Nord-Kivu, dits "volontaires", étaient amassés pendant 48 heures dans un stade, au quartier Ngongolio, pour attendre qu’ils soient dotés d’armes afin de combattre les rebelles du M23 qui s’approchent de leur ville.
Vendredi dernier, des dizaines de jeunes ont passé la nuit au stade de Ngongolio pour attendre les formateurs de l’armée.
« Nous sommes ici depuis hier pour attendre la formation militaire accélérée. On a décidé de prendre ce stade pour un site de cantonnement en attendant que les militaires décident sur notre sort pour que nous puissions défendre Beni contre la menace du M23 », explique Shabani Lochwire, les yeux rougeâtres, chemise chiffonnée et visiblement abattu.
Contrairement à d’autres agglomérations du Nord-Kivu, la mobilisation des jeunes dits volontaires de Beni n’est pas faite pour un seul groupe armé, elle concerne aussi les rebelles ougandais ADF qui écument la zone depuis dix ans, expliquent les initiateurs de l’action.
« Nous savons que l’ennemi de la région de Beni s’appelle ADF, mais il y a un autre ennemi qui veut venir ici et qui s’appelle M23. Nous allons tout faire pour lui barrer la route parce que nous n’allons pas accepter de vivre sous la menace des ADF et en même temps du M23 », note Clovis Mutsuva, l’un des responsables de ce mouvement des volontaires.
Il ajoute qu’ils seront sur la première ligne mais sous leur propre commandement.
« Nous ne serons pas sous le commandement de l’armée. Nous n’allons pas non plus observer la trêve humanitaire, et nous ne ferons pas de repli stratégique comme les militaires. Ils nous donnent des armes et nous allons chercher l’ennemi. Nous n’allons pas attendre que l'ennemi nous attaque. On va le chercher où il est et le frapper », ajoute Clovis Mutsuva.
Ces jeunes ont réussi dans la matinée du samedi à rencontrer le numéro deux de l’armée congolaise, le général Ychaligonza Jacques, qui attend également les instructions de sa hiérarchie pour prendre en charge ces « volontaires ».
« Ces jeunes ont soif, ici et maintenant, de servir sous le drapeau. J’ai été très content. Mais il y a des normes pour cela, ils doivent subir une petite formation digne de sécuriser leur volontariat. Le chef d’état-major général adjoint chargé des opérations a répondu à cette question. Il a dit que tout de suite il va entrer en contact avec sa hiérarchie pour savoir ce qu’il doit faire suivant la demande de nos jeunes gens de Beni », déclare le colonel Faustin Ndakala, chargé du recrutement de l’armée au Nord-Kivu.
La mobilisation des jeunes contre la percée du M23 dans le Grand-Nord a pris de l’ampleur. Lundi dernier, des centaines de jeunes de la ville de Butembo ont également manifesté à pied sur une distance de 20 kilomètres pour exprimer leur mécontentement face à la progression des rebelles, ces assaillants qui ont réussi à faire sauter le dernier verrou de l’armée situé à Kanyabayonga, fin juin, et qui occupent trois importantes agglomérations du sud de Lubero dont Kirumba, le carrefour commercial important de la zone.
Yassin Kombi