Le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, et le président du Rwanda, Paul Kagame, séjournent à Washington pour entériner ce jeudi, l’accord de paix précédemment paraphé le 27 juin par leurs ministres des Affaires étrangères, sous l’égide des États-Unis. L’administration Trump, via la Maison-Blanche, a confirmé la tenue de la cérémonie ce jeudi 4 décembre 2025, en vue de signer officiellement cet accord censé mettre fin aux violences dans l’est de la RDC, marquées par l’activisme de groupes armés et de la rébellion AFC/M23, soutenue par le Rwanda, selon plusieurs rapports.
Plusieurs observateurs restent tout de même sceptiques quant au respect dudit accord par le Rwanda étant donné que plusieurs autres protocoles signés par le passé n’ont jamais été respectés. A ce sujet, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a expliqué que la RDC fait confiance au médiateur américain.
"Nous croyons au processus, nous croyons au médiateur. Il y a évidemment l’attitude du Président rwandais. Nous venons, nous avons signé un accord, nous avons des engagements précis, et nous regardons la part qui est la nôtre. Mais l’idée de faire cet accord, l’idée d’aller vers le cadre d’intégration économique régionale et tout ce qui s'ensuit, n’est pas une idée qui plaît au Président rwandais. Parce que si vous regardez les conditions du cadre d’intégration économique régionale, c’est d’abord mettre fin à tout trafic illicite. Et il est évident qu’aujourd’hui, le modèle économique rwandais a été construit sur le vol de minerais dans l’Est de la République démocratique du Congo", a expliqué Patrick Muyaya lors d'un briefing presse co-animé avec Tina Salama porte-parole du chef de l'État mercredi 3 décembre 2025 à Washington.
Kinshasa entend jouer sa partition dans le cadre de ce processus. Selon le porte-parole du gouvernement, Félix Tshisekedi va profiter de la rencontre pour faire part au Président américain de la situation réelle sur le terrain des opérations dans l'Est de la RDC.
"Le Président de la République aura l’occasion de rencontrer le Président américain, et ce sera l’occasion pour lui de rapporter tout ce que nous avons dit, y compris la réalité sur le terrain. Il y a des services américains qui suivent les positions des uns et des autres. Nous, comme nous avons confiance à la médiation américaine, nous pensons qu’il y a des possibilités ou des mécanismes qui pourront être trouvés pour que nous avancions vers l’objectif que nous souhaitons", a-t-il assuré.
La rencontre annoncée entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame, prévue le 4 décembre à Washington, devait être le symbole d’un tournant diplomatique. Sous l’impulsion directe des États-Unis, les deux dirigeants doivent ratifier l’accord signé en juin et donner corps au cadre d’intégration économique régionale adopté début novembre. Pourtant, à mesure que l’échéance approche, l’optimisme initial se fissure et laisse place à une réalité beaucoup plus complexe : un processus poussé par Washington, mais freiné par une défiance politique enracinée, des divergences de lecture et une situation militaire inchangée dans l’est de la République démocratique du Congo.
La médiation qatarie constitue un autre volet essentiel du dispositif diplomatique. Un accord-cadre a été signé entre Kinshasa et le M23, mais son contenu reste largement à négocier. Sur le terrain, rien n’a changé : les positions ne bougent pas, les lignes de front restent actives et aucune mesure de confiance n’a été mise en place. La juxtaposition des deux processus (Washington et Doha) montre la complexité du dossier : d’un côté une médiation interétatique, de l’autre une négociation politico-militaire directe avec la rébellion.
Clément MUAMBA









