Il y a cinq ans était signé l’accord de Paris sur le climat négocié pendant la COP21. Le climat reste un sujet très important, puisque malgré le Covid, selon une étude parue il y a un mois, le climat reste la priorité numéro 1 des Français. Pourtant, pendant longtemps les chrétiens ne se sont pas sentis concernés par cette question. Pourquoi ?
Il y a plusieurs raisons à cela: l’écologie politique s’est parfois construite en réaction au christianisme, pour des raisons historiques et sociologiques. Les chrétiens ont en effet été accusés d’être à l’origine de la crise environnementale et les écologistes ont parfois cherché dans les religions orientales ou dans le New Age des réponses aux questions qu’ils se posaient. Sur de nombreux sujets de société, les écologistes adhérents à des partis politiques comme eEurope Ecologie Les Verts » se retrouvent donc souvent à l’exact opposé des positions évangéliques. C’est le cas pour l’écologie mais aussi pour tout un ensemble de sujets comme le mariage des homosexuels ou la question israélo-palestinienne.
Une certaine méfiance pour la science et les experts – liée notamment au rejet de la théorie de l’évolution – conduit aussi certains Chrétiens à rejeter le consensus scientifique autour du changement climatique. D’autant que la Bible donne de nombreux exemples de prophètes ayant eu raison seuls contre tous (voir les exemples d’Elie dans 1 Rois 18 ou de Michée dans 2 Chroniques 18). D’autres Chrétiens, tout en ne niant pas la réalité du problème environnemental, considèrent que ce n’est pas la mission de l’Eglise de s’en préoccuper. Cette conviction peut être parfois renforcée par la croyance que la terre sera détruite à la fin des temps ; il ne servirait donc à rien de s’efforcer d’en prendre soin (cette dernière assertion est largement discutable car pour prendre une analogie, je n’ai jamais entendu de pasteur affirmer: « puisque mon corps va être détruit en mourant, je peux fumer, boire et me droguer sans retenue »…).
Mais les choses sont en train de changer. Dès le début de la prise de conscience de la crise environnementale, des chrétiens ont été des lanceurs d’alerte sur ces questions, comme par exemple Francis Schaeffer, ou Peter Harris, fondateur de l’association A Rocha au début des années 1980 qui a souhaité s’engager concrètement pour la protection de la création par du travail de terrain. De plus en plus de chrétiens prennent aujourd’hui conscience des enjeux, notamment climatiques et veulent agir. La publication en 2015 de l’encyclique du pape François consacrée à l’écologie, Laudato si, a mobilisé l’église catholique. Mais dans les autres milieux chrétiens aussi, les choses bougent. Car prendre soin de la création de Dieu apparaît de plus en plus clairement comme un mandat biblique. En effet, comment est-il possible de dire qu’on aime Dieu et qu’on aime son prochain – les deux plus grands commandements selon la Bible – si on laisse détruire la planète ? Et comment se montrer indifférents à l’angoisse d’une partie de nos contemporains face à la crise environnementale et aux risques d’effondrement auxquels nous faisons face ? Se détourner de cette question, ne serait-ce que d’un point de vue pastoral, serait éloigner encore un peu plus l’Eglise d’une société qui remet déjà souvent en cause sa pertinence.
Alors, que pouvons-nous faire ? La crise environnementale n’est que le symptôme d’un mal plus profond bien connu des Chrétiens sous le nom de « péché ». La crise est avant tout une crise spirituelle: nous nous sommes laissés aller (y compris nous, les chrétiens) à une idolâtrie, celle de l’argent et de la consommation ; à cause de notre péché, « la création tout entière soupire et souffre comme dans les douleurs de l’enfantement » (Romains 8:22).
La première chose est de prendre un temps de pause – toujours bienvenu dans nos vies souvent frénétiques – pour prier et demander à Dieu pardon, et l’implorer de venir à notre secours devant une crise que nous ne pouvons pas résoudre (Romains 10:13, 2 Chroniques 7:14…). Car ce n’est pas nous qui allons « sauver la planète ». Nos prières sont importantes pour Dieu. Il est ainsi possible de rejoindre le réseau de prière pour la création, pour recevoir une prière quotidienne sur laquelle s’appuyer pour l’intercession au sujet de l’environnement. Une fois pris ce temps avec le Seigneur, il sera temps d’agir, et cela de multiples manières. En commençant par prendre conscience de son empreinte écologique, en s’informant sur ces sujets, et en modifiant nos comportements. Vous pouvez rejoindre des mouvements qui visent à s’engager comme le label « église verte » ou le réseau des Ambassadeurs d’A Rocha qui sera lancé officiellement début janvier.
Jean-François Mouhot
Directeur National
A Rocha France