Ils étaient une vingtaine au départ, à l’arrivée seuls 6 projets ont été choisis pour être subventionnés à la hauteur de 7 000 $ chacun. C’est dans le cadre du programme dénommé Faculté et arts dit Fac’arts du centre culturel Plateforme Contemporaine. Les chèques ont été remis samedi dernier à Wallonie-Bruxelles, scellant ainsi une formation et une création de projet qui auront duré près de 5 ans.
Dénichés depuis 2019 dans différentes facultés des universités où le projet Fac’arts a été amené, les porteurs des projets culturels, alors étudiants, ont été réunis autour des formateurs pendant toute ces années pour développer et présenter à bien leurs projets. L’idée générale de Fac’art est de promouvoir l’art dans les milieux académiques et l’entrepreneuriat culturel. Il vise à amener l’art dans tous ses compartiments dans les milieux universitaires artistiques ou non.
Les participants sont venus des universités telles que Omnia omnibus, l’Université Catholique au Congo, l’Université Protestante au Congo, l’Université Libre de Kinshasa, l’Académie des beaux-arts ou encore l’Institut National des Arts.
« Au début, en 2019, la plateforme contemporaine s’est investie dans ce projet pour consolider l’offre culturelle dans le milieu académique, question d’aller vers d’autres compétences qu’on ne trouve que très peu ou pas dans le domaine artistique pour que plus tard, on forme des étudiants qui deviennent des entrepreneurs compétents et capables d’élaborer des projets, de les monter et de les réaliser », a expliqué Ben Tezangi, coordonnateur du projet Fac’art.
Avec l’obtention des bourses pour les 6 meilleurs, la première phase du processus d’accompagnement est terminée et laisse place à la seconde. « Nous allons encore de manière plus approfondie les accompagner pour voir comment assurer la première année de fonctionnement de leurs projets », assure Ben Tezangi.
Ces jeunes, encore étudiants ont adhéré à Fac’art “étudiant”, par la suite Fac’arts professionnel parce qu’ils sont devenus licenciés. Parmi eux, des juristes, des opérateurs économiques, des administrateurs dans les entreprises et bien d’autres profils divers.
Fac’arts est une réponse à de nombreuses préoccupations qui fragilisent le secteur artistique, dont les artistes sont victimes. Parmi ces problèmes, il y a notamment celui de la consommation des œuvres des artistes et celui d’espaces d’expression. Dans l’idée, l’université devient ce lieu de discussion et de création de projets artistiques, quelle que soit la filière suivie. Fac’art veut attirer le regard des étudiants, des entrepreneurs, de futurs cadres, des chercheurs vers le secteur culturel et artistique comme un bon cadre d’un investissement qui pourra également offrir des emplois.
Diversité des projets
Sara Ngoy est licenciée en droit public international, elle fait partie des bénéficiaires de la bourse de 7 000 $ pour développer des projets culturels. Le sien a été choisi en troisième position par les membres du jury. Il se nomme Esongo BD, axé sur l’édition, la promotion et la commercialisation des bandes dessinées congolaises. La vente se fera non seulement en librairie mais aussi en ligne par une application mobile pour smartphone, selon les détails du projet.
Esengo veut dire la joie en français. Joie dans laquelle a été la porteuse du projet après avoir reçu son chèque.
« Pour un début, ce n’était pas facile mais il y avait quelque chose qui nous disait de ne pas laisser tomber et de continuer. On a bossé dur et le résultat de ce qu’on a fait en secret est là », a indiqué Sarah Ngoy.
Ce montant servira à l’achat des équipements de la maison d’édition. La mise en place est prévue pour le mois de juillet prochain vu que le terrain a déjà été bien étudié.
« Nous avons rencontré d'autres éditeurs, et des bédéistes qui nous ont parlé de leurs problèmes et nous, on leur apporte notre solution. Nous commencerons par des artistes bédéistes tels que Ruth Solomo, Bruno Bukasa, Yann Kumboti, Thembo Kash », indique Sarah Ngoy.
D’autres gagnants de cette bourse de 7 000 $ sont Keren Maleli, Fabrice Makosi, Cerise Mbenzu, Henoch Kibushi et Bwalelo Lisa.
Les projets des participants ont touché plusieurs secteurs de la culture dont la musique, la bande dessinée, les arts plastiques et bien d’autres. Selon Augustin Bikale, administrateur national programme culture de l’UNESCO RDC, président du jury qui a sélectionné les meilleurs projets, tout ce qui a été proposé était de haute facture et très bien pensé. Il a partagé le jury avec Ados Ndombasi, Collette Likinda et Benjamin Tezangi.
Ce projet Fac’arts a reçu l’accompagnement de l’Unesco qui est la seule organisation des Nations unies qui a pour mandat la culture. En tant qu’accompagnatrice du gouvernement et de son programme qui prévoit de faire de la culture un levier de la diversification de l’économie, elle doit lui donner nécessairement un écosystème qui favorise la création des entreprises, d’emplois par conséquent la croissance économique.
« Ce projet était très important parce qu’il prépare de futurs opérateurs culturels qui vont contribuer au développement culturel de la RDC mais également à la réduction de la pauvreté parce que c’est des entrepreneurs qui vont mettre en place des entreprises avec toute la chaîne de valeur nécessaire pour faire de la culture un objet qui peut contribuer à la croissance économique », a dit Augustin Bikale.
Dans la feuille de route du projet Fac’arts, initié par la Plateforme Contemporaine en 2019, figurent des actions de plaidoyer et de sensibilisation sur la culture et les arts en milieux universitaires, des problèmes à résoudre comme l’absence d’une politique culturelle réglementant le secteur et prenant en compte les droits voisins en RDC, la très faible consommation des produits artistiques congolais par des congolais, l’absence d’une industrie culturelle en générale et artistique en particulier qui prenne en compte la chaîne de valeurs artistiques, le faible apport de la culture et des arts dans le budget de l’Etat congolais et bien d’autres.
Kuzamba Mbuangu