L'Association congolaise pour l'accès à la Justice (ACAJ) a lancé un plaidoyer auprès du gouvernement congolais en vue de l'amélioration des conditions socio-professionnelles et sécuritaires des magistrats. Dans sa correspondance adressée à l'exécutif national, par l'entremise du ministère de la justice, cette ONG dit constater la dégradation des conditions socio-professionnelles de ces hommes en toge, laquelle affecte la qualité de la justice.
« En effet, l'ACAJ a constaté que les conditions socio-professionnelles et sécuritaires des magistrats ne font que se dégrader chaque jour qui passe et qu'il y a lieu que le gouvernement, en concertation avec le conseil supérieur de la magistrature, prennent des dispositions conséquentes urgentes », a-t-elle demandé dans sa lettre consultée par ACTUALITÉ.CD.
Pour soutenir son plaidoyer sur l'insécurité des magistrats, l'ACAJ énumère deux cas de meurtre de deux de leurs, à Tshikapa d'abord, où un chef de parquet de tribunal de paix de la ville qui porte le même nom a été tué en mai 2023, puis à Kinshasa, dans la commune de la N'Sele, où un magistrat a été récemment assassiné. Sur le plan social, cette structure d'accès à la justice note l'obligation aux magistrats, dans certains coins du pays, d'affecter une partie de leurs salaires au paiement de loyers de leurs bureaux et à l'acquisition des mobiliers. Certains d'entre eux, indique l'ACAJ, ne savent pas se faire soigner quand ils tombent malades, d'autres, mutés en province, ne reçoivent pas les frais de leur affectation.
Contacté par ACTUALITÉ.CD au sujet des accusations de corruption qui pèsent sur les magistrats, Georges Kapiamba appelle à des enquêtes judiciaires, soutenues par des éléments de preuve, afin de poursuivre et châtier les auteurs et complices de ces actes, ce, en vertu de la loi.
« Notre réaction, ce que nous demandons que quand il y a des dénonciations ou des informations relatives à la corruption sous toutes ses formes, qu'une enquête judiciaire soit menée pour identifier les auteurs et complices, collecter les éléments de preuve et que les auteurs soient poursuivis, châtiés conformément aux lois de la République. Et nous demandons que cela concerne les magistrats ou d'autres responsables de l'État », a-t-il déclaré.
Début janvier, un total de 2500 nouveaux magistrats, sortis du concours de recrutement d'octobre 2023, ont été affectés dans tous les ressorts judiciaires du pays, à la suite de 5 décisions d’organisation judiciaire prises en date du 30 décembre 2023 par le président du Conseil supérieur de la magistrature. Ces décisions affectent des magistrats civils du ministère public et du siège, notamment dans les parquets de grande instance et près les tribunaux de paix, les cours d’appel, des parquets généraux aux tribunaux pour enfants, tribunaux de travail ainsi qu’aux tribunaux de commerce.
Samyr LUKOMBO