Personnalités publiques, artistes, mineurs, les deux dernières années, ils ou elles n'ont pas été épargnés par la publication de leurs ébats sexuels sur les réseaux sociaux. Le phénomène de revenge porn prend de l'ampleur en RDC. Alors qu’une nouvelle année commence, quelles précautions prendre pour éviter de tomber dans ce piège ? Réponses de Léonnie Kandolo, défenseure des droits de l’homme.
Qui dit revenge porn ou pornodivulgation, dit publication de vidéo à caractère sexuel sans le consentement des personnes s'y trouvant afin de nuire. Un phénomène qui a prit de l'ampleur avec l'internet comme l'explique Mme Kandolo.
"Avec les réseaux sociaux, nous sommes arrivés à un moment de l'histoire où l'on exhibe tout. On est vraiment allé dans l'illusionnisme. Nous voulons avoir des souvenirs (en images ndlr), de tout ce que nous faisons. Des plats, des lieux que l'on montre aux autres. La dépravation des mœurs que l'on observe à Kinshasa actuellement, c'est parce que, la majorité de parents n'est plus assez regardant sur l'éducation de leurs enfants, sur ce que font ces derniers sur les réseaux sociaux. Tous ce que les enfants voient à travers la télévision, les réseaux sociaux, ils pensent devoir le répéter dans la vie réelle" regrette-t-elle.
Pour les adultes, elle estime que ces actes s’inscrivent dans la même logique de vouloir garder des souvenirs, revoir et montrer. « Souvent quand les choses tournent mal, on balance ces mêmes souvenirs sur les réseaux sociaux. En ce moment, on veut humilier, nuire à l'autre », soutient la défenseure des droits de l’homme.
Nouvelle année, que faire pour échapper aux pièges des sextapes ?
D’abord des élèves de l’école Révérend Kim, puis des vidéos de l’artiste musicien Héritier Watanabe, on se rappellera aussi des images impliquant l’homme politique She Okitundu, de celles d’Eliane Bafeno, des élèves de l’école Saint-Georges ou celles toutes récentes, de Penielle Nsamba. Toutes ces vidéos et photos ont été partagées des centaines de fois dans les groupes WhatsApp, Facebook et autres réseaux.
"Je ne comprends pas, avec tous les cas qu'il y a eu en RDC, comment des adultes, en poste de responsabilité acceptent de se faire filmer pendant ces moments très intimes parce qu'en fin de compte on ne sait pas exactement ce qui peut être fait avec un film. C'est une forme de perversion" estime Madame Kandolo qui pense que pour « échapper à ces pièges en 2022, il faut conformer à deux choses. La première, c'est de la responsabilité des parents de mieux suivre l'éducation de leurs enfants. Les jeunes méritent d’être initiés à l’usage et l’utilité des réseaux sociaux. La seconde, les adultes doivent s'auto gérer. Il faut toujours garder à l’esprit qu’un téléphone ou un ordinateur peut tomber en panne et être envoyé chez un réparateur. Toutes vos images ne seront en sécurité ».
Par ailleurs, la loi congolaise n’aborde pas spécifiquement les questions de la publication d’images à caractère sexuel sur les réseaux sociaux. En son article 168, le Code pénal stipule cependant que « l’attentat à la pudeur commis avec violences, ruse, ou menaces « sur des personnes de l’un ou de l’autre sexe sera puni d’une servitude « pénale de six mois à cinq ans ».
En ce qui concerne un enfant âgé de moins « de 18 ans », le code prévoit une servitude pénale de cinq à quinze ans. Si « l’attentat a été commis sur les personnes ou à l’aide des personnes « âgées de moins de dix ans, la peine sera de cinq à vingt ans ».
Prisca Lokale