Le recueil de poèmes “Le fleuve dans le ventre” de l’écrivain congolais Fiston Mwanza Mujila était à l’honneur le week-end dernier à la dixième édition du festival de théâtre “Ça se passe à Kin”. Il a été transposé sous forme d’une pièce de théâtre que seule une actrice a présenté. D’abord à l’Institut Français de Kinshasa, vendredi dans la soirée et samedi à la plateforme contemporaine.
La comédienne Ornella Mamba a fait le spectacle qui, dit-elle, est une première mondiale pour ce recueil de poèmes. Le fleuve Congo dont il est question dans le recueil, la comédienne dit vouloir le faire naître. Elle a présenté une centaine de solitudes, qu’elle a reliées pour en faire un spectacle de théâtre, alors que c’est des poèmes à la base.
« Je porte ce texte, j’ai besoin de le faire entendre à un maximum de personnes. C’est nécessaire qu’on entende ces paroles là, de cette manière là. Ce fleuve qui raconte notre histoire à tous, qui nous a vu naître et qui nous verra mourir. Ce fleuve qu’on porte dans nos veines, qui nous fait appartenir à un peuple, à un pays », a fait dit Ornella Mamba à la presse.
Pour lui, le fleuve dont il est question n’a pas d’identité, pas de nationalité, c’est un tout qui fait les êtres humains que nous sommes.
Et d’ajouter :
« En réalité le fleuve, de manière plus simpliste, c’est ce qui nous fonde, ce qui nous définit, ce qui fait de nous des Congolais. Ce qui fait qu’on sait d’où l’on vient, quel que soit l’endroit où on va. Le fleuve, c’est l’amour inconditionnel qu’on porte à un pays et nous, on aime le Congo, même de manière violente ».
Participant à la soirée à l’Institut français, Randy Kalay, acteur culturel, a vu en ce texte une volonté de faire appel au panafricanisme.
« Vu que c’est un texte d’un digne fils de ce pays, il y a de quoi dire que c’est un appel à nos ressources ancestrales, c’est toujours important. Celui qui n’arrive pas à puiser dans ces ressources, n’aura pas un futur radieux », affirme-t-il.
Dans “Le Fleuve dans le ventre”, Fiston Mwanza Mujila raconte la guerre et l'exil, la faim et le mal du pays, la transe et la solitude, l'enfance et les blessures, le passé colonialiste d’exploitation et ses visions apocalyptiques, les enfants soldats et les églises du Réveil chrétien, dans une trame située entre Kinshasa, Minsk et toujours et encore le fleuve Congo, qui représente la vie et l'identité dans son état menacé.
Le festival “Ça se passe à Kin” est à sa dixième édition cette année. Il met en avant le théâtre, utilisant les mots avec une dimension poétique et politique pour aborder différents sujets dont la guerre, ou l’histoire avec la présentation, lundi dernier de la pièce “Des barricades des pneus enflammés pour la dent de Lumumba”. Le festival se clôture ce mercredi 8 juin.
Emmanuel Kuzamba