Pour la première activité d’échange organisée ce lundi 29 août par le club des photographes de l’ambassade des Etats-Unis en RDC en vue de célébrer la journée mondiale de la photographie, les discussions ont tourné autour de la narration photographique. Une vingtaine de participants, à majorité photographes, a bénéficié de l’expérience des intervenants comme Justin Makangara, photojournaliste et Patient Ligodi, journaliste et Directeur Général du média en ligne ACTUALITE.CD.
La narration photographique, considérée comme élément de base d’un photographe professionnel, a été visitée sous plusieurs formes. Dans son élaboration et sa production, mais aussi sa distribution. Pour l’organisation, cette première rencontre visait à soulever ce côté narratif dans le milieu photographique congolais qui, a-t-on dit, pose quelques problèmes. « Un photographe ne peut pas faire sa photo sans suivre les principes narratifs », a signifié Samy Ntumba, initiateur de ce club.
Le premier intervenant, le photojournaliste Justin Makangara, a recommandé aux photographes présents d’être ceux qui doivent raconter l’histoire du pays dans leur narration photographique pour montrer ce que les autres ne connaissent pas de notre société et ne pas laisser les autres le faire avec leur regard. Il préfère que les histoires à documenter soient d’abord celles qui se passent autour de chacun avant d’aller plus loin. Une fois le sujet trouvé, chercher minutieusement les détails, faire confiance à son instinct, être original tout en ayant passé en revue le travail des autres sur le même sujet.
« Ce que je conseille, c’est de se documenter en permanence, lire les livres de la photographie, se documenter sur le travail des autres. Comment ils racontent, comment ils traitent les sujets. La logique de la photographie est de ne pas partir des réponses, mais plutôt des questions », a-t-il dit.
Justin Makangara prend la narration photographique comme une histoire photographique qui a un début, un milieu et une fin. L’amour de ce qu’on photographie, il l’a cité parmi les éléments importants pour le travail de photographe, l’adaptation à la mutation du monde, essayer tous les genres photographiques, se poser des questions, éviter de se faire manipuler, savoir quel type de client avec qui travailler : média, entreprise, particulier, etc.
« La majorité des photographes sont autodidactes. Ce genre de partage permet à chacun de tirer quelque chose. La photographie ne se résume pas à une photo réalisée pour un client. La photographie, c’est la science, le département de photo de l’académie des beaux-arts le montre. La photographie permet de lire la vision de quelqu’un, de regarder l’histoire », a dit Jamil Lusala, un photographe ayant participé à la rencontre.
Quant à Patient Ligodi, il est revenu sur le travail des photographes dans le journalisme. Un photojournaliste est 100% journaliste et 100% photographe, estime-t-il. Pour réussir son travail de photographe dans les médias, il a cité des éléments tels que la compréhension des médias et leur fonctionnement, de la société, de l’audience des médias et des besoins pour travailler avec eux. Le réseautage, choisir entre faire des photos d’illustration ou des photos qui sont des sujets de narration, comprendre ce qui fait bouger le monde aujourd’hui, l’impact du sujet dans la société, font également partie des éléments à tenir en compte.
Pour être plus original, il a proposé des sujets tels que Kuluna, Pakadjuma, sapeurs, musiciens, les manifestations, les mines, les morgues et les cimetières, l’eau potable, les constructions anarchiques. Des sujets dont la documentation n’est pas assez poussée et que les photographes peuvent récupérer.
Le club des photographes de l’ambassade des Etats-Unis en RDC existe depuis le mois de février dernier, à la suite d’une sélection à une série d'ateliers et master class avec le coach Jason Gardner, sur le management dans le domaine de la photographie et celui du cinéma. Ensuite, dans le cadre du festival Kongo River, les photographes membres du club ont exposé leurs œuvres en tant que club, pour la première fois, du 14 au 16 juin.
Ce club de photographie compte 9 membres, parmi lesquels Anastasie Langu, Bienvenue Dingu, Deo Mvula, Dewit John Makengo, Gloire Ndoko, Jamil Lusala, Mira Dunoyer, Rigeane Apata, Samy Ntumba, l'initiateur du projet. Le club a le projet d’élargir son champ avec d’autres photographes pour des ateliers et expositions à venir.
Emmanuel Kuzamba