Dans notre pays convoité par tous les pays voisins et la Chine, chacun cherche à acquérir un lopin de terre pour y construire son logement. Chaque citoyen rêve d’être propriétaire de son chez soi pour fuir les affres du bail à loyer. C’est la lutte pour la survie, la jungle du quotidien. Seuls les plus forts l’emportent. Ils appartiennent souvent aux cercles de pouvoir. Saperlipopette !
Les conflits fonciers sont répandus. C’est l’axe du mal, le mal zaïrois, remontant à l’époque du mobutisme triomphant. Ceci expliquant cela, on construit à tout va, même sur des sites non aedificandi. Pour ceux qui ne causent pas latin comme le cardinal Ambongo cela veut simplement dire « Où il ne doit pas y avoir de construction ».
On construit impunément sur des canalisations d’eau, sur des collecteurs d’égout, sur des voies d’accès, sur des terrains de jeux.
Des populations viennent des provinces. Elles fuient la guerre et la précarité. En quête du pays de Cocagne, elles s’installent cahin-caha dans des constructions anarchiques. Il n’y a pas de plans d’urbanisation. Il n’y a pas d’infrastructures de drainage des eaux. Il n’y a pas d’eau courante. Il n’y a pas d’électricité. Il n’y a plus d’espaces verts, d’où le réchauffement climatique !
Des parcelles de terre et des maisons sont arrachées aux plus faibles. Tous les coups sont permis. L’argent passe, le droit trépasse. Dans cette anarchie, on assiste à la ruralisation de Kinshasa. Stupeur et tremblements !
D’après mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la déglinguée, un lotissement de 110 parcelles de terre fut créé de toutes pièces, en juillet, par les services du ministère des affaires foncières entre l’avenue Colonel Mondjiba et le fleuve Congo.
Ce site qui est inondable appartient, depuis 1926, à la société UTEXAFRICA. Les terres apparaissent en saison sèche quand les eaux sont basses et disparaissent en saison des pluies quand les terres sont inondées. Il n’y avait donc aucune construction érigée. L’occasion faisant le larron, des spoliateurs se sont rués dessus. Sapristi !
Usant d’influences, la société est parvenue à faire déguerpir les envahisseurs. Plus loin dans le cimetière de Kinsuka, fermé au public depuis 2015, des profanateurs détruisent les tombes pour y construire des habitations. Les caveaux servent de fosses septiques. Enfer et damnation ! !
A l’époque, on craignait les morts, les fantômes et les cimetières. Les vivants qui voulaient s’enrichir vite ou occuper de hautes fonctions passaient la nuit au cimetière et y faisaient des incantations. Les cimetières étaient censés donner le pouvoir et produire des richesses. Tant qu’on y est, on pouvait les coter en bourse à New York ou Londres et devenir riche comme Crésus ! Honni soit qui mal y pense !
L’argent n’a pas d’odeur, disait l’empereur romain Vespasien à son fils. C’était la belle époque !
Ceux qui dorment aujourd’hui dans les cimetières restent pauvres. Leur quotidien ne s’améliore pas. O tempora, o mores ! Depuis l’avènement des inénarrables pasteurs des églises évangéliques passés maîtres dans l’art de sauver les âmes des morts et de soulager les poches des vivants, il faut prier et lire la Bible pour devenir riche ! Quand tout va mal, il faut se tourner vers la foi. Bref, passons !
Le jeudi 13 octobre, un ultimatum d’une semaine fut lancé aux profanateurs des tombes par Gentily Ngobila himself. Il les somma de quitter les lieux avant la démolition des constructions prévue le 19 octobre. Ce jour-là, rien ne fut fait. Saperlipopette ! Ce sera chose faite à partir du 22 octobre.
D’après mon ami qui sait tout, quelqu’un devra bien s’occuper un jour de la réorganisation urbaine de notre capitale.
A l’époque de l’empereur Napoléon III, le baron Haussmann fut chargé d’assainir et d’embellir Paris. Il le fit avec brio.
On dit chez nous que celui qui demande qu’on lui répète, n'est pas forcément sourd.
Gaston Mutamba Lukusa