Candidat à sa propre succession, Félix Tshisekedi a été proclamé provisoirement vainqueur de l'élection présidentielle du 20 décembre dernier, en attendant la confirmation ou non de la Cour constitutionnelle. Durant la publication des résultats partiels, Félix Tshisekedi est loin devant ses rivaux dans plusieurs provinces de l'Est de la République, marquées par l'insécurité et l'activisme des groupes armés étrangers et locaux.
Présent au centre Bosolo de la Bosolo dimanche 31 décembre à l'occasion de la publication des résultats provisoires par la CENI, Julien Paluku Kahongya, cadre de l'Union et notable de ce coin, a révélé à ACTUALITE.CD les différents paramètres qui ont milité en faveur de Félix Tshisekedi dans cette partie de la RDC.
"Les leçons qu'on tire de l'élection du Président Félix Tshisekedi à l'Est, c'est qu'il faut avoir un message clair vis-à-vis de la population. Vous savez, dans chaque espace où le Président a passé sa campagne, il a eu un message qui cible les problèmes réels vécus par les populations de cet espace-là. À Goma, Butembo, Béni, il a su que le problème de là, ce sont les FDLR, les ADF, c'est le M23, et donc il a lancé un message clair pour dire, 'vous m'avez vu attendre pendant longtemps, j'ai formé mon armée, j'ai maintenant 40 000 hommes qui seront déployés maintenant, dans quelques jours, sur la ligne de front pour qu'on mette définitivement un terme à ce chaos qui a gangrené l'Est de la République Démocratique du Congo, c'est un message important qui a rapproché la population de l'Est'", a révélé Julien Paluku Kahongya, ministre de l'industrie au sein du gouvernement Sama Lukonde.
Outre le discours sur la situation sécuritaire, Julien Paluku évoque également l'application de la mesure de la gratuité de l'enseignement de base et la promesse d'élargir cette mesure au niveau de l'école secondaire.
"Le deuxième message, c'est celui de la gratuité de l'enseignement. J'ai l'habitude de dire quand on est à Kinshasa ou dans une autre ville, on ne sent pas l'importance de cette gratuité, mais moi je suis un territorial de formation. J'ai commencé comme Administrateur de territoire, maire de la ville et ensuite gouverneur, je connais l'impact que la gratuité a sur les paysans, sur les populations rurales. Il y a des gens qui vendaient toutes leurs productions saisonnières pour avoir le minerval de leurs enfants, mais maintenant quelqu'un a dit vous n'allez plus vendre la production de votre saison et que vous allez réserver cela à d'autres choses, parce que l'État a pris en charge les frais scolaires", a fait remarquer Julien Paluku Kahongya.
Et de poursuivre :
"Cette mesure là a atteint jusque dans la moelle épinière des populations congolaises et surtout que le Président de la République a promis au-dessus de cette stratégie de la gratuité de l'enseignement, il va passer à la gratuité de l'enseignement secondaire, ce qui va encore davantage soulager le poids qui pèse lourd sur les populations congolaises et d'autres questions qu'il a évoquées lui ont approché de la population. Je crois que cette élection démontre qu'il ne suffit pas seulement de distribuer de l'argent parce que je suis témoin de là où est passé le Président de la République, il n'a distribué de l'argent à aucune personne."
Le Président sortant, Félix Tshisekedi, est réélu pour un second mandat à la tête de la République démocratique du Congo pour les cinq prochaines années. Il a obtenu 73,34% des suffrages exprimés lors de la présidentielle du 20 décembre 2023, selon les résultats provisoires publiés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Sa réélection était sans surprise au vu des résultats partiels communiqués durant 8 jours par la CENI qui le donnaient largement en tête. En revanche, ses adversaires tels que Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Denis Mukwege et d'autres candidats dénoncent un "simulacre d'élections" avec des "fraudes organisées".
Conformément à l'article 73 de la Loi électorale, après la publication des résultats provisoires, l'étape des contentieux électoraux va s'ouvrir à la Cour constitutionnelle. Selon le calendrier de la Commission Électorale Nationale Indépendante, le dépôt des recours est ouvert du 2 janvier 2024 au 5 janvier 2024, tandis que le traitement de ces recours se déroulera du 3 janvier 2024 au 11 janvier 2024. Malgré ces dispositions légales, Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Denis Mukwege, ainsi que six autres candidats, contestent les résultats et appellent à la réorganisation des élections, excluant même la possibilité de saisir la Cour constitutionnelle.
Clément MUAMBA