La République démocratique du Congo (RDC) se souvient aujourd'hui des émeutes historiques du 4 janvier 1959, un tournant décisif vers l'indépendance, marquant la "Journée des martyrs de l’indépendance". Au cours de cet événement clé, 49 personnes ont officiellement perdu la vie, selon les chiffres officiels, bien que l'ABAKO, le parti politique majeur de l'époque, estime que plusieurs centaines de Congolais ont été abattus.
Le déclencheur de ces événements remonte au retour des leaders congolais d'Accra, où la population, avide de connaître les expériences des premiers politiciens noirs sortis du Congo belge, réclamait un meeting. Cependant, les autorités coloniales ont refusé l'autorisation de cette réunion, créant ainsi un climat de tension.
"Les gens étaient énervés. À un moment donné, on voit venir Kasa-Vubu. Il dit à la foule : 'Le meeting n'aura pas lieu, parce qu'il a été interdit. Mais je vous demande d'avoir foi en l'indépendance. Gardez votre calme. Vive l'indépendance !'. Ah ! Toute la foule reprenait ! 'Vive l’indépendance !' C'était parti…", se souvient Alfred Yongolo, membre de l’ABAKO.
Mwissa Camus, journaliste décédé, témoignait de l'inimaginable nature de l'explosion spontanée : "C'était impensable ! Personne ne s'attendait à ça, à cette explosion subite. Parce que, avec la manière dont nous avons été encadrés, disciplinés par la colonisation belge, on ne pouvait pas imaginer qu’un jour, un Noir commence à incendier des magasins, à brûler les stations d'essence et à incendier des voitures."
Pour l'historien Léon de Saint-Moulin, cette journée marque une étape cruciale dans la quête de l'indépendance : "Le pouvoir colonial a dû prendre conscience que l’indépendance était une aspiration profonde et les gens l’ont manifesté. Officiellement on parle de 49 morts mais on dit qu’il y en a eu 100 et peut-être 300. L’administration a été affolée quand elle a vu le lendemain, le nombre de morts". Une commémoration symbolique qui résonne encore profondément dans l'histoire de la RDC.
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