Augustin Matata Ponyo, député national, ainsi que ses coaccusés Déogratias Mutombo, ancien gouverneur de la Banque centrale du Congo, et Grobler Christo Stephanus, homme d’affaires sud-africain, ne se sont pas présentés à leur procès devant la Cour constitutionnelle ce mercredi 23 avril 2025.
Le procès de la débâcle du projet agro-industriel de Bukanga-Lonzo s'est poursuivi ce mercredi en l’absence des prévenus.
Le ministère public a insisté sur la nécessité de faire la lumière sur l’utilisation des fonds publics alloués au parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, estimés à plus de 285 millions de dollars : « la population a besoin de savoir comment l’argent du contribuable a été utilisé », tout en dénonçant une absence volontaire des accusés, qu’il considère comme un « mépris de la juridiction ».
Demande de défaut et procédure judiciaire
Le ministère public a requis le retrait du défaut à l’encontre des trois prévenus, appelant la Cour à poursuivre normalement les audiences pour éviter un « déni de justice », estimant que tous les prévenus ont été régulièrement saisis pour se présenter à cette audience : « Ils se moquent simplement de cette juridiction », s'est indigné le parquet.
Cette demande intervient dans un contexte où la Cour constitutionnelle avait déjà confirmé le maintien des procédures, malgré les recours liés aux immunités parlementaires de M. Matata, l’élu de Kindu.
Arguments des prévenus et position de l’Assemblée nationale
Matata Ponyo justifie son absence par ses immunités parlementaires, invoquant une décision de l’Assemblée nationale du 17 avril 2025 qui juge les poursuites « inconstitutionnelles » en l’absence de levée préalable de son immunité.
Dans une correspondance officielle adressée à la Cour, il affirme se conformer à la position de l’institution parlementaire, exigeant que la Cour respecte la procédure légale.Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, a rappelé, il y a quelques jours, que la levée des immunités relève de la compétence exclusive du Parlement, demandant à la Cour constitutionnelle de régulariser sa demande selon les règles établie.
« L’Assemblée nationale va statuer sur le dossier et l’apprécier », avait-il déclaré.
Le procès porte sur des allégations de détournement de fonds durant la gestion du projet Bukanga-Lonzo sous le mandat de Matata Ponyo comme Premier ministre (2012-2016).
L’ancien chef de gouvernement dénonce un « procès politique » visant à entraver ses ambitions électorales, notamment sa candidature à la présidentielle de 2023 et son refus de participer aux récentes consultations politiques demandées par le chef de l’État en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale.
radiookapi.net/CC