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Impossible de terminer (ou commencer) l’année sans vous proposer une (dernière) petite danse. On l’appelle La Danse du Vilain mais on parie qu’elle vous plaira. Elle est au coeur du dernier roman d’un enfant du Congo : Fiston Mwanza Mujila, rendu célèbre par son Tram 83, paru en 2014.

Vous accepterez bien une dernière / première danse ? Nietzsche pensait qu’une journée sans danse était une journée perdue et Platon en soulignait la dimension éducative. Qui oserait contredire ces deux-là ? D’autant que la danse évoquée ici marie le jazz et la rumba, les beautés du Congo et de l’Angola dans le sillage de la fameuse Tshiamuena, « Madone des mines de Cafunfu » .

Entre trafic de pierres précieuses et boîtes de nuit frénétiques, entre Angola en pleine guerre civile et Zaïre au bord de l’explosion, Fiston Mwanza Mujila reprend son exploration de la débrouille déjà à l’oeuvre dans Tram 83. Toute la vitalité et le charme de son premier roman sont convoqués de plus belle pour cette nouvelle chorégraphie imaginée dans une ambiance de fin de règne (celle du président Mobutu), entre dictature et guerre civile, entre corruption et rébellion.

Son roman est bâti autour de la figure de Tshiamuena, dite la Madone des mineurs, une « sorcière » aux vies et aux pouvoirs multiples qui lui a été « inspirée » par sa grand-mère. Une « forte femme » qui tenait un bar dans un quartier populaire de Lubumbashi, dans la commune de Katuba. Enfant, il y a passé de longues heures, chaque été, à ranger les chaises et les caisses de bière en écoutant un flot ininterrompu de musique congolaise. Pas étonnant que le bar de son enfance se retrouve au coeur de ses deux romans à la gouaille incomparable. Pour compléter le tableau de son nouveau récit, l’auteur convoque une autre des idoles de sa jeunesse, le célèbre Papa Wemba, roi de la rumba congolaise…

A défaut d’être devenu musicien, Fiston Mwanza Mujila joue avec les mots comme avec les sons

Installé depuis une dizaine d’années à Graz, cité universitaire au sud-est de l’Autriche, Fiston Mwanza Mujila, 39 ans, est originaire de Lubumbashi, capitale minière de la République Démocratique du Congo (RDC), raison pour laquelle il comprend si bien le destin et les nombreux démêlés de l’Angola voisin.

« J’ai toujours voulu être saxophoniste mais cela n’a pas été possible parce que dans ma région, il n’y avait pas un seul café-jazz, pas d’école de musique, pas un seul saxophone… Alors je me suis retrouvé avec mes mots. Quand j’écris, je travaille avec les mots comme des notes, comme si c’était une partition » confiait-il à La Libre dès 2011.

« Ces pages ont été écrites souvent la nuit, bercées par le jazz sud-africain et la rumba zaïroise » écrit-il dans son nouveau roman. La rumba qui « participe de l’identité congolaise et unit le pays ».

Laissant de côté son rêve de devenir saxophoniste, Fiston Mwanza Mujila a opté pour la poésie mais la musique est restée au coeur de sa vie.
« Je suis un poète qui écrit des romans », dit-il. On ne s’étonnera pas qu’il joue à ce point avec les mots, les faisant rouler sur sa langue pour mieux les déverser ensuite à travers ses récits foisonnants.

Chantre des répétitions et des énumérations qui sonnent, il déclame d’ailleurs souvent sa prose en compagnie de musiciens. Aujourd’hui, ce jazz déjà très présent dans Tram 83, Fiston Mujila le convoque sur scène. En Autriche, il s’est produit avec un batteur et un saxophoniste. En Allemagne, il était récemment entouré de musiciens de jazz, refermant ainsi la boucle du son.

Tram 83 et La Danse du Vilain partagent son goût du récit burlesque et l’attention accordée au « petit monde » qui se croise dans les bistrots, réuni par l’amour de la musique, le sens de la débrouille et le goût de la fête.

Cette fois, Fiston Mwanza Mujila concentre toute son attention sur les gamins de rue, petit peuple qui règne sur la nuit, chauffé par la colle, chassé par la misère et la guerre. Un monde organisé, hiérarchisé, avec ses rituels et ses spécialités (vols, chantage, mendicité) d’où émergent des personnalités étonnantes: Molakisi, Sanza, Ngungi… Une humanité qu’il décrit avec tendresse et soin dans son nouveau roman luxuriant, publié aux Editions Métailié.

Karin Tshidimba

Thursday, 09 September 2021 00:00

En librairie: une princesse kuba à l’Expo 58



Le Congolais Blaise Ndala, 48 ans, qui vit au Cananda depuis 2007, publie son troisième roman en pleine effervescence sur le colonialisme belge.

C’est un livre qui tombe pile au bon moment. Alors que les nombreux meurtres aux Etats-Unis de citoyens noirs par des policiers blancs y ont suscité le mouvement « Black Lives Matter », en 2020, des activistes en Belgique ont surfé sur cette déferlante pour relancer leurs protestations contre Léopold II et la colonisation du Congo. C’est au milieu de cette effervescence que paraît le roman de Blaise Ndala, dont la pierre angulaire est le spectacle prévu par l’Exposition universelle de 1958, à Bruxelles, d’un « village congolais » animé par des personnes vivantes.

Ce spectacle, jugé aujourd’hui « dégradant » pour les Congolais de ce faux village, avait suscité des protestations à l’époque. Blaise Ndala le corse en supposant qu’une des jeunes femmes présentes s’y trouve après avoir été enlevée à Léopoldville par un Belge peu scrupuleux, à la suite d’amours interdites. Car l’héroïne est princesse kuba et, comme telle, ne pouvait priver son père du privilège d’établir une alliance avec l’ethnie des Lundas en la mariant à l’héritier de leur empereur.

Le pouvoir des chefs traditionnels

Cette intrigue permet à Blaise Ndala de revenir sur une des frustrations des indépendances africaines, au Congo comme dans d’autres pays: la souveraineté fut alors confiée à de nouveaux venus, bons élèves du colonisateur – appelés au Congo belge « les évolués » – au lieu d’être rendue à ceux qui en avaient été privés par la colonisation, les chefs traditionnels, ceux qui savaient comment on exerce le pouvoir. Les voici dépouillés à nouveau, cette fois au profit de « copies des blancs ».

Comme souvent, lorsque cette thèse est exposée, est passée sous silence la multiplicité de chefs dépouillés; entretemps, leurs royaumes et empires ont été agglomérés et aucun des anciens potentats ne saurait les gouverner tous, ni l’ensemble qu’ils sont devenus. Mais ce thème est l’occasion, pour Blaise Ndala, de rappeler, du ton ample de l’épopée, une notion qui semble aujourd’hui disparue au Congo alors qu’elle fit agir, se surpasser et se sacrifier ceux pour qui elle comptait: « L’honneur. Ce qui fait se tenir debout ».

Si le roi des Kubas avait reconnu la souveraineté du roi des Belges, il voulait « faire du royaume hérité de ses aïeux un îlot de fierté au cœur de la province du Kasaï. Continuer de se soumettre aux lois de l’administration coloniale sans renoncer à la dignité ». Il disait: « Le coq a deux genoux, certes, mais personne ne l’a jamais vu les plier à la manière du chien pour quémander une graine de maïs ».

Le rôle de Wendo Kolosoy

Le roman est plutôt bien écrit, malgré quelques anachronismes verbaux et un récit parfois filandreux. Il fait intervenir dans l’intrigue la principale vedette de la rumba congolaise des années 50, l’inoubliable chanteur Wendo Kolosoy, ce qui devrait contribuer au succès du livre.

Dans son désir de plaire au lecteur d’aujourd’hui, cependant, l’auteur va trop loin. Il place ainsi dans la bouche du roi kuba mourant un plaidoyer pour les migrants désireux de gagner l’Europe, totalement incongru dans le récit. Et transforme le fameux match de foot du 4 janvier 1959 entre deux équipes de Léopoldville, VClub et Mikado – il joua un rôle dans les émeutes de ce jour, qui décidèrent Bruxelles à octroyer l’indépendance à sa colonie – en confrontation entre « indigènes qui s’étaient présentés nu-pieds sur le gazon » et « une équipe blanche constituée de maîtres prêts à renvoyer l’adversaire à sa rumba quotidienne. Une rencontre qui vit la fourmi noire ne faire qu’une bouchée de l’éléphant blanc ». Nous voilà tombés au niveau du jeu vidéo. Comme si l’histoire du Congo n’était pas suffisamment extraordinaire.

« Dans le ventre du Congo »

de Blaise Ndala



Par Marie-France Cros. 

Edité à compte d’auteur, “Amsoria” est un premier roman d’une Congolaise de Belgique, Lilia Bongi. Elle le présente comme un roman mais, à vrai dire, durant la plus grande partie de l’oeuvre, le lecteur croit tenir en ses mains une autobiographie tant le récit sonne vrai. Celle d’une fillette congolaise, Lily, arrachée à 10 ans à sa famille de Kinshasa, pour être envoyée par un père distant poursuivre sa scolarité en Belgique avec un de ses frères. Elle y vivra chez des tuteurs flamands et catholiques d’abord, wallons et protestants ensuite, peu éduqués à chaque fois.

Notre coeur saigne pour la fillette, abandonnée à des inconnus, que l’auteure montre imbus de leur générosité, parfois racistes, souvent mesquins; devant faire seule son apprentissage dans  une société inconnue; affrontant sans soutien les moqueries de camarades de classe; ne mangeant pas toujours à sa faim.

Singulières absences d’amour

Le récit frappe surtout par l’absence d’amour dans le monde de l’enfant: chez le père, qui, au Congo déjà, finance nourriture et école des enfants mais ne s’en occupe pas, leur préférant ses occupations et ses maîtresses; entre le père et la mère, mariée contre son gré; chez ces deux parents qui conduisent Lily et son frère de 12 ans à l’aéroport de Kinshasa sans rien leur expliquer de leur voyage vers “Mputu” (l’Europe), ni même les embrasser. Chez Lily qui, retrouvant en Belgique une autre soeur et un autre frère, se rend compte alors seulement… qu’elle ne les avait plus vus depuis quelques mois. Chez le père encore, de passage en Belgique, qui ne voit Lily que quelques minutes en classe, lui parle à peine et ne l’embrasse pas, avant de partir vers ses affaires. Chez l’aîné de la fratrie, jeune adulte vivant à Bruxelles, qui ne viendra jamais voir les petits…

Dès que Lily quitte l’enfance, cependant, apparaissent les défauts du récit. C’est l’héroïne, alors, qui apparaît incapable d’affection – elle aura deux maris européens pour lesquels, à aucun moment, ne transparaît d’émotion – ou de se reconnaître un tort quelconque. L’absence de sentiments autres que la rancoeur chez Lily empêche alors de croire à la fin, très édifiante, du roman. Dommage.



Cinq stylistes nés en Afrique mais vivant en Italie ont ouvert mercredi la Fashion week féminine de Milan. Voici les parcours accidentés de ces créateurs qui tous revendiquent le label « made in Italy ».

– Fabiola Manirakiza, 50 ans, est née au Burundi, mais c’est au Zaïre (devenu République démocratique du Congo) qu’elle a appris à coudre, dans une école tenue par des soeurs italiennes.

Médecin de formation, elle a pu se nourrir de cette expérience quand elle a fondé en 2016 sa marque Frida Kiza en Italie, un hommage à l’artiste mexicaine Frida Kahlo.

Elle décrit son art comme « un mélange entre l’Afrique et l’Italie », comme ses foulards en soie à imprimés motif Massaïs qui s’inspirent de la peinture « Le printemps » de Botticelli.

– Claudia Gisèle Ntsama, 29 ans, née au Cameroun, avait décidé dès sa petite enfance de devenir styliste et de préférence en Italie, car « qui dit mode, dit Italie ».

Très déterminée, elle a appris l’italien pendant huit ans avant de débarquer dans son pays d’adoption en 2012.

Elle enchaîne des boulots de femme de ménage ou de contrôleuse à l’entrée de stades de football, puis décroche un diplôme de design à Bologne (nord), avant de « tomber amoureuse » du chanvre, « une des fibres les plus écologiques » et fonder sa propre marque.

– Mokodu Fall, 45 ans, originaire du Sénégal, caricaturiste, acteur puis artiste-peintre, est venu en Italie à l’âge de 22 ans « pour vivre une expérience de l’art de la culture ».

« Ma collection reflète surtout mes origines africaines », dit ce fils de diplomate qui partage sa vie entre Rome et Dunkerque dans le nord de la France.

« Ce sont des oeuvres d’art que je transpose sur des vêtements ».

– Joy Meribe, 43 ans, née au Nigeria, a quitté son pays car « les designers de mode n’y sont pas considérés comme prestigieux ».

« Je ne suis pas une styliste ethnique, je vis en Italie, j’ai fait des études en Italie et je produis en Italie », souligne Joy, qui a obtenu un master en business international avant de se lancer dans la mode.

Son inspiration? « Des femmes africaines fortes et intelligentes, comme mes grands-mères ».

– Karim Daoudi, né au Maroc il y a 27 ans, est arrivé à l’âge de 13 ans avec sa famille à San Mauro Pascoli dans le nord de l’Italie, « à la recherche d’un avenir meilleur ».

« A 17 ans, j’ai commencé à travailler dans un atelier de confection de chaussures pour de grandes marques », avant de remporter un concours de création de chaussures à Rome.

Sa collection, baptisée « Voyage dans la forêt », rassemble des chaussures dans des teintes vives qui lui rappellent le Maroc. Pour financer sa passion, il gagne sa vie comme postier.

source: lalibre.be



Son livre-album et son spectacle marient les auteurs et les influence musicales. L’artiste y réaffirme son amour du Congo et de la poésie comme « acte de résistance » et brandit l’art comme « miroir et ciment de notre humanité ». Un spectacle à voir sur France 5 à 22h50 et sur le net. (Vidéos)

Le jeune homme a fière allure avec son couvre-chef rouge, son épée et son drap bleu sur fond de paysage incendiaire que l’on aperçoit au loin. Face à ce visage serein et déterminé, Abd Al Malik se souvient avoir ressenti comme un flash, un appel impérieux. Quelle serait la vie de ce jeune intrépide s’il avait grandi en 2020 en banlieue ? Ce tableau, découvert au hasard d’une déambulation au musée d’Orsay à Paris, frappe son imaginaire et lui rappelle que « le combat pour la liberté, la reconnaissance et le fait d’être en paix avec soi-même et les autres est permanent. »

Face à ce personnage qui défie les siècles, l’auteur se met à réfléchir: comment parler de la place de chacun dans la société ? La culture et l’éducation « comme ciment d’une identité collective », voilà une thématique qui résonne en lui. Surtout lorsque comme lui, on a longtemps fait partie du « peuple de la périphérie ».

Un livre, un CD,
un spectacle

Puisant dans ses souvenirs d’enfance, dans ses racines congolaises et son amour de la poésie et de la littérature, l’artiste à la fois poète, écrivain, metteur en scène et rappeur compose un long texte dans lequel il redit son amour de sa terre d’accueil et son rejet des discriminations et de l’intolérance. Admiratif de la modernité de ce Jeune Noir à l’épée, Abd Al Malik se fait l’écho de la colère sourde qui se propage au même rythme que la misère dans les cités-dortoirs de France et d’ailleurs. Le texte bientôt devient chanson.

« Comment pourrais-je m’aimer si sans cesse je dois lutter ? On prône la paix, pas l’épée » scande-t-il en chœur avec ses complices les musiciens Matteo Falkone et Bilal.

Apres le livre-album coédité par Flammarion, Présence africaine et le musée d’Orsay, Abd Al Malik conçoit un spectacle avec la complicité du chorégraphe Salia Sanou. Sur scène, Malik se glisse dans la peau du jeune guerrier peint par Pierre Puvis de Chavannes en 1850. Quatre danseurs pantalon noir, torse et pieds nus, habitent la scène avec lui et se font les interprètes d’un mal être lancinant. La chorégraphie du Burkinabé met en lumière les zones de fracture et la ligne pas si claire d’une société souvent naufragée.

Artiste en France, ses racines au Congo font d’Abd Al Malik un « homme-pont »

Tour à tour, Abd Al Malik évoque son rapport avec Les Autres et la façon dont les mots l’ont sauvé, réminiscence de ce passé tourmenté à Strasbourg avant qu’il ne soit saisi par une autre passion chronophage, celle de la littérature et de la poésie. « Partout où l’homme souffre, il me voit dans ses rangs. Et dire que nous étions pharaons au bord du Nil » rappelle-t-il, dénonçant la « haine de soi » qui dérive d’un certain type d’enseignement.

Fidèle à son auteur, le spectacle mêle slam, danse, lecture et fait sonner les notes de jazz et de rumba, de rap et de salsa avec les mots de Brel, Renaud, Baudelaire, Édouard Glissant et Léo Ferré.

Être Français avec des racines poussées ailleurs lui a donné l’envie d’être un « homme-pont pour créer du lien entre les êtres. » Résonne ainsi Gibraltar, l’hymne qui l’a fait connaître à l’international en 2006 auquel répond aujourd’hui La Vida negra imaginée avec la chanteuse Wallen. Il y est question de migrations, de Virgil, de Black Orpheus, de l’Aquarius et de Lampedusa, et de ces naufrages qui entachent notre expérience d’être humain.

L’auteur de Qu’Allah bénisse la France (2004) y confesse dans un souffle: « J’ai mal à l’Europe. » Avant d’interroger: «peut-on dire que le monde a changé si ta couleur de peau te met encore en danger ?»

En texte, en musique ou en mouvements, le Jeune Noir a l’épée invite chacun à « faire un, à faire peuple ». Tandis que sur scène s’impriment les mouvements fluides des corps ondulants, l’artiste rappelle une évidence: « les deux pires ghettos sont la haine et la violence. »

Mis en images par Julien Faustino, le spectacle, enregistré à l’Opéra comique, est à voir ce vendredi à 22h50 sur France 5 et reste disponible en ligne jusqu’au 26/03 sur France 5 et jusqu’au 20/11 sur France.tv.

Karin Tshidimba



Une bande dessinée d’Antoine Ozanam et Isabelle Dethan revient sur l’histoire méconnue de celui que l’on surnommait le « Nègre de la République », cité comme exemple par Obama dans son discours d’investiture.

Né à Matanzas (Cuba) le 8 novembre 1836, arrivé en France dix ans plus tard, Severiano de Heredia est fréquemment présenté comme « le premier maire noir de Paris ». L’expression est plutôt caricaturale et il faut reconnaître au scénariste Antoine Ozanam et à la dessinatrice Isabelle Dethan le mérite de repréciser bien des choses sur la carrière de ce « mulâtre » dans la France de la fin du XIXème siècle, avec leur bande dessinée Severiano de Heredia, élu de la République.

« Qui est l’homme que Barack Obama cite dans son discours d’investiture et considère comme un exemple à suivre ? » se sont demandé les auteurs. Leur réponse tient en 56 pages : ligne claire, approche chronologique et pédagogique, refus des simplifications.

L’ascension d’un coureur de jupons

L’on suit donc la trajectoire d’un homme de son temps, épris de modernité. Fils de Henri de Heredia et de Béatrice de Cardenas, « gens de couleur libre », filleul (ou fils selon certaines rumeurs…) de Ignacio Heredia Y Campuzano, Severiano de Heredia nait dans l’opulence – sa famille est propriétaire d’une plantation et possède des esclaves. Envoyé en France à l’âge de dix ans, Severiano y fait de brillantes études au Lycée Louis-le-Grand où il remporte, en 1855, le grand prix d’honneur.

Dethan et Ozanam racontent un jeune homme beau parleur, dilettante, coureur de jupons et dandy qui finit par se décider pour une carrière de journaliste. Son talent comme son goût de l’intrigue et de la chose publique lui permettent de gravir rapidement les échelons, de rejoindre la loge « L’étoile polaire » du Grand Orient de France et de s’intégrer habilement dans les milieux politiques. Marié à Henriette Hanaire en 1868, il obtient sa naturalisation française deux ans plus tard, en 1870, au prix de savants calculs stratégiques.

Les auteurs de la bande dessinée n’hésitent pas à souligner les contradictions d’un homme aux idées libérales, mais issu d’une classe aisée. Un proche le conseille ainsi : « Si je puis vous parler sans détour… votre situation est quelque peu fâcheuse. Votre domaine aux Antilles exploite toujours des esclaves. Si vous voulez faire carrière en politique, je vous conseille de faire le ménage avant. Ce genre de… casseroles est exactement ce dont vous n’avez pas besoin ! » Réponse de l’intéressé : il est allé plaider à Madrid pour l’abolition de l’esclavage dans les colonies espagnoles… et pense vendre ses esclaves (… et non les affranchir !).

« Severiano de Heredia, élu de la République », d’Antoine Ozanam et Isabelle Dethan, Passés/composés biopic, 60 pages, 14,90 euros.

Laïcité et bibliothèques municipales

En 1873, engagé sous les couleurs républicaines, tendance radicale, Severiano de Heredia est élu au conseil municipal de Paris pour le quartier des Ternes et devient, six ans plus tard, président du conseil municipal de Paris. Ce poste est en fait essentiellement honorifique et limité à un an. De Heredia n’a en aucun cas les mêmes pouvoirs qu’un maire de Paris actuel. Tout l’intérêt de la bande dessinée est d’aller au-delà de ce cliché de « premier maire noir » en s’intéressant au réformisme social de l’édile. Certes, il s’est tenu loin de Paris au moment de la Commune (mars à mai 1871), mais une fois au pouvoir, il multiplie les initiatives sociales, comme la création des coopératives ouvrières, la défense de la laïcité et surtout la mise en place des bibliothèques municipales.

En 1881, Severiano de Heredia est élu à la chambre des députés (Union républicaine) comme député de la Seine… et perd au même moment son fils de 12 ans, Henri. « Et maintenant… maintenant, tout ce que je veux, c’est qu’il puisse avoir un enterrement laïque, sans passer par l’église. C’est ma façon de rendre hommage à la prunelle de mes yeux autant qu’aux lois que vient de faire passer Jules Ferry », dit-il alors. Réélu sous l’étiquette Gauche radicale, il devient ministre des Travaux public sous le gouvernement de Maurice Rouvier (IIIème République), poste qu’il occupera de mai à décembre 1887.

Favorable à la colonisation

Les auteurs, encore une fois, le présentent comme un homme pétri de contradictions : écœuré par l’exposition universelle de 1889 et ses zoos humains, blessé par les insultes racistes qu’il reçoit fréquemment (« Député chocolat », « Nègre de la République », « Nègre négrier fils d’une esclave et d’un bourgeois juif allemand »…), De Heredia n’en reste pas moins favorable à la colonisation.

Le gouvernement auquel il appartient œuvre à la laïcisation des hôpitaux et des cimetières, autorise le divorce. À titre personnel, le ministre fait voter la loi des réseaux métropolitains, se prononce pour la réduction du temps de travail des enfants de moins de 12 ans à 10 heures par jour et s’oppose au général Boulanger. En vain, il est battu aux élections de 1889 et 1893 par le candidat boulangiste Charles Le Senne.

HEREDIA NE FUT PAS VRAIMENT « PREMIER MAIRE NOIR DE PARIS »

Dethan et Ozanam accompagnent leur personnage après la fin de sa carrière politique : il le présente aussi comme un entrepreneur en avance sur son temps qui, en 1895, s’associe à Louis Antoine Krieger, pionnier de la voiture électrique, pour fonder la Société civile des voitures électriques, système Krieger… Severiano de Heredia meurt le 9 février 1901, terrassé par une méningite. Il est enterré au cimetière des Batignolles, quartier dans lequel une rue porte son nom depuis le 10 septembre 2013 grâce à l’initiative de l’élu socialiste Lamine Ndaw.

Il faut relire l’histoire de Heredia, aujourd’hui : ne serait-ce que pour éviter de lui coller l’étiquette de « premier maire noir de Paris», qu’il ne fut pas vraiment, et rendre justice à son humanité comme aux combats qu’il mena.

Severiano de Heredia, élu de la République, d’Antoine Ozanam et Isabelle Dethan, Passés/composés biopic, 60 pages, 14,90 euros.

source: jeuneafrique.com



Hier, la situation à Vitshumbi dégenerait. Les manifestants dont les armateurs, les pêcheurs et autochtones du milieu on déposé un mémorandum auprès du fonctionnaire délégué du gouverneur pour dénoncer la substitution de la copevi au gouvernement, l'excès de zèle de la part de la copevi, la spoliation des terres de vitshumbi au mépris des autochtones, le dédoublement des numéros des armateurs normaux et le frein au développement du milieu.
Sur ce, les manifestants viennent de demander :
-  tout agent de la copevi de quitter vitshumbi dans 48 heures à compter dès le dépôt du memorandum, la résistance sera considérée comme une menace, et le concerné subira la colère de la population.
-  Le déplacement du siège social de la copevi dans un bref délai.
-  La collaboration avec le gouvernement pour une meilleure gestion de vitshumbi et du lac Édouard.

- La démission immédiate du représentant du comité des pêcheurs.

Il est à signaler que le président du comité de pêcheurs vient de fuir via une pirogue motorisée car il est accusé de comploter avec la copevi pour faire régner le chaos à vitshumbi.

Une pirogue vient d'être brûlée par les manifestants devant le bureau du comité de pêcheurs, et les manifestants organisent un réveillon devant le bureau de la copevi pour se rassurer de l'application de leurs recommandations. A suivre !

Gloire Malthus



Il y a cinq ans était signé l’accord de Paris sur le climat négocié pendant la COP21. Le climat reste un sujet très important, puisque malgré le Covid, selon une étude parue il y a un mois, le climat reste la priorité numéro 1 des Français. Pourtant, pendant longtemps les chrétiens ne se sont pas sentis concernés par cette question. Pourquoi ?

Il y a plusieurs raisons à cela: l’écologie politique s’est parfois construite en réaction au christianisme, pour des raisons historiques et sociologiques. Les chrétiens ont en effet été accusés d’être à l’origine de la crise environnementale et les écologistes ont parfois cherché dans les religions orientales ou dans le New Age des réponses aux questions qu’ils se posaient. Sur de nombreux sujets de société, les écologistes adhérents à des partis politiques comme eEurope Ecologie Les Verts » se retrouvent donc souvent à l’exact opposé des positions évangéliques. C’est le cas pour l’écologie mais aussi pour tout un ensemble de sujets comme le mariage des homosexuels ou la question israélo-palestinienne.

Une certaine méfiance pour la science et les experts – liée notamment au rejet de la théorie de l’évolution – conduit aussi certains Chrétiens à rejeter le consensus scientifique autour du changement climatique. D’autant que la Bible donne de nombreux exemples de prophètes ayant eu raison seuls contre tous (voir les exemples d’Elie dans 1 Rois 18 ou de Michée dans 2 Chroniques 18). D’autres Chrétiens, tout en ne niant pas la réalité du problème environnemental, considèrent que ce n’est pas la mission de l’Eglise de s’en préoccuper. Cette conviction peut être parfois renforcée par la croyance que la terre sera détruite à la fin des temps ; il ne servirait donc à rien de s’efforcer d’en prendre soin (cette dernière assertion est largement discutable car pour prendre une analogie, je n’ai jamais entendu de pasteur affirmer: « puisque mon corps va être détruit en mourant, je peux fumer, boire et me droguer sans retenue »…).

Mais les choses sont en train de changer. Dès le début de la prise de conscience de la crise environnementale, des chrétiens ont été des lanceurs d’alerte sur ces questions, comme par exemple Francis Schaeffer, ou Peter Harris, fondateur de l’association A Rocha au début des années 1980 qui a souhaité s’engager concrètement pour la protection de la création par du travail de terrain. De plus en plus de chrétiens prennent aujourd’hui conscience des enjeux, notamment climatiques et veulent agir. La publication en 2015 de l’encyclique du pape François consacrée à l’écologie, Laudato si, a mobilisé l’église catholique. Mais dans les autres milieux chrétiens aussi, les choses bougent. Car prendre soin de la création de Dieu apparaît de plus en plus clairement comme un mandat biblique. En effet, comment est-il possible de dire qu’on aime Dieu et qu’on aime son prochain – les deux plus grands commandements selon la Bible – si on laisse détruire la planète ? Et comment se montrer indifférents à l’angoisse d’une partie de nos contemporains face à la crise environnementale et aux risques d’effondrement auxquels nous faisons face ? Se détourner de cette question, ne serait-ce que d’un point de vue pastoral, serait éloigner encore un peu plus l’Eglise d’une société qui remet déjà souvent en cause sa pertinence.

Alors, que pouvons-nous faire ? La crise environnementale n’est que le symptôme d’un mal plus profond bien connu des Chrétiens sous le nom de « péché ». La crise est avant tout une crise spirituelle: nous nous sommes laissés aller (y compris nous, les chrétiens) à une idolâtrie, celle de l’argent et de la consommation ; à cause de notre péché, « la création tout entière soupire et souffre comme dans les douleurs de l’enfantement » (Romains 8:22).

La première chose est de prendre un temps de pause – toujours bienvenu dans nos vies souvent frénétiques – pour prier et demander à Dieu pardon, et l’implorer de venir à notre secours devant une crise que nous ne pouvons pas résoudre (Romains 10:13, 2 Chroniques 7:14…). Car ce n’est pas nous qui allons « sauver la planète ». Nos prières sont importantes pour Dieu. Il est ainsi possible de rejoindre le réseau de prière pour la création, pour recevoir une prière quotidienne sur laquelle s’appuyer pour l’intercession au sujet de l’environnement. Une fois pris ce temps avec le Seigneur, il sera temps d’agir, et cela de multiples manières. En commençant par prendre conscience de son empreinte écologique, en s’informant sur ces sujets, et en modifiant nos comportements. Vous pouvez rejoindre des mouvements qui visent à s’engager comme le label « église verte » ou le réseau des Ambassadeurs d’A Rocha qui sera lancé officiellement début janvier.

Jean-François Mouhot
Directeur National
A Rocha France



L'honorable Patrick Munyomo dénonce un complot sur fond de corruption. 

Alerté sur une cabale montée de toute pièce visant la déstabilisation de la province du Nord Kivu, l'honorable Patrick Munyomo alerte sur le danger de cette démarche teintée de corruption. 

" Nous dénonçons le complot de quelques élus utilisés pour déstabiliser la province du Nord kivu, en initiant une motion de défiance contre le Gouverneur Carly Nzanzu Kasivita

qui travaille selon la vision du Chef de l'État", dénonce l'élu du Nord Kivu, avant de poursuivre, « non aux règlements de compte en RDC ». 

D'après des sources concordantes contactées par Africamedias plus, huit députés provinciaux auraient reçu chacun 8000 dollars pour faire tomber le gouverneur Carly Nzazu, pourtant admiré par l'ensemble de la population Kivucienne pour son savoir-faire. 

Résolument engagé et fidèle à ses convictions, l'honorable Patrick Munyomo apporte son soutien indéfectible au gouverneur du Nord Kivu, et se dit déterminé à barrer la route aux ennemis du peuple. 

Par Dieudonné Mango



Alors que les combats se poursuivent dans la région du Tigré au nord de l’Éthiopie, l’ordre salésien n’a eu aucun contact avec 25 prêtres qui travaillent dans la région. 

Au moins 25 missionnaires salésiens sont bloqués sans communications dans la région du Tigré, au nord de l’Ethiopie, zone marquée par des affrontements entre militaires éthiopiens et miliciens du Front de libération populaire du Tigré.

La congrégation des salésiens, dont le nom évoque Saint-François de Sales, est présente sur les cinq continents et a pour vocation de donner une éducation à la jeunesse. Les 25 salésiens dont la congrégation est actuellement sans nouvelles, exercent des activités autour de l’évangélisation et de l’éducation au sein de quatre communautés de la région.

Les combats dans cette région de l’Éthiopie ont commencé le 4 novembre dernier lorsque le Premier ministre Abiy Ahmed a lancé une action militaire contre le Front de libération du peuple du Tigré. D’après UCA News, des milliers de personnes sont mortes, des dizaines de milliers ont fui vers le Soudan voisin et des millions de migrants sont en situation d’urgence et ont besoin d’assistance.

L’Agence Fides rapporte les propos d’un salésien d’Addis-Abeba qui dénonce une « situation très tendue » et explique que toutes les communications avec la région du Tigré sont coupées.

« La situation est très tendue; tout peut arriver d’un moment à l’autre et nous n’aurons aucune information car tout a été coupé – internet et téléphone. »

D’après le prêtre, le dernier contact qu’ils ont eu avec  la seule communauté encore joignable, remonte à 10 jours.

« Le dernier contact que nous avons eu avec l’un d’eux remonte à 10 jours – avec les autres, cela n’a pas été possible – et ils ont dit que les biens essentiels comme l’électricité, le gaz et la nourriture commencent à se raréfier. »

Parmi ces 25 missionnaires, se trouve le prêtre Alfredo Roca âgé de 87 ans, qui a l’expérience de ce type de situation puisqu’il était déjà présent à l’époque de la « guerre contre le gouvernement communiste de Mengistu et au cours du conflit avec l’Érythrée » a ajouté le prêtre d’Addis-Abeba.

« Il est là depuis très longtemps, étant arrivé dans les années 1980. Il avait déjà été présent durant la guerre contre le gouvernement communiste de Mengistu et au cous du conflit avec l’Erythrée et malheureusement il a beaucoup d’expérience de ces situations. »

Source : Infochretienne.com

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Ali Kalonga

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