Trouver une maison à louer à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, est indubitablement devenu un exercice harassant, exigeant à la fois de la persévérance et des nerfs solides. En plus des trajets à parcourir sous la guidance des commissionnaires en vue de l'appréciation du logis, s'ajoute un problème lié à la sur demande due à la surpopulation de la ville à cause de l'exode rural, constate Actualite.cd sur le terrain.
Pour Déo, commissionnaire trouvé juste devant la pancarte de son agence immobilière, ceux qui débarquent en cascade à Kinshasa en provenance des provinces, « en ignorant totalement les réalités », s'accaparent « urgemment » des maisons, voire des hangars. « Kinshasa est la capitale, et elle appartient à nous tous. Mais voir la manière dont nos frères des provinces débarquent à Kinshasa m'étonne. Urgemment, ceux qui ont des moyens louent des maisons en matériaux durables, et d'autres, pour ne pas rester sans abri, acceptent de demeurer sous des hangars dans des conditions précaires », a-t-il dit, exhortant ceux qui sont encore dans les provinces d’y rester et y travailler « pour l'épanouissement de leurs milieux de vie ».
Une couturière, ayant requis l'anonymat, fustige l'arrivée « en vague et sans planification » à Kinshasa des Congolais nés en province, avant de rappeler que, par le passé, trouver une maison à louer n'était pas aussi pénible que de nos jours, d'autant plus que les bailleurs eux-mêmes étaient contraints de réduire la garantie et le loyer pour avoir des locataires. « Je ne sais pas ce qu'ils viennent chercher de grave ici. D'ailleurs, ils mangent bio et plus que nous. Ce qui me dépasse, c'est qu'ils viennent en vague et sans planification. Autrefois, pour qu'une maison soit occupée, ça prenait du temps. Les bailleurs étaient obligés de revoir leurs garanties et loyers pour avoir des locataires. Mais aujourd'hui, c'est le contraire. Ce sont plutôt les candidats locataires qui doivent augmenter les enchères pour supplanter les autres », a-t-elle expliqué.
Plusieurs autres personnes, qui se sont exprimées avec réticence, ont proposé l'extension de la ville de Kinshasa comme solution à ce problème. Ils soulignent la tendance qu'ont la majorité des gens à préférer le centre-ville, une réalité à l'origine de la promiscuité. « On doit construire dans les plus grandes étendues de Kinshasa, c'est-à-dire à N'sele, à Maluku et à Mont-Ngafula, qui sont les communes les plus vastes de la capitale », déclare l'un d'eux.
Construite à l'époque coloniale pour accueillir 8 millions d'habitants, la ville de Kinshasa compte désormais 17 032 322 habitants, d'après les dernières statistiques de 2024, avec une densité de 1 730 habitants/km². Cependant, sa partie Est, constituée notamment des communes de Maluku (la plus vaste des 26) et de N'sele (la deuxième), n'est pas construite et n'est pas viable, d'où une forte concentration de la population vers le centre.
Le projet « Kin kitoko », annoncé avec pompe et dont la maquette était prometteuse, n'a jusqu'à présent pas abouti à la pose de la première pierre pour le début des travaux de construction.
Samyr LUKOMBO