À l'occasion de la célébration de la fête de nativité, Fridolin Ambongo, Archevêque de Kinshasa, a qualifié le scrutin du 20 décembre de « gigantesque désordre organisé ». Pour le cardinal, la Commission électorale nationale indépendante n'était pas prête à organiser les élections le 20 décembre, créant des frustrations au sein de la population congolaise.
En réaction, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, déplore le fait que le cardinal Fridolin Ambongo se base davantage sur ce qui n'a pas marché plutôt que de voir le processus dans son ensemble, marqué par l'engouement, la patience et la détermination des électeurs.
" J'ai vu des Congolais qui étaient frustrés lorsque je suis allé voter, mais ce n'est pas pour autant qu'ils ont quitté la file d'attente et qu'ils n'ont pas voté plus tard. Ici, le cardinal a ses opinions, que nous connaissons tous. Nous ne pouvions pas nous attendre à ce qu'il ait une opinion différente, mais il pourrait envisager de regarder la question sous un autre angle. Lorsqu'un événement survient, pourquoi ne regarde-t-on que ce qui n'a pas fonctionné ? Nous reconnaissons tous, la CENI reconnaît qu'il y a eu des difficultés, mais tous ces Congolais qui ont voté par millions dans des conditions de sérénité, ne méritent-ils pas également d'avoir un mot du cardinal Fridolin Ambongo pour tout ce qui s'est bien passé ? ", s'est-il interrogé lors d'un briefing presse tenu mardi 26 décembre.
Patrick Muyaya affirme que les déclarations du cardinal donnent l'impression de soutenir un camp politique, alors que l'Église doit se tenir au milieu du village.
" Nous notons qu'il est allé voter, et quand le cardinal a voté, je ne pense pas qu'il y avait du désordre. Il y avait de l'ordre là où il a voté, car j'ai vu qu'il a voté et il a fait une interview juste après. Ici, il faut éviter d'avoir des positions qui risquent de donner des opinions aux gens. Certains considèrent que les propos du cardinal peuvent être interprétés comme favorables à ceux qui veulent contester le processus, et cela ne serait pas bon pour quelqu'un qui représente une institution censée être au milieu du village ", a fait remarquer Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement.
Patrick Muyaya dit attendre de voir si les résultats de la mission d'observation de l'Église catholique seront différents de ceux publiés par la CENI.
" Il y a des observateurs qui ont été déployés, nous attendons de voir les observateurs présenter les résultats qui seront les leurs, si ces résultats diffèrent de ceux de la CENI. En ce qui concerne le retard dans l'ouverture des bureaux, tout le monde l'a reconnu, et la CENI a dit que là où il y avait du retard, les bureaux avaient le droit d'opérer pendant 11 heures et que toutes les personnes qui étaient dans la file, même lorsque les heures ont été dépassées, pouvaient attendre et être accueillies par les agents des bureaux de vote pour qu'ils votent. Faisons aussi un effort pour regarder ce qui fonctionne, nous allons contribuer à consolider notre démocratie, car on ne pouvait pas s'attendre à avoir une démocratie parfaite ", s'est défendu Patrick Muyaya.
Ce processus électoral est vivement critiqué du côté de l'opposition. Cette catégorie de la classe politique congolaise déplore les irrégularités et les ratés enregistrés le jour du vote, mais aussi la prolongation du jour de vote au-delà du 20 décembre, ce qui, selon eux, favorise la tricherie au profit du candidat à sa propre succession, Félix Tshisekedi. D'après les données partielles actualisées de la CENI, Félix Tshisekedi a devancé ses adversaires politiques.
Clément MUAMBA