Les révélations se poursuivent dans le cadre de Congo Hold-up. Au fur et à mesure, les réactions s’enchainent. En Belgique, c’est Alexander De Croo, le premier ministre belge, est le premier à réagir.
« La révélation de cette affaire est une bonne chose (…). Toute forme de corruption est totalement inacceptable, a fortiori quand elle se fait au détriment des plus vulnérables comme ici. Il est dans l’intérêt même de la RDC que cette affaire soit révélée au grand jour. Cela devrait aider le président actuel et son gouvernement à progresser dans la lutte contre la corruption, une lutte que soutient notre pays », a t-il déclaré dans les médias belges.
Les relations entre le camps Joseph Kabila et le gouvernement belge s’étaient sérieusement détériorées à l’approche des élections de 2023.
La Belgique avait décidé, le 10 janvier, de revoir son aide financière à la RDC dans le domaine humanitaire suite à la situation politique qui prévalait au pays. Didier Reynders et Alexander De Croo, à l’époque vice-Premiers ministres respectivement ministres des Affaires étrangères et ministre de la Coopération au développement, avaient annoncé vouloir développer de la coopération directe avec les organisations locales de développement en lieu et place du gouvernement congolais en attendant l’organisation des élections.
actualite.cd/CC
Le gouvernement a décidé d’accorder une « prime de gratuité », aux enseignants de l’école primaire dès le mois de décembre 2021.
C’est l’un des compromis trouvés entre le gouvernement et le banc syndical des enseignants après plus de 20 jours des travaux de négociation, clôturés vendredi 19 novembre, à Mbuela Lodges, dans le Kongo Central.
Selon le rapport présenté par les participants, plusieurs recommandations ont été formulées notamment sur la rémunération « des nouvelles unités », des « non-payés », des « désactivés » ainsi que sur la retraite des enseignants et la prime de gratuité.
La prime de gratuité
Elle est accordée en attendant la prise en charge dans le budget 2022 du 2ème et 3ème palier, du solde de la prime de brousse et du montant alloué aux nouvelles unités. Par ailleurs, le même rapport indique que, l’autorité gouvernementale s’engage à payer le 2ème et 3ème palier en faveur des enseignants payés et non payés au quatrième trimestre 2021.
Un autre engagement du gouvernement, c’est celui d’appliquer, au cours de l’exercice budgétaire 2022, le projet de barème des enseignants de l’EPST issu de l’atelier résidentiel de Venus à Bibwa, auquel il a été appliqué la tension normale de 1 à 10.
La question des « non payés » et des « désactivés »
Les 81.509 enseignants non-payés restants, recevront leurs salaires dès la paie du 1er trimestre 2022.
Quant à la question des « désactivés », il faudra convoquer dans « l’immédiat » les travaux de la grande commission chargée d’examiner au cas par cas les recours des écoles, des bureaux gestionnaires et des agents désactivés de sorte que, les cas éligibles à la réactivation soient pris en compte à la paie du mois de décembre 2021 avec effet rétroactif, précise ce rapport.
La retraite des enseignants.
Enfin, le gouvernement s’engage à allouer des « ressources financières suffisantes », pour assurer une retraite honorable aux enseignants, souligne le rapport de Mbuela lodges.
radiookapi.net/CC
Par visioconférence, les membres du gouvernement ont pris part ce vendredi 19 novembre 2021, à la vingt-neuvième réunion du conseil des Ministres. Sous la présidence du Chef de l’État Félix Tshisekedi, plusieurs points ont été abordés.
Invitée à cette réunion gouvernementale, la Gouverneure de la Banque Centrale du Congo (BCC), Malangu Kabedi Mbuyi, a indiqué que la conjoncture économique reste marquée par la conclusion de la première revue du programme triennal dont l’approbation par le Conseil d’administration du Fonds Monétaire International (FMI) en décembre 2021 donnera lieu à un décaissement de plus de 200 millions de dollars américains au niveau du guichet Facilité Élargie de Crédit (FEC).
Au regard des efforts déjà fournis, a-t-elle souligné, le FMI encourage le Gouvernement à poursuivre les réformes structurelles indispensables pour soutenir la reprise et promouvoir une croissance solide et diversifiée.
« Le marché de biens et services est demeuré relativement stable avec un cumul annuel de l’inflation de 4,071% à la fin de la deuxième semaine de novembre 2021 alors qu’elle se situait autour de 14% en 2020. A ce rythme, l’inflation s’établirait à 4,72% à fin décembre 2021, face à un objectif de 7% », a souligné la Gouverneure de la BCC.
Elle a ajouté que « le marché de changes est resté globalement stable, attesté par des faibles variations du taux de change sur les deux segments du marché. En cumul annuel, le taux de dépréciation du Franc Congolais n’est que de 1,37% à l’indicatif et de 0,90% au parallèle contre une perte de pouvoir d’achat de la monnaie de plus de 14% à la période correspondante en 2020. »
Par ailleurs, la patronne de l’institut d’émission, a noté une « bonne tenue des finances publiques en 2021 par rapport à 2020, particulièrement au niveau des recettes. Elle a également indiqué que les réserves de change se sont établies à 3,3 milliards USD au 11 novembre 2021, soit 3 mois d’importations de biens et services. »
Parlant des cours mondiaux des principaux produits d’exportation de la RDC, Malangu Kabedi Mbuyi, a précisé qu’ils sont en hausse, sur fond de l’augmentation de la demande, avec la reprise de l’économie mondiale.
« En dépit de la stabilité observée, l’économie nationale demeure exposée à certains risques d’origine externe notamment la faible couverture vaccinale dans les pays en développement qui pourraient influencer leurs économies et la trajectoire de la croissance mondiale », a-t-elle prevenu.
Et de poursuivre : « Le faible taux de couverture vaccinale et les pressions sur la demande intérieure qui caractérisent historiquement le dernier trimestre de l’année marqué par la préparation des festivités de fin d’années constituent des facteurs de risque sur le plan interne ».
Pour clore son intervention, la Gouverneure de la BCC, a recommandé le maintien de la coordination des politiques budgétaire et monétaire, la mise en application continue du pacte de stabilité, la poursuite de la gestion optimale de la liquidité et la mise en œuvre des réformes retenues dans le cadre du programme avec FMI en vue de la diversification de l’économie mondiale.
Junior Ngandu
Le ministre de la Santé Publique, Hygiène et Prévention Jean-Jacques Mbungani a fait savoir, au cours de la réunion de conseil des ministres, tenue vendredi 19 Novembre, l’apparition d’une maladie inconnue appelée Monkey Pox dans la province de Maniema, territoire de Kibombo, plus particulièrement dans la zone de santé de Tunda.
La cellule de surveillance épidémiologique du ministère de la Santé qui en a reçu l’alerte indique que cette maladie inconnue « Monkey Pox » se manifeste par des fortes fièvres et éruption cutanée.
D’après le ministre de la Santé, depuis l’apparition de cette maladie, il y a déjà eu 69 cas et 12 décès avec une létalité de 17%.
L’Aire de Santé la plus touchée est Utshu avec 29 cas et 5 décès suivi de l’aire de santé de Dikululu avec 15 cas et 4 décès. �
Pour ce faire, le gouvernement a organisé la prise en charge des cas, l’approvisionnement en médicaments ainsi que la sensibilisation des populations locales sur les définitions des cas et sur les mesures à prendre.
« Le dispositif de riposte est opérationnel », a rassuré le ministre de la santé, cité par le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya, dans son compte rendu.
Le ministère de la Santé n’en dire pas encore plus au ce sujet de cette maladie. Mais d’après nos recherches Monkeypox a été découvert en 1958 lorsque des épidémies d’une maladie semblable à la variole se sont produites chez des singes macaques mangeurs de crabes gardés pour la recherche.
La variole du singe est originaire de macaques crabiers gardés pour la recherche en Afrique centrale et occidentale et tue 1% des personnes infectées. Les macaques sont des espèces robustes de singes (primates) dont les bras et les jambes ont à peu près la même longueur.
Certains chercheurs pensent que le virus se transmet des animaux aux humains lorsque le primate mord ou gratte une personne. Il peut également se propager de personne à personne par des gouttelettes respiratoires dans l’air de la même manière que les humains se propagent le COVID-19 les uns aux autres.
Les personnes atteintes de cas plus graves de virus développeront souvent des lésions cutanées, entre autres symptômes tels que des éruptions cutanées et de la fièvre.
On le trouve chez les animaux sauvages mais les humains peuvent l’attraper par contact direct avec des animaux, comme toucher des singes, des écureuils, des rats ou d’autres mammifères, ou manger de la viande mal cuite.
Les symptômes apparaissent généralement dans les cinq et 21 jours suivant l’infection. Ceux-ci incluent de la fièvre, des maux de tête, des douleurs musculaires, des ganglions lymphatiques enflés, des frissons et de la fatigue.
Carmel NDEO
Le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, a reçu en audience, jeudi à la Cité de l’UA, une délégation de la Task force de l’Ituri avec laquelle il a échangé sur des voies et moyens à mettre sur pied pour juguler la crise sécuritaire qui secoue cette partie du territoire national.
Le Coordonnateur de cette Task force, Thomas Lubanga, qui conduisait la délégation a indiqué, au sortir de l’audience, que leur entretien a tourné autour des actions à mener sur terrain en vue de la pacification, la réconciliation et du développement de l’Ituri.
« La situation sécuritaire de l’Ituri est catastrophique. Le Chef de l’État s’efforce à s’en finir, mais il a besoin d’une connaissance approfondie des réalités du terrain et surtout des subtilités locales », a souligné Thomas Lubanga, profitant de l’occasion pour appeler ceux qui sèment la terreur « d’arrêter d’écrire l’histoire de l’Ituri en lettres de sang ».
Pour lui, cette Task force, un regroupement composé de toutes les sensibilités sociales et ethniques de l’Ituri, est une réponse pour ramener la paix et le développement de l’Ituri, dans le souci d’en finir, selon le vœu du Chef de l’Etat, avec les forces du mal qui écument cette partie Est de la République.
« Le Chef de l’État nous a accueillis à bras ouverts. Il a, par ailleurs, apprécié les idées avancées parmi lesquelles, l’organisation d’une série d’activités à côté de notre armée qui fournit déjà des efforts considérables », a déclaré Thomas Lubanga qui a, en outre, apprécié la disponibilité du Président Tshisekedi et son sens de d’écoute.
« La violence et l’intolérance ne peuvent amener à quelque de bon. Réfléchissons plutôt sur ce qui peut nous amener à la paix et que cette paix soit le rêve d’un chacun. » a-t-il conclu, s’adressant aux Ituriens. Cette audience intervient au lendemain de la rencontre du Président Tshisekedi avec les députés nationaux élus de l’Ituri et du Nord-Kivu sous état de siège, rappelle-t-on.
Stéphie MUKINZI & ACP/CC
Le Président de la République Félix Tshisekedi a réitéré son attention particulière dans le dossier relatif à la restitution et au rapatriement du patrimoine culturel congolais. C’est dans cette optique qu’Il a instruit lors du conseil des ministres du vendredi 19 novembre, le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde de créer une Commission nationale de politique commune sur le rapatriement du patrimoine culturel Congolais.
Selon les instructions u chef de l’Etat, cette Commission devrait inclure toutes les parties prenantes, notamment : les Ministères impliqués, des Experts, des scientifiques, des Chefs Coutumiers, des autorités traditionnelles, Monarques, etc.
Dans cette même perspective, le Président de Félix Tshisekedi a souligné l’opportunité d’aborder la question de recouvrement de du patrimoine congolais notamment avec le Musée royal de l’Afrique centrale de Tervuren qui selon compte rendu du conseil des ministres, « regorge une grande quantité d’une valeur inestimable de plus belles œuvres de la République Démocratique Congo.
« Le retour de ces œuvres redonnerait non seulement aux Congolais mais aussi aux Africains l’affirmation de leurs identités. Il encouragera la compréhension mutuelle et permettra d’animer un dialogue interculturel et intergénérationnel », a dit le chef de l'Etat insistant sur la nécessité de voir ce processus de rapatriement se libérer de toute passion et s’inscrire sur une nouvelle politique culturelle fondée sur le respect mutuel.
Tout en saluant la coopération des autorités belges, Félix Tshisekedi a insisté sur la nécessité de voir ce processus de rapatriement se libérer de toute passion et s’inscrire sur une nouvelle politique culturelle fondée sur le respect mutuel.
Il faut dire que la création de cette commission ainsi que le rapatriement du patrimoine culturel congolais vont s’inscrire en quelque sorte dans le thème de son mandat à la tête de l’Union africaine qui s’intitule « Art, culture et patrimoine : Levier pour construire l’Afrique que nous voulons ».
Pour rappel, le gouvernement belge a présenté en juillet dernier une feuille de route pour restituer à la RDC des milliers d'objets culturels acquis abusivement, particulièrement lors des violences commises sous le règne de Léopold II entre 1885 et 1908. Aucun calendrier n’est encore avancé.
Carmel NDEO/CC
Il s'agit d'une enquête de "Mediapart" intitulée « Congo hold-up », basée sur la plus grosse fuite de documents jamais survenue en Afrique. Cette enquête révèle de façon inédite les rouages de la kleptocratie et de la corruption qui ont rongé la République démocratique du Congo (RDC) sous le règne de son ancien président Joseph Kabila, et au-delà le pillage d’un pays continent parmi les plus pauvres du monde. Déjà le camp Kabila, cité par Stanis Bujakera Tshiamala, a répondu à Congo Hold Up: "Ces puissances occultes n'ont jamais digéré les choix courageux de souverainetéopérés sous la Présidence de Joseph Kabila en matière électorale et minière".
Ci-après l'intégralité de l'enquête de "Mediaprt":
Notre enquête révèle comment la famille de l’ancien président a siphonné 138 millions de dollars des caisses de l’État, avec la complicité de la banque BGFI RDC, à travers une société-écran installée dans un garage.
D'ordinaire, ce sont les voleurs qui attaquent les banques. En République démocratique du Congo (RDC), c’est une banque qui a aidé le clan du président Kabila à braquer l’État, par un hold-up hors du commun. Tandis que plus de 70 % des Congolais survivent avec moins de 2 dollars par jour, Joseph Kabila et sa famille ont accumulé une fortune colossale au détriment de leurs concitoyens. C’est ce que révèlent Mediapart et ses partenaires du projet « Congo hold-up », grâce à la plus grande fuite de données jamais survenue en Afrique.
Joseph Kabila a dirigé d’une main de fer la République démocratique du Congo (RDC) pendant dix-huit ans. Propulsé en 2001 à la présidence à l’âge de 29 ans, à la suite de l’assassinat de son père Laurent-Désiré, le jeune homme s’est vite mué en autocrate, au fil d’un règne marqué par la répression, l’exécution et la torture de centaines d’opposants, et le trucage des élections. Il a fallu une intense pression de l’opposition et de la communauté internationale pour que Joseph Kabila accepte enfin de quitter le pouvoir après les élections de décembre 2018, deux ans après le terme de son mandat.
Retiré dans sa ferme de Kingakati, à 50 kilomètres de la capitale Kinshasa, où il a aménagé un vaste parc animalier, l’ancien président a laissé à son successeur, Félix Tshisekedi, un pays toujours ensanglanté par les conflits armés, et qu’il a échoué à sortir de la misère. Malgré ses immenses ressources minières, le Congo-Kinshasa, ancienne colonie belge et pays-continent de 100 millions d’habitants, est le 6e pays le plus pauvre du monde et 175e sur 189 au classement de l’indice de développement humain de l’ONU. La moitié de la population n’a pas accès à l’eau potable et 90 % n’a pas l’électricité.
De leur côté, Joseph Kabila et sa famille ont accumulé une indécente fortune, estimée à plusieurs centaines de millions de dollars par une enquête réalisée en 2016 par l’agence Bloomberg.
L’argent des Kabila vient, en partie, de la corruption et du détournement de fonds publics. C’est ce que révèle à partir d’aujourd’hui le premier volet de notre enquête « Congo hold-up », qui s’appuie sur 3,5 millions de documents confidentiels issus de la banque BGFI, obtenus par Mediapart et l’ONG Plateforme pour la protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF). Ces données ont été analysées pendant six mois par dix-neuf médias internationaux et cinq ONG, coordonnés par le réseau European Investigative Collaborations (EIC).
Comme nous le détaillerons dans les prochains jours, les documents « Congo hold-up » montrent que l’ancien président Kabila, sa famille et ses proches ont reçu, avec la complicité de la BGFI, au moins 138 millions de dollars issus des caisses de l’État entre 2013 et 2018. C’est l’équivalent de 250 000 ans de salaire moyen en RDC.
À cela s’ajoutent 33 millions de dollars déposés en liquide et 72 millions d’origine inconnue qui ont transité par le compte de la BGFI à la Banque centrale du Congo. Soit un total de 243 millions d'argent public et de fonds suspects encaissés par l’entourage proche de Joseph Kabila.
Comment fait-on pour détourner autant d’argent ? Il suffit de contrôler un établissement bancaire.
Cette banque, c’est la BGFI. La banque du président. Ou plutôt des présidents.
Basé au Gabon, le groupe BGFI, déjà cité dans plusieurs affaires de corruption, est très lié à la famille des présidents Omar puis Ali Bongo, qui en est actionnaire, mais aussi à l’autocrate du Congo-Brazzaville, Denis Sassou Nguesso.
Opérations acrobatiques, faux libellés, transactions antidatées : la filiale du groupe BGFI en RDC a fait preuve d’une incroyable ingéniosité financière pour aider le clan Kabila à s’enrichir, puis à couvrir les fraudes lorsque de premiers scandales ont éclaté à partir de 2016. Dans un entretien aux médias partenaires de « Congo hold-up », le patron de l’Inspection générale des finances, Jules Alingete, qui a enquêté sur plusieurs affaires impliquant la BGFI RDC, la qualifie de « banque mafieuse ».
Lorsque la BGFI a ouvert une filiale en RDC en 2010, elle s’est tout naturellement alliée au président Kabila. Sa sœur Gloria Mteyu, styliste de mode et organisatrice de la Kinshasa Fashion Week, a reçu gratuitement 40 % du capital de la banque. En 2012, Francis Selemani, frère adoptif du président, est devenu directeur général de BGFI RDC.
Un an plus tard, Francis Selemani et Gloria Mteyu ont racheté une société boîte aux lettres installée dans un ancien garage de Kinshasa : Sud Oil.
Ils contrôlaient donc à la fois la société-écran et la banque, où la fine fleur des institutions et entreprises publiques congolaises a ouvert des comptes. C’est ainsi que le frère de Joseph Kabila a pu se livrer à un véritable pillage des caisses de l’État.
Les documents « Congo hold-up » montrent que Sud Oil et ses sociétés satellites ont encaissé, à elles seules, plus de 150 millions de dollars, dont 28 millions de cash et 92 millions d’argent public sur leurs comptes à la BGFI.
Pour y parvenir, il a fallu l’aide d’une autre banque, et pas n’importe laquelle : la Banque centrale du Congo (BCC). En avril 2013, quelques mois avant le début de l’opération Sud Oil, Joseph Kabila y a installé comme gouverneur l’économiste Deogratias Mutombo. Sous sa direction, la BCC va devenir la principale pourvoyeuse de fonds de la famille présidentielle.
Sud Oil a également servi de véhicule à la corruption du régime : elle a reçu plus de 10 millions de dollars de pots-de-vin d’entreprises étrangères, comme nous le révélerons lors des prochains volets de notre enquête.
Sa principale activité semblait être le détournement de fonds publics. Sud Oil a prélevé une sorte de « taxe Kabila » auprès de plusieurs institutions et entreprises publiques congolaises, dont la Banque centrale (50 millions de dollars), l’entreprise minière nationale Gecamines (20 millions), le Fonds national d’entretien routier, la Société nationale des transports et des ports, l’Assemblée nationale, la Commission nationale électorale indépendante. Sud Oil a même encaissé l’argent de l’ONU destiné à payer les Casques bleus congolais déployés en Centrafrique.
Pendant toutes ces années, le clan Kabila semblait considérer l’État comme un distributeur de billets. La majorité de l’argent touché par Sud Oil a été retirée en liquide, à hauteur de 80 millions de dollars, alors que la loi congolaise interdit tout retrait d’espèces supérieur à 10 000 dollars.
Les documents « Congo hold-up » montrent que Francis Selemani, frère de Joseph Kabila et patron de la BGFI, a personnellement reçu au moins 12 millions de dollars de Sud Oil, utilisés notamment pour acheter des biens immobiliers en Afrique du Sud et aux États-Unis.
Les fonds détournés semblent également avoir profité au duo d’hommes d’affaires Alain Wan et Marc Piedbœuf, très proches de Joseph Kabila et qui contrôlent un empire économique en RDC.
Le 25 mai 2016, Marc Piedbœuf a retiré 640 000 dollars en liquide sur le compte de Sud Oil à la BGFI, grâce à un chèque émis par la société en sa faveur. Le 26 juin 2016, André Wan, fils d’Alain, a retiré 1,1 million de dollars en cash de la même manière.
Alain Wan et Marc Piedbœuf ont refusé de nous répondre, estimant que nos informations sont « pour la plupart mensongères » et notre démarche motivée par l’« intention manifeste de nuire ». Le 3 novembre, avant même la publication de cet article, leur avocat a déposé plainte pour « dénonciation calomnieuse » contre plusieurs collaborateurs de Mediapart et de nos partenaires De Standaard et PPLAAF, auprès d’un procureur général de Kinshasa, lui demandant de « diligenter une commission rogatoire auprès des juridictions belge et française vu qu’il y a péril en la demeure ».
Nous nous sommes heurtés, à la fin de notre enquête, à un mur du silence. Joseph Kabila, Francis Selemani, Gloria Mteyu, la BGFI et la Banque centrale du Congo n’ont pas répondu à nos questions, tout comme la majorité des protagonistes de cette affaire (lire notre Boîte noire).
La saga Sud Oil commence en 2011, avec sa création par Pascal Kinduelo, influent homme d’affaires très proche de Joseph Kabila, qui préside le conseil d’administration de la BGFI RDC. Cette société de distribution pétrolière, dotée d’un compte à la BGFI, devient inactive dès 2012, après avoir revendu ses stations-service.
À l’été 2013, Kinduelo transfère 80 % du capital de Sud Oil à Aneth Lutale, épouse de Francis Selemani, frère de Joseph Kabila et directeur général de la BGFI RDC ; et 20 % des parts à Gloria Mteyu, sœur du président de la République et actionnaire à 40 % de la banque. La collusion avec la BGFI est totale. Le conflit d’intérêts aussi.
Les documents « Congo hold-up » montrent que c’est Selemani qui contrôlait effectivement Sud Oil, via son fidèle et discret collaborateur tanzanien David Ezekiel, bombardé gérant de la société. Il va retirer, à lui tout seul, près de 53 millions de dollars en liquide des comptes de la Sud Oil entre 2013 et 2018.
Nos documents montrent qu’il a, en parallèle, retiré 250 000 dollars d’une autre société appartenant personnellement au président Joseph Kabila. Interrogé, David Ezekiel n’a pas donné suite.
À l’automne 2013, Sud Oil lance sa première opération : l’achat de l’ancien immeuble d’ATC, un concessionnaire automobile appartenant à Philippe de Moerloose, riche homme d’affaires belge proche de Joseph Kabila, qui l’avait acheté deux ans plus tôt à son propre groupe. L’ensemble immobilier est situé au 43 avenue Tombalbaye à Gombe, quartier le plus chic de Kinshasa.
Plusieurs courriels montrent que Francis Selemani semble négocier la vente avec Philippe de Moerloose pour le compte de Sud Oil, alors qu’il n’a officiellement aucune fonction dans la société. « Cher Francis […], sois sûr que nous allons conclure ce deal et que je n’ai aucun problème, parce que je te fais confiance. C’est le plus important », lui écrit l’homme d’affaires belge le 14 octobre 2013.
Moerloose réclame 12 millions de dollars, à payer sur son compte suisse à la banque UBS de Genève : 5 millions tout de suite et le solde échelonné sur un an. Sud Oil n’a pourtant, à ce moment-là, qu’un peu plus de 100 000 dollars sur son compte. Mais pour Francis Selemani, frère du président de la République, ce n’est pas un problème.
Le 25 novembre 2013, jour de la vente, la Banque centrale du Congo vire 5,5 millions de dollars sur le compte de Sud Oil à la BGFI (notre document ci-dessous). Les 7 millions restants sont financés par une garantie bancaire octroyée par la filiale française de la BGFI, sous forme de douze traites mensuelles que Sud Oil doit rembourser. La société a scrupuleusement honoré ses engagements, grâce à de mystérieux dépôts d’argent liquide effectués avant chaque échéance.
Philippe de Moerloose nous a répondu que ses « échanges avec M. Selemani concernaient » uniquement la « garantie de paiement » octroyée par la BGFI « et non pas la transaction immobilière ». Il ajoute avoir « à l’époque exigé une copie du registre des actionnaires » de Sud Oil, et que le document qui lui a été présenté « ne renseignait aucun membre de la famille Kabila ».
Début 2014, Sud Oil déménage son siège social dans l’ancien garage racheté à Moerloose. Selon plusieurs témoins, la société n’avait aucun salarié sur place, pas même un bureau pour son gérant David Ezekiel, l’homme de main de Selemani. « Il venait de temps en temps, mais pour régler les affaires et les problèmes liés à l’immeuble », indique l’un de nos témoins.
Officiellement, Sud Oil est toujours une société pétrolière, mais nous n’avons pas trouvé de trace de son activité dans ce domaine. L’entreprise n’est pas enregistrée comme contribuable auprès du ministère des finances et ne paye donc aucun impôt.
Bref, Sud Oil est une société fantôme. Une machine à cash au service de la famille Kabila.
L’une des rares activités économiques de Sud Oil semble avoir été menée… avec la BGFI. En avril 2014, elle loue une partie du garage qui lui sert de siège social à la banque, pour y entreposer ses archives. Sud Oil et l’une de ses sociétés satellites vont par la suite louer trois autres biens immobiliers à la BGFI et encaisser au total 784 000 dollars de loyers.
La BGFI a aussi versé à Sud Oil 934 000 dollars pour acheter des voitures de fonction, dont 145 000 dollars pour celles du directeur général Francis Selemani et du président du conseil Pascal Kinduelo – somme énorme pour seulement deux véhicules. Or, nous n’avons trouvé que 276 000 dollars de paiements libellés comme des achats de voitures dans les relevés bancaires de Sud Oil.
En cette année 2014, la grande affaire de Francis Selemani est Kwanza Capital, une nouvelle société détenue à 80 % par Pascal Kinduelo et à 20 % par Sud Oil. Mais elle est en réalité contrôlée par le patron de la BGFI. Avec à la clé un nouveau conflit d’intérêts, puisque Kwanza est une société concurrente de la banque.
Comme l’a déjà révélé dans un rapport l’ONG The Sentry, partenaire du projet « Congo hold-up », Kwanza Capital était la banque d’investissement secrète de la famille Kabila. Elle a obtenu de la Banque centrale le statut d’« institution financière spécialisée », jusqu’ici réservé à une poignée d’institutions publiques.
Sud Oil a financé Kwanza à hauteur de 23 millions de dollars, en grande partie grâce à de l’argent public détourné. La première opération sur le compte de Kwanza à la BGFI, le 27 août 2014, est un virement de 5 millions de Sud Oil, financé grâce à un transfert du même montant effectué le même jour par… la Banque centrale du Congo.
Kwanza a ainsi pu se lancer dans les prêts d’argent, auprès de sociétés d’État ou contrôlées par des proches du président Kabila. Kwanza a prêté 24 millions de dollars à la SCTP, entreprise publique chargée des ports et du transport fluvial, pour un profit de 1,3 million. Le second prêt a été octroyé à MW Afritec, une entreprise de BTP contrôlée par le duo d’hommes d’affaires Alain Wan et Marc Piedbœuf, pour un profit de 381 000 dollars.
Kwanza semble aussi avoir servi de blanchisseuse. Le 19 novembre 2014, Sud Oil reçoit 3 millions de dollars de la société Égal, gérée notamment par Wan et Piedbœuf, qui les a obtenus de la Banque centrale. Le même jour, Sud Oil transfère les fonds sur le compte de Kwanza, où l’argent est retiré en liquide.
Kwanza a aussi tenté, finalement sans succès, de racheter deux banques congolaises : la BIAC et la BCDC, cette dernière étant contrôlée à l’époque par le célèbre milliardaire belge George Forrest, très actif en RDC.
Le projet était pour le moins sulfureux : permettre à la famille du président Kabila de posséder une banque, en plus de la gestion de fait qu’elle exerçait déjà sur la BGFI RDC, aurait représenté un risque élevé de fraude et de blanchiment.
Malgré cela, Kwanza Capital a reçu le soutien, dans sa tentative de rachat de la BCDC, du prestigieux cabinet d’avocats d’affaires parisien Orrick Rambaud Martel, dirigé à l’époque par l’avocat franco-togolais Pascal Agboyibor, très introduit en RDC.
Comme l’a révélé l’ONG The Sentry, Agboyibor a directement participé aux négociations au sujet de la BCDC pour le compte de la famille Kabila. Et Kwanza a, selon les documents « Congo hold-up », versé 698 469 dollars d’honoraires à Orrick Rambaud Martel. Interrogés, le cabinet et Pascal Agboyibor n’ont pas répondu.
À la suite de ces échecs, Francis Selemani a aussi tenté de lancer une vraie banque. La société, baptisée Alliance Bank et détenue à 80 % par Kwanza, n’a jamais pu démarrer. Elle avait besoin de banques dites « correspondantes », qui effectuent pour son compte les opérations en dollars. Mais aucun établissement étranger n’a accepté de jouer ce rôle pour la banque de la famille Kabila.
L’histoire de Sud Oil a basculé en 2015, en même temps que celle du pays. La fin du second mandat de Joseph Kabila approche et la Constitution lui interdit d’en briguer un troisième. Le président doit partir après les élections prévues en décembre 2016.
Mais en janvier 2015, il fait examiner par le Parlement un projet de loi visant à repousser le scrutin. L’initiative, interprétée comme la volonté de Kabila de se maintenir illégalement au pouvoir, provoque des manifestations, réprimées dans le sang par le régime, avec plus de 40 morts le premier jour, rien qu’à Kinshasa. La crise dure plus d’un an, jusqu’à la signature d’un accord politique en décembre 2016 sur les élections – que Kabila a réussi à repousser jusqu’en décembre 2018.
C’est pendant ces deux années de crise politique, en 2015 et 2016, que Sud Oil a reçu le plus d’argent public : 66 millions de dollars, plus de 70% des sommes qu’elle a détournées des caisses de l’État. Le clan Kabila semble avoir voulu s’enrichir au plus vite, de peur que le président ne soit obligé de quitter le pouvoir fin 2016, comme le prévoyait la Constitution.
Pour remplir les caisses de Sud Oil, Francis Selemani, patron de la BGFI, a fait appel à toute l’ingéniosité de ses banquiers. À tel point qu’il est parfois difficile de savoir si les institutions publiques qui ont financé la société étaient consentantes.
Prenons le cas de la Commission nationale électorale indépendante (Ceni), organisme chargé d’organiser les élections. En 2016, elle emprunte 25 millions à la BGFI, ce qui génère 1 million de frais.
Sauf que ces frais sont prélevés deux fois par la banque le 13 mai 2016. Le second débit de 1 million de dollars, libellé « commissions de notification », est viré sur le compte de Sud Oil et retiré en cash deux jours plus tard par l’homme de main de Selemani, David Ezekiel.
Par la suite, lors d’un audit interne, un cadre de la banque a produit, pour justifier ce paiement, une facture indiquant que Sud Oil aurait vendu 751 852 litres de gasoil à la Ceni. Ce qui est étonnant, puisque le libellé de la transaction était différent et que nous n’avons pas pu trouver trace d’une activité de Sud Oil dans le pétrole.
En juillet 2016, la Ceni a viré 299 998 dollars supplémentaires à Sud Oil, en quatre versements, dont les libellés indiquent qu’il s’agissait d’achats de carburant pour avion.
La Ceni ne nous a pas répondu. Son ancien président à l’époque des faits, Corneille Nangaa, a refusé de répondre, tandis que l’ancien vice-président, Norbert Basengezi Katintima, indique n’avoir « jamais entendu parler de ce dossier ni de la société » Sud Oil.
On retrouve une combine similaire avec l’Assemblée nationale. Le 30 septembre 2016, la BGFI lui prélève des « pénalités de retard » pour 367 millions de francs congolais (375 000 dollars). L’argent est viré à Sud Oil et retiré en liquide le jour même. Interrogée, l’Assemblée nationale indique qu’elle n’a donné à la BGFI « aucun ordre de virement […] au profit de cette société ».
On retrouve le même scénario à la Société congolaise des transports et des ports (SCTP). Le 19 décembre 2015, cette entreprise publique vire 1,16 million de dollars sur un compte interne de la BGFI, avec pour libellés « remboursement impayé » et « commission de notification », ce qui suggère le paiement de frais bancaires. L’argent est en réalité viré à Sud Oil et retiré en liquide. Interrogée, la SCTP n’a pas répondu.
L’un des exemples les plus choquants concerne l’argent des routes, dont la RDC manque cruellement. Ce pays grand comme l’Europe de l’Ouest ne compte que 3 000 kilomètres de routes bitumées, 130 fois moins qu’en France. En avril dernier, la directrice du Fonds national d’entretien routier de la RDC (Foner) a estimé avoir besoin de 145 milliards de dollars pour agrandir et rénover le réseau.
Alors que le Foner crie misère, il a effectué depuis ses comptes à la BGFI 21 virements à Sud Oil et à sa filiale Kwanza entre avril 2015 et mars 2016, pour un total de 10,1 millions de dollars. Le plus gros, d’un montant de 3,1 millions, a été reçu par Kwanza le 23 janvier 2015, avec pour seul libellé « OAR/opérations », le nom d’un compte interne de la BGFI. Le 26 janvier, Kwanza vire les fonds à Sud Oil, qui les retire en cash dix jours plus tard.
Interrogé, le Foner n’a pas répondu, tout comme son directeur général à l’époque des faits, Fulgence Bamaros, qui purge actuellement une peine de trois ans de prison pour une autre affaire de détournement de fonds publics.
Le clan Kabila a même réussi à s’approprier l’argent destiné à payer les 925 Casques bleus congolais opérant dans le cadre de la Minusca, la mission de maintien de la paix des Nations unies en Centrafrique.
En janvier 2016, l’ONU décide de mettre fin à la participation de ce contingent, après des affaires de viols. En décembre 2015 puis en mars 2016, l’ONU effectue deux versements d’un total de 7,3 millions de dollars à la RDC, correspondant au dernier remboursement des frais engagés pour sa participation à la Minusca. L’argent est versé à la Mission permanente de la RDC auprès de l’ONU, sur son compte à la Citibank de New York.
Interrogée, la Mission permanente nous a indiqué que l’ambassadeur de RDC auprès de l’ONU a alors reçu « de la capitale » l’ordre de payer « les arriérés de loyer » de la Mission, puis de transférer le solde, soit 6,8 millions de dollars, à « la Banque centrale du Congo (BCC) via la BGFI Bank RDC ».
L’ambassadeur s’exécute. Le virement effectué par la Citibank, que notre partenaire The Sentry s’est procuré (voir ci-dessous), indique en effet que l’argent doit être versé sur le compte de la BCC ouvert à la BGFI. La Mission permanente précise avoir envoyé « un message officiel […] à la Banque centrale » pour la prévenir.
La BGFI a reçu les fonds le 16 mai 2016 mais les a crédités sur le compte… de Sud Oil.
La Banque centrale vient de se faire dépouiller de 6,8 millions par la société de Francis Selemani mais ne lui en tient aucunement rigueur. Le même jour, la BCC verse 7,5 millions de dollars à la société. Soit 14,3 millions d’argent public encaissés dans la même journée.
L’entreprise minière publique Gecamines, la machine à cash de la RDC, a elle aussi été mise à contribution, avec 20 millions de dollars versés à Sud Oil. Joseph Kabila est très proche du président du conseil de la Gecamines, le très influent homme d’affaires Albert Yuma, par ailleurs patron des patrons congolais et administrateur de la Banque centrale jusqu’en juillet dernier.
Le 13 juin 2016, la Gecamines effectue, depuis son compte à la BGFI, un virement de 2 millions de dollars intitulé « solde avance sur fiscalité », c’est-à-dire le paiement d’un impôt à l’État. Mais l’argent atterrit sur le compte de Sud Oil, avec un libellé différent : « solde retrait 10 millions ».
Le 31 juillet, la Gecamines vire, cette fois, la bagatelle de 15 millions de dollars à Sud Oil. Le libellé, « paiement alimentation de notre compte », suggère que l’entreprise publique et Sud Oil ne font qu’un. Comme un symbole de la kleptocratie instituée par le président Kabila.
Une dernière opération est pour le moins surprenante. Le 10 mars 2016, le directeur général de la Gecamines envoie une « instruction de paiement » à la BGFI afin de transférer 3 millions de dollars à Kwanza Capital, filiale de Sud Oil. Il ne donne aucun motif mais insiste sur « l’urgence » de l’opération. La BGFI ne respecte pas totalement l’instruction, puisqu’elle vire 2,4 millions à Kwanza et 0,6 million à Sud Oil.
Interrogés, la Gecamines et Albert Yuma n’ont pas répondu.
Mais le plus gros contributeur de la société-écran contrôlée par le frère et la sœur du chef de l’État est, de loin, la Banque centrale du Congo (BCC), dirigée jusqu’en juillet dernier par Deogratias Mutombo.
Les documents « Congo hold-up » montrent que la BCC a versé, via la BGFI, 50 millions de dollars à Sud Oil, dont 30 millions d’un coup le 29 septembre 2016, via un virement intitulé « nivellement ». Le libellé semble inexact, puisqu’un nivellement désigne d’ordinaire un versement entre deux comptes appartenant à un même client de la banque.
Interrogés, la Banque centrale et Deogratias Mutombo n’ont pas répondu.
Tout aurait pu continuer longtemps sans l’intervention d’un banquier de la BGFI RDC devenu lanceur d’alerte : Jean-Jacques Lumumba. Grâce aux documents internes qu’il a récupérés, le journal belge Le Soir révèle, en octobre 2016, une première série d’irrégularités, dont l’argent détourné des comptes de la Ceni, la commission électorale.
L’année suivante, les auditeurs du cabinet PWC, la direction du groupe BGFI au Gabon et la Banque centrale produisent des audits accablants sur la gestion de la BGFI RDC. « La somme des faiblesses décrites soumet la banque à une exposition très élevée des risques opérationnels, de contentieux, de blanchiment des capitaux et de réputation », conclut celui de la BCC.
Le 17 octobre 2017, l’ONG The Sentry publie un rapport démontrant les liens de la BGFI RDC avec le groupe Congo Futur, dirigé par un homme d’affaires libanais sous sanctions américaines pour cause de financement du parti et milice chiite Hezbollah.
Le patron de la BGFI RDC panique. Pour éviter d’être lui aussi placé sous sanctions aux États-Unis, Francis Selemani embauche un avocat américain, Erich Ferrari, qui assiste outre-Atlantique plusieurs dignitaires du régime congolais, dont le président Joseph Kabila.
Me Ferrari doit superviser un audit du cabinet KPMG destiné à blanchir la banque et son patron. Sauf que les auditeurs veulent enquêter sur trois sociétés contrôlées par Selemani, dont Sud Oil et sa filiale Kwanza Capital.
Pour Selemani, pas question de prendre un tel risque. Avec l’accord de son client, Me Ferrari parvient à convaincre KMPG de retirer ces sociétés du périmètre de son audit, en lui disant qu’il a déjà commencé à enquêter lui-même. Interrogé, l’avocat indique ne jamais avoir fait une telle démarche « de façon unilatérale », sans « l’accord de [son] client ».
La pression ne cesse de monter. Francis Selemani possède, avec son épouse, une société nommée Ascend Trust. Elle a reçu 7,4 millions de dollars de Sud Oil, dont il reste un reliquat de 3,4 millions. Il veut sortir cet argent de la banque.
En décembre 2017, Ascend vire l’argent à une autre société-écran, Horizon Congo, contrôlée par David Ezekiel, homme de confiance de Selemani et gérant de Sud Oil. Ezekiel et un autre homme de paille qu’il a recruté se chargent de retirer progressivement les fonds en liquide.
L’opération est repérée par le service d’audit interne de la BGFI, dont le rapport d’enquête est accablant : le compte d’Horizon Congo a été ouvert en violation des procédures et l’homme de paille d’Ezekiel a pu effectuer certains retraits alors qu’il n’a pas l’autorisation d’accéder au compte.
Le chef de l’audit interne, Yvon Douhore, découvre que David Ezekiel a deux signatures différentes : l’une pour Sud Oil et l’autre pour Horizon Congo. « Qu’est-ce qui peut amener une même personne à avoir différentes signatures ? Vraiment… », écrit-il à une collègue. « C’est juste inimaginable », répond-elle.
Les ennuis continuent. En avril 2018, les auditeurs de PWC s’intéressent à certaines transactions sur le compte de la Gecamines, dont l’« avance fiscale » de 2 millions de dollars qui avait été détournée au profit de Sud Oil en 2016.
Face à cette menace, la société contrôlée par Selemani se résout à rembourser l’argent. Moreau Kaghoma, directeur des opérations de BGFI RDC, se charge du nettoyage. Le 13 avril 2018, il ordonne à un informaticien de la banque de passer deux opérations antidatées. Cela nécessite de modifier directement la base de données, en court-circuitant le logiciel de gestion bancaire.
Sud Oil rembourse les 2 millions à la Gecamines, qui verse l’argent à la Banque centrale. Bien qu’effectuées en 2018, ces deux opérations sont datées du 13 juin 2016, le jour du détournement (notre document). Résultat : en lisant les relevés de compte, les auditeurs penseront que le paiement de Gecamines à Sud Oil était une simple erreur d’aiguillage, corrigée le jour même.
Contacté, Moreau Kaghoma a refusé de nous répondre sur les faits, nous renvoyant vers la BGFI.
Une semaine plus tard, le 22 avril 2018, Jeune Afrique lâche une bombe, révélant, grâce aux « Lumumba Papers », le paiement de 7,5 millions de dollars effectué par la Banque centrale à Sud Oil en mai 2016. C’est la première fois que l’existence de la société est dévoilée ainsi que les noms de ses propriétaires : la sœur du président Kabila Gloria Mteyu et l’épouse de son frère Francis Selemani, patron de la BGFI RDC.
Au Gabon, l’information inquiète le grand patron du groupe BGFI, Henri-Claude Oyima, qui se fend le lendemain d’un courriel à Selemani et à son adjoint : « Je vous prie de me confirmer si cette information est avérée et de quoi s’agit-il ? »
Cette fois, Selemani joue son poste. Deux jours plus tard, le directeur des opérations, Moreau Kaghoma, se charge à nouveau du nettoyage en passant de nouvelles opérations antidatées directement dans la base de données.
La combine est encore plus sophistiquée : Sud Oil n’a même pas besoin de rembourser !
L’objectif est de faire croire que Sud Oil a acheté 7,5 millions de dollars à la Banque Centrale en 2016. Moreau Kaghoma effectue donc un virement du même montant en francs congolais (7 milliards) de Sud Oil vers le compte de la BGFI à la Banque Centrale.
Reste à compenser ce paiement, pour que cela ne coûte rien à Sud Oil. Kaghoma effectue, depuis le même compte de la BGFI à la Banque Centrale, cinq virements à Sud Oil, pour le même total de 7 milliards de francs congolais, libellés « Cobil RDC », le nom d’une société publique de distribution de pétrole. On ignore si Cobil a réellement versé cet argent ou s’il s’agit d’un simple jeu d’écritures.
Ces nouvelles transactions sont antidatées et apparaissent donc, lorsqu’on consulte les relevés bancaires, avoir été réalisées en mai 2016, en même temps que le paiement initial de la Banque centrale à Sud Oil (notre document).
Le lendemain, 26 avril 2018, Moreau Kaghoma envoie à Selemani l’explication à servir au grand patron du groupe, Henri Claude Oyima : il s’agissait d’une « opération d’adjudication (vente de devises) organisée […] par la Banque centrale du Congo », à travers laquelle Sud Oil a acheté des dollars.
La combine fonctionne : ce détournement de fonds ne sera pas mentionné dans les audits internes diligentés par la suite. Mais cela ne suffit pas à sauver Selemani.
Le 2 mai 2018, Henri-Claude Oyima s’envole pour Kinshasa afin d’assister à un conseil d’administration de la BGFI RDC. Il y annonce le départ du directeur général. Officiellement, Selemani est « promu », à un poste non précisé, au siège du groupe à Libreville.
Ses cadres dirigeants, impliqués dans certaines transactions douteuses, restent en place, dont son adjoint Abdel Kader Diop, promu directeur général. Ils vont s’efforcer de couvrir la fraude. Et faciliter l’exfiltration des dizaines de fonds publics détournés qui sont encore sur les comptes des sociétés du réseau Sud Oil, contrôlées par leur ancien patron.
C’est le début de l’opération sauve-qui-peut. À la suite du départ de Selemani, les hommes de main du clan Kabila sont parvenus à retirer, en seulement quelques mois, 30 millions de dollars en liquide des comptes de Sud Oil et de ses satellites, alors même que ces comptes sont bloqués en raison des enquêtes internes.
Dès le 26 avril 2018, la BGFI RDC a en effet lancé un « audit des parties liées de la banque », manière pudique de qualifier les individus et sociétés de la famille Kabila qui y ont des comptes, au premier rang desquelles Sud Oil. L’enquête est dirigée par le directeur de l’audit interne, Yvon Douhore.
Dès le 11 mai 2018, le gérant de Kwanza Capital, filiale de Sud Oil, ordonne à la BGFI de virer l’intégralité des fonds d’un des comptes de la société à « divers bénéficiaires », puis de fermer le compte.
De son côté, le gérant de Sud Oil, David Ezekiel, commence à retirer du liquide. Le chef de l’audit interne découvre alors, ahuri, qu’Ezekiel ne se rend pas à la banque lui-même pour effectuer les retraits sur le compte de Sud Oil. Le cash est directement prélevé par le directeur des opérations, Moreau Kaghoma, et les signatures régularisées seulement a posteriori. « Prière d’instruire le client qu’il se présente lui-même au niveau des caisses (caisses gros paiements) pour effectuer ses opérations de retraits », ordonne Yvon Douhore. Il demande une « surveillance renforcée » sur le compte de Sud Oil.
Le 5 juin, le directeur de l’audit interne envoie son rapport préliminaire au nouveau patron de la banque, Abdel Kader Diop. Il est accablant. Plusieurs comptes des sociétés liées à la famille Kabila ont été ouverts au mépris des règles, sans exiger les documents nécessaires. Il y a aussi un « risque de non-conformité significatif » au sujet de mouvements suspects sur les comptes de Sud Oil et ses sociétés satellites, dont la « justification […] reste perfectible ».
Abdel Kader Diop fait le mort. « Aucune réaction de la part de la direction générale (DG et DGA) […]. Pourtant, il y a des éléments assez graves » dans l’audit, se plaint Yvon Douhore dans un courriel.
L’auditeur en chef comprend que la direction générale fait tout pour entraver son enquête. L’accès aux relevés bancaires de Sud Oil lui est refusé. Ses demandes de documents au directeur des opérations traînent ou restent sans réponse. Yvon Douhore s’en plaint à son chef Arnaud Nguimbi, directeur de l’audit interne du groupe BGFI au Gabon : « Excuse-moi, mais je pense que le directeur des opérations se fout de nous là. »
Le 22 juin 2018, Yvon Douhore lance l’alerte auprès d’Huguette Oyini, numéro 2 du groupe à Libreville. Il explique que le directeur des opérations ne lui répond pas et « ne vient pas au bureau depuis une semaine pour des “raisons de santé” ». Pire encore, le directeur général de BGFI RDC, Abdel Kader Diop, lui a fait « des menaces voilées ». La veille, il « a passé son temps à dénigrer les travaux des organes de contrôles » lors d’une réunion.
Le chef de l’audit interne de la BGFI RDC sait qu’il marche sur des œufs. Deux jours plus tôt, il avait envoyé à son chef Arnaud Nguimbi la « liste des clients dits sensibles », que le directeur de l’audit du groupe lui avait « demandée ». Sans plus d’explication. Dans la liste, il y a Sud Oil et quatre de ses sociétés satellites.
Cela signifie-t-il qu’il ne fallait pas enquêter trop en profondeur sur les sociétés-écrans contrôlées par le frère et la sœur du président de la République ? Douhore et Nguimbi ne nous ont pas répondu.
Que ce soit à cause de l’obstruction au travail des auditeurs ou de la « sensibilité » du dossier, le rapport final sur les « parties liées », envoyé à la direction du groupe BGFI à Libreville en juillet 2018, préserve parfaitement les intérêts de Francis Selemani et de la famille Kabila.
L’audit est accablant pour la BGFI RDC, dont le niveau de conformité est jugé tout simplement « inacceptable ». Le document pointe plusieurs opérations potentiellement irrégulières, mais sans les qualifier. Le rapport n’a identifié ou retenu aucune des opérations qui ont permis à Sud Oil de s’approprier 92 millions d’euros d’argent public.
Malgré les irrégularités, aucune sanction n’est prise par le groupe BGFI contre les dirigeants de sa filiale congolaise. Aucun signalement n’est fait à la justice. Bref, la BGFI semble avoir couvert les fraudes présumées. Interrogé à ce sujet, le PDG du groupe, Henri-Claude Oyima, n’a pas répondu.
Le laxisme est tel que malgré ce rapport d’audit, l’opération d’exfiltration des fonds du clan Kabila continue comme si de rien n’était. Alors même que ces retraits massifs mettent en péril la trésorerie de la banque.
Le 11 juillet, le gérant de Sud Oil, David Ezekiel, envoie au directeur général de la banque Abdel Kader Diop, dans la foulée de leur « échange de ce jour », un « préavis de retrait » de 15 millions de dollars en liquide sur les comptes de la société, qu’il compte effectuer en quatre fois dans la semaine à venir.
Dès le lendemain, Ezekiel retire 4 millions de dollars en cash, alors que le compte est en « blocage direction générale ». Le directeur des opérations, Moreau Kaghoma, a levé le blocage. Idem le 13 juillet pour 5 millions supplémentaires, soit 9 millions retirés en liquide en deux jours.
Le 16 juillet, le directeur de l’audit interne de la BGFI RDC informe son supérieur au Gabon que Sud Oil et Kwanza « sont dans un processus de retrait de leurs avoirs ». Le sujet est discuté le jour même au comité de trésorerie de la banque, où Kaghoma est critiqué pour avoir autorisé les retraits. Le directeur général, Abdel Kader Diop, lui ordonne dans la foulée de ne pas recommencer.
Le lendemain, Kaghoma écrit un mail explosif à Diop. « J’implore votre protection », écrit-il, rappelant au directeur général que c’est lui-même et son adjoint qui ont autorisé les retraits. « C’est par votre appel téléphonique que j’ai été informé de la présence du client au sein de la banque pour un retrait de 4 USD M », écrit-il.
« Je vous ai informé tant par mail que par téléphone que le client nous présentait un préavis de retrait pour un total de 15 USD M, poursuit-il. J’ai ajouté que compte tenu de la modicité de notre trésorerie, nous serions en mesure de ne payer que les deux premières tranches (4M et 5M). Vous avez même conclu en disant : “Ça veut dire que la semaine prochaine nous serons en cessation de paiement ?” “Si rien n’est fait, c’est le risque couru”, vous avais-je rétorqué. »
Malgré cela, le 23 juillet, David Ezekiel effectue le dernier retrait de 6 millions en liquide (notre document ci-dessous) et retire encore 742 000 dollars fin août, malgré le « blocage directeur général » du compte de Sud Oil.
Contacté, Abdel Kader Diop n’a pas répondu.
Quelques jours plus tard, c’est au tour de Kwanza Capital et de sa filiale Alliance Bank, contrôlés de facto par Selemani et Sud Oil, de vider leurs comptes. Ce qui provoque un certain émoi en interne, car l’actionnaire majoritaire de Kwanza est Pascal Kinduelo, président du conseil d’administration (PCA) de la BGFI RDC.
Le 6 septembre 2018, Alliance Bank, alors en liquidation, vire 6 millions de dollars à Kwanza, qui les transfère sur le compte à la BGFI de Kinduelo, lequel retire l’intégralité des fonds en liquide. À Libreville, le directeur de l’audit interne du groupe BGFI s’en inquiète auprès de son homologue à Kinshasa, Yvon Douhore : « Yvon, le PCA est en train de vider ses comptes ? Il faut vérifier la trésorerie de la filiale pour ne pas être surpris de cette situation. »
Le 5 novembre 2018, Abdel Kader Diop est remplacé à la direction générale de la BGFI RDC par Marlène Ngoyi. Pascal Kinduelo et plusieurs autres administrateurs sont également remerciés. La mission de la nouvelle patronne : en finir avec les scandales de l’ère Selemani et nettoyer la banque.
Pourtant, dans les mois qui suivent, David Ezekiel achève de vider le compte de Sud Oil, en retirant près de 10 millions de dollars supplémentaires en liquide. Contactée, Marlène Ngoyi n’a pas répondu.
Les derniers fonds publics détournés ont quitté la BGFI en janvier 2019, au même moment que le départ de Joseph Kabila de la présidence de la République.
Depuis sa « promotion » en mai 2018 au siège du groupe BGFI au Gabon, Francis Selemani est resté très discret. Ni lui ni la banque n’ont souhaité nous indiquer s’il travaille toujours pour la BGFI.
Le frère du président Kabila n’a, en tout cas, aucun problème d’argent. Les documents « Congo hold-up » montrent que Sud Oil a versé 12 millions de dollars à Selemani et à ses sociétés. Une partie au moins de ces fonds sont issus des 92 millions de dollars de fonds publics détournés, notamment ceux de la Banque centrale et de l’ONU.
Avec cet argent, l’ancien patron de la BGFI RDC et son épouse ont acheté, directement ou par le biais de sociétés et de trusts, pas moins de 17 biens immobiliers aux États-Unis et en Afrique du Sud, pour un total de 6,6 millions de dollars.
Certains de ces virements ont été maquillés par la BGFI. En juin 2017, Sud Oil a ainsi effectué deux transferts pour un total de 2,2 millions de dollars à Garvelli, une société sud-africaine de Selemani, alors que les bordereaux de transfert émis par la banque indiquent que les fonds proviennent de MW Afritec, société de travaux publics de Marc Piedbœuf et Alain Wan.
Et en 2015, l’un des trusts de Selemani, SunTrust, percevait près d’un million de dollars, officiellement issus de son compte personnel à la BGFI RDC. Nos documents montrent que ces fonds ont en réalité été versés depuis un compte interne de la banque et que celui de Selemani n’a pas été débité. Ce transfert lui a permis d’acheter sa première propriété à l’étranger, une maison dans une banlieue cossue de Washington D.C.
Il s’agit du comté de Montgomery, dans le Maryland, où les prix de l’immobilier sont parmi les plus élevés des États-Unis. Selemani y possède quatre maisons de standing à trois ou quatre chambres, achetées entre 670 000 et 1,3 million de dollars chacune.
Le frère du président voulait manifestement assurer ses arrières. À partir de 2016, il semble avoir tenté d’obtenir la résidence ou la citoyenneté dans trois pays étrangers. Il a investi dans des affaires en Afrique du Sud, ce qui offrirait à sa famille le droit d’y vivre. En juillet 2017, il a transféré 40 000 dollars pour tenter de devenir citoyen de Grenade, pays et île des Antilles, dont le passeport permet, dans certaines conditions, de vivre aux États-Unis.
On ignore si Gloria Mteyu, sœur de Joseph Kabila et ancienne actionnaire de Sud Oil, a, elle aussi, coupé les ponts avec la BGFI RDC, dont elle avait obtenu 40 % du capital gratuitement en 2010. Des sources internes nous ont indiqué que la maison mère du groupe posséderait désormais 100 % des parts de la filiale congolaise. Nous n’avons pas pu le vérifier : jointe par téléphone, Gloria Mteyu a refusé de nous répondre.
Préoccupé par l’évolution de la situation dans le nord de l’Éthiopie et ses conséquences humanitaires, le président en exercice de l’Union africaine, Félix Tshisekedi Tshisekedi a décidé de dépêcher une mission d’information à Addis-Abeba.
Dirigée par le vice-premier ministre, ministre congolais des affaires étrangères, Christophe Lutundula Apala, cette mission a pour objectif de soutenir les efforts de médiation déjà entrepris au nom de l’Union africaine par l’ancien président du Nigeria, Olusegun Obasanjo ainsi qu’à ceux du président du Kenya, Uhuru Kenyatta.
Saluant le travail statutaire louable accompli par le conseil de paix et sécurité de l’Union africaine pour la restauration de la paix en Ethiopie, le président en exercice de l’Union africaine a appelé les parties impliquées dans ce conflit à privilégier le dialogue afin de restaurer la paix et la réconciliation nationale.
Par ailleurs, Félix Tshisekedi a tenu à rappeler les principes sacro-saint inscrits dans l’acte constitutif et les autres instruments juridiques pertinents de l’Union africaine notamment, la préservation de la souveraineté de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de la République Fédérale démocratique d’Éthiopie, et la condamnation par l’Union africaine de toute tentative visant au changement anticonstitutionnel d’un gouvernement.
La guerre civile suite à un conflit meurtrier opposant des rebelles originaires de la région du Tigré, dans le nord du pays, au pouvoir central d’Addis-Abeba, la capitale, a laissé une crise humanitaire dans son sillage. Au moins 400 000 personnes sont confrontées à des conditions proches de la famine dans le nord, 80 % des médicaments essentiels ne sont pas disponibles et plus de deux millions de personnes ont été contraintes de quitter leur foyer.
Carmel NDEO
Plus de 60 gouvernements se réunissent pour lancer les programmes de repas scolaires et aider à ré-ouvrir les écoles à travers le monde. Le président français Emmanuel Macron, le président Felix-Antoine Tshisekedi de la République démocratique du Congo, en sa qualité de président de l’Union africaine, le ministre finlandais pour la Coopération au développement et du Commerce extérieur, Ville Skinnari, et le directeur exécutif du Programme mondial alimentaire, David Beasley, ont participé aujourd’hui, à la célébration du lancement de la Coalition pour les repas scolaires durant une cérémonie tenue en ligne.
La nouvelle coalition mondiale veut s’assurer que chaque enfant ait l’opportunité de recevoir un repas sain et nutritif à l’école d’ici 2030, en aidant les pays membres à mettre en oeuvre des programmes de repas scolaires nationaux efficaces. Plus de 60 pays et 50 autres partenaires venant d’universités, de groupes de réflexion, d’ONG et d’agences des Nations unies ont adhéré à la Coalition pour les repas scolaires, dont le travail s’étendra jusqu’en 2030.
La Coalition pour les repas scolaires a été lancée à un moment de grand péril pour beaucoup d’enfants dans le monde. La pandémie de la COVID-19 a en effet touché les “écoles à travers le monde, et beaucoup d’entre elles demeurent fermées. Au moment le plus fort de la pandémie, en avril 2020, les fermetures d’écoles ont fait que 370 millions d’enfants n’ont pas pu assister à leurs classes et n’ont pas pu recevoir le repas quotidien sur lequel ils pouvaient compter avant la pandémie. Ceci a eu un impact dévastateur sur l’éducation des enfants, surtout les plus pauvres, et par conséquent, leurs chances dans la vie. Ré-ouvrir les écoles en toute sécurité est crucial et apporter des repas scolaires nutritifs est parmi l’un des moyens les plus efficaces d’attirer les enfants à l’école et de les y retenir.
Au cours de son allocution à la cérémonie de lancement, le président français Emmanuel Macron a déclaré: “Notre objectif est de fournir à tous nos enfants d’ici 2030, les repas dont ils ont besoin pour apprendre et grandir bien à l’école…Je suis très heureux aujourd’hui d’annoncer le lancement de la Coalition pour les repas scolaires. Cette Coalition avec le PAM est essentielle. Alors Rejoignez-nous! “
Plus de quinze ans de recherche ont démontré que les programmes de repas scolaires renforcent la nutrition des enfants, leur apprentissage, leur bien-être à long terme et leur santé. Les programmes contribuent à l’égalité de genre en aidant les filles à étudier et à obtenir leur diplôme, et peuvent servir de tremplin pour la transformation du système alimentaire, ce qui soutient l’agriculture locale et rend les communautés plus résilientes.
En rejoignant la Coalition pour les repas scolaires, l’Union africaine a renforcé sa volonté politique d’étendre les programmes locaux de repas scolaires.
Felix-Antoine Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo et président de l’Union africaine en 2021, a déclaré : « Les programmes de repas scolaires sont une contribution significative à la promotion d’une éducation inclusive et de qualité, ainsi qu’à des résultats positifs en matière de nutrition, de santé et d’agriculture. Les avantages des programmes de repas scolaires impliquent le développement du capital humain, la construction d’un avenir plus avantageux pour l’Afrique et le monde, la production agricole, l’emploi local et les marchés. »
La Finlande gère l’un des programmes de repas scolaires les plus brillants au monde. Celui-ci a commencé en 1948, et les repas scolaires sont gratuits pour tous les enfants âgés de 6 à 16 ans.
Ville Skinnari, Ville Skinnari, ministre finlandais de la coopération au développement et du commerce extérieur, a déclaré : « Les programmes de repas scolaires signifient beaucoup plus que seulement fournir de la nourriture. Ils peuvent transformer des vies et des communautés, soutenir l’agriculture locale, promouvoir l’égalité de genre et enseigner aux enfants comment s’alimenter d’une meilleure manière, créant ainsi des habitudes qu’ils peuvent conserver pendant toute leur vie. Ils jouent un rôle essentiel pour convaincre les enfants, plus particulièrement les filles, à venir à l’école et les y retenir ».
David Beasley, directeur général du Programme alimentaire mondial, qui organise le programme de repas scolaires, a déclaré : « En seulement quelques mois, 60 gouvernements et 50 organisations autour du monde se sont mis d’accord pour soutenir le plan ambitieux de la Coalition qui veille à ce que chaque enfant puisse avoir des repas scolaires sains d’ici 2030. La pandémie de la COVID-19 a détruit une décennie de progrès réalisés, concernant l’accès aux repas scolaires des enfants les plus vulnérables du monde. C’est notre chance de nous remettre sur la bonne voie ».
La Coalition pour les repas scolaires contribuera à ce que les pays partenaires intensifient leurs programmes de repas scolaires, pendant qu’ils surmontent les obstacles et les retards. Certaines initiatives de la Coalition pour les repas scolaires ont déjà été présentées cette année-ci, lesquelles ont pour objectif d’aider les gouvernements à élargir et à améliorer leurs programmes de repas scolaires. Ces initiatives impliquent :
— Un consortium de recherche : celui-ci est dirigé par l’École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres, et établira un programme de recherche sur dix ans pour montrer l’impact des repas scolaires. Les résultats seront largement diffusés pour soutenir la prise de décisions et améliorer l’étendue et la qualité des programmes.
— Un groupe de travail multisectoriel pour le financement de la santé et l’alimentation en milieu scolaire : Le groupe de travail a été créé sous la direction du Forum mondial sur l’éducation pour améliorer l’organisation des donateurs, l’efficacité des accords de financement mis en place en ce moment, aider les pays à augmenter leur capacité fiscale grâce à des solutions innovantes, et contribuer à mobiliser les ressources.
Don Bundy, professeur d’épidémiologie et de développement à l’École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres, a déclaré : « Des menus conçus correctement à l’école peuvent aider à créer des comportements alimentaires qui évitent l’obésité et réduisent le risque de maladies cardiovasculaires et d’autres maladies non transmissibles plus tard dans la vie. »
Liesbet Steer, directrice exécutive de la Commission de l’éducation, a déclaré : « Les enfants en bonne santé non seulement participent aux activités scolaires mais ils sont aussi, beaucoup plus performants. Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, chaque dollar investi dans l’alimentation scolaire signifie 9 dollars en retour social, car les enfants éduqués et en bonne santé seront des adultes plus productifs. »
Son Excellence le Dr Tariq Al Gurg, PDG de Dubai Cares, a déclaré : « Une approche holistique de l’éducation est l’un des facteurs les plus importants pour le développement à long terme des enfants. C’est pourquoi, guidés par cette conviction, nous avons donné la plus grande importance à la santé et à l’alimentation dans les écoles, et c’est un des piliers fondamentaux pour atteindre l’objectif de développement durable 4. »
Dépêche PAM
En mars 2022, les 10 sélections africaines qui sont sorties premières de leur poule se rencontreront en match de barrages, aller et retour. Pour le tirage au sort, les 10 sélections barragistes seront réparties en 2 chapeaux : les 5 premiers sur le classement FIFA seront sur le chapeau 1 et les 5 qui suivent sur le chapeau 2.
Dans le chapeau 1 :
Sénégal (1er groupe H)
Maroc (1er groupe I)
Nigéria (1er groupe C)
Algérie (1er groupe A)
Tunisie (1er groupe B)
Dans le chapeau 2 :
Cameroun (1er groupe D)
Mali (1er groupe E)
Egypte (1er groupe F)
Ghana (1er groupe G)
RD Congo (1er groupe J)
Les tirages au sort des matchs de barrage auront lieu le 18 décembre prochain.
sene.news/CC